Suicide d'un marin originaire de Saône-et-Loire : un an de prison est requis contre un ancien commandant de la Marine nationale

Le procès d' Eric Delepoulle, aujourd'hui promu capitaine de vaisseau à l'état-major, s'est tenu lundi 18 novembre 2013 devant le tribunal correctionnel de Marseille. C'était une première dans l'histoire de la Marine nationale. 




Le rappel des faits

L'officier supérieur Eric Delepoulle est accusé par la famille de Sébastien Wanké, d'avoir poussé au suicide ce jeune homme de 32 ans, originaire de Buxy, en Saône-et-Loire. Les faits remontent à l’année 2010. Sébastien Wanké servait alors sous les ordres du commandant, en tant que majordome, à bord de la frégate La Fayette.

Selon les témoignages concordants de nombreux membres de l’équipage, « il était devenu la bonne à tout faire du commandant » et « a été poussé à bout ». Le jeune homme s’est pendu le 15 juin dans sa cabine, au large de la Sicile, trois jours avant de retourner à Toulon, son port d’attache.
Eric Delepoulle a été mis en examen en août 2010, après une plainte contre X pour « délits de harcèlement moral et provocation au suicide » par les proches du jeune homme.

A l'époque, l'avocat du commandant mis en cause avait affirmé : "mon client conteste formellement les accusations". Selon lui, son client avait au contraire "amélioré la notation" du marin et était "effondré quand il avait constaté son suicide". "On pense que le sous-officier a craqué nerveusement après huit mois de campagnes difficiles dans l'océan Indien", consacrées notamment à la lutte contre la piraterie, a ajouté l'avocat.


Le procès s'est ouvert lundi 18 novembre 2013


Dès le début de l'audience, la présidente du tribunal Lucie Chapuis-Bérard a fait remarquer à Eric Delepoulle, 43 ans, qu’il portait une tenue de civil, ce qui est contraire aux "principes".

Après avoir nié avoir eu connaissance de la mauvaise ambiance à bord lors de l'instruction, le capitaine de vaisseau a tempéré sa position. "Retracer l'ambiance sur 18 mois en disant qu'elle a été un long fleuve tranquille (...) ne reflète pas la stricte vérité", euphémise-t-il à la barre, tout en affirmant avoir été "très content (des) services" du second maître Wanké.

Pour le magistrat instructeur, "il était manifeste que le défunt était à bout, physiquement comme nerveusement", et que "le coup de grâce final est venu de la notation de mai-juin 2010, (qui) a probablement été le déclencheur du passage à l'acte". Quelques jours avant son suicide, la victime avait reçu une note correcte, mais assortie d'une appréciation catastrophique, pointant "son absence d'investissement" et le décrivant comme "un maître d'hôtel désabusé". 


Reportage de France 3 Marseille avec :
  • Martine Wanké
  • Capitaine de vaisseau Eric Delepoulle, prévenu
  • Jean-François Giorgetti

Ce qu'il faut retenir de l'audience 

Cette affaire est "le révélateur d'un système de commandement archaïque, rétrograde" a plaidé l'avocat de la famille Jean-Jacques Rinck. Il a souhaité "replacer le drame dans son contexte", celui "d'une frégate furtive, véritable sous-marin de surface" avec "153 membres d'équipage vivant en huis-clos" : Un lieu où "'tout se dit, tout se sait". "Il était le seul de toute la flotte à ne pas savoir" que l'ambiance était détestable, a ironisé l'avocat.

L’avocat du prévenu, Me Pierre-André Watchi-Fournier, a plaidé la relaxe de son client. Il a considéré que celui-ci avait été "séparé de sa base". Il a aussi mis en cause le commandant en second et son comportement "pervers" dans la détérioration de l'ambiance à bord.

Le vice-procureur Emmanuel Merlin a requis un an d'emprisonnement, "éventuellement assorti de sursis" et 6.000 euros d'amende. Il a regretté que les peines maximales prévues par le code pénal "ne semblent pas faire justice à ce qui s'est passé". Les faits reprochés datant de 2010, il encourt un an de prison et 15 000 euros d'amende. Depuis, la loi a été modifiée et a porté la peine encourue pour des faits similaires à 2 ans et 30 000 euros d'amende.

Eric Delepoulle est aussi poursuivi pour des faits similaires à l'encontre d'un autre marin, également partie civile, le maître Olivier Berger, chef de cuisine, qui a développé un psoriasis.
L’affaire a été mise en délibéré au lundi 20 janvier 2014.






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