1er jour du procès Adoma : suivez en direct les temps forts de l'audience à Dijon

Le procès des deux auteurs présumés de l'incendie du foyer Adoma de la Fontaine d'Ouche à Dijon s'est ouvert ce mardi 3 décembre 2013 devant les assises de Côte-d'Or. Il devrait durer près de trois semaines.

Deux jeunes hommes comparaissent depuis aujourd'hui et jusqu'au 19 décembre devant les assises de Côte-d'Or pour l'incendie du foyer Adoma de la Fontaine-d'Ouche qui avait coûté la vie à sept résidents le 14 novembre 2010. Cette nuit-là, Nicolas Dos Reis et Rémi Kukulinski sont accusés d'avoir mis le feu à une poubelle, dans un appentis attenant à cette résidence sociale. Les flammes, rabattues par un vent violent, avaient alors embrasé la façade. Les fumées toxiques avaient envahi les couloirs.

Avant le début des débats, Me Alexis Janier, l'avocat de Nicolas Dos Reis, nous confiait: "mon client se prend une réalité en pleine figure. Il ne se rend pas du tout compte de ce qui l'attend. Ils sont partis d'une bêtise ils n'imaginaient pas en arriver là."

9h10 : l'audience commence

Le procès a débuté sous la présidence de Philippe Theurey par la constitution du jury, puis les constitutions de parties civiles. Cette dernière séquence était longue car l'incendie a fait 192 victimes physiques, morales et/ou matérielles. C'est le nombre de personnes qui logeaient au moment des faits dans le foyer. Une quarantaine d'entre elles sont présentes à l'audience.

 



11h30 : le président du tribunal rappelle les faits


Philippe Theurey a donné lecture des faits de cette nuit-là, de l'enquête et de l'instruction. Il a rappelé que Nicolas Dos Reis et Rémi Kukulinski ont été les premiers à donner l'alerte à 1h30 du matin par quatre coups de fils depuis leurs mobiles. Ils ont affirmé avoir découvert le feu de poubelle alors qu'ils rentraient au foyer. Nicolas Dos Reis y logeait depuis six mois. Il hébergeait son cousin, Rémi Kukulinski, depuis quelques jours. Ils ont affirmé avoir voulu porter secours aux personnes qui dormaient mais les fumées les en avaient empêchés.

Mais très vite les enquêteurs ont eu des soupçons sur ces deux témoins. Ils avaient des antécédents: un feu de poubelle à Précy-sous-Thil en 2009 et un autre 48 heures avant le drame à Semur-en-Auxois. La mère de Nicolas Dos Reis avait d'ailleurs spontanément appelé la police. Sa mère avait déclaré : "Dès que j'ai vu les informations à la télé, j'ai pensé à mon fils et à mon neveu". Enfin, un témoin, habitant près du foyer Adoma, a déclaré avoir vu deux jeunes d'une vingtaine d'années, dont l'un portant une capuche, près du local poubelle à 1H15 du matin.



Au cours de la garde à vue puis de l'instruction, les deux cousins n'ont cessé de se rejeter la responsabilité de la mise à feu.




Deux jours après, les deux hommes sont interpellés: Nicolas Dos Reis au domicile de son père; Rémi Kukulinski, au centre hospitalier psychiatrique de la Charteuse à Dijon. Au cours de la garde à vue puis de l'instruction, les deux cousins n'ont cessé de se rejeter la responsabilité de la mise à feu. Ils étaient tous deux porteurs d'un briquet. Rémi Kukulinski affirme que son cousin aurait eu cette idée à la suite d'un différend avec un de ses voisins maghrébins. Auparavant, dans la chambre, Nicolas Dos Reis aurait tenu des propos racistes et mis le feu à un exemplaire du Coran avant de le jeter par la fenêtre.

Scénario que dément formellement Nicolas Dos Reis. Selon lui, Rémi Kukulinski aurait mis le feu à cette poubelle car il était énervé par une dispute avec sa petite amie et une remontrance d'un des voisins à propos du bruit. Il aurait alors tenu des propos racistes. C'est en sortant pour se calmer que Rémi Kukulinski aurait incendié la poubelle, selon Nicolas Dos Reis. Au vue de l'ampleur des flammes, ils ont appelé les secours après s'être débarrassé dans un buisson à proximité du foyer d'une matraque, d'un opinel et de deux briquets.


Les deux accusés ont passé toute la matinée à regarder par terre ou dans le vague. L'un deux, Rémi Kukulinski, est méconnaissable physiquement tant il a pris du poids depuis l'époque des faits.


14H30 : la séance reprend avec un point sur l'état de santé de Rémi Kukulinski

L'audience reprend devant une salle quasiment vide. Avant de procéder aux premiers témoignages, le président du tribunal évoque le rapport d'un médecin qui a examiné l'accusé à la maison d'arrêt de Dijon il y a une dizaine de jours. Cette praticienne a relevé que Rémi Kukulinski a pris 60 kg, qu'il se montre très ralenti, qu'il prend de fortes doses de médicaments pour calmer son anxiété. Mais que son traitement ne l'empêche pas de suivre les débats bien qu'il puisse être fatigué par un long procès. Philippe Theurey l'interroge sur sa "somnolence".



"Nous avons le souci que vous puissiez suivre le procès", rappelle le magistrat.

15h: les enquêteurs témoignent


Le chargé de l'enquête à la PJ de Dijon rappelle les grandes lignes des investigations et des auditions. L'enquêteur explique que les deux accusés ont rapidement reconnu être impliqués dans l'incendie du foyer mais en incriminant l'autre quant à l'idée de mettre le feu et au passage à l'acte. Il décrit également les deux hommes. Rémi Kukulinski a une fragilité psychologique. Pendant la garde à vue, il pleure, se recroqueville sur lui-même. Nicolas Dos Reis semble plus détaché par rapport aux faits. Les proches décrivent le premier comme paresseux, pouvant faire du tort à sa famille et ayant coupé les ponts avec ses parents; le second, comme influençable, peu bavard et ayant des problèmes relationnels avec sa mère. Leur famille ne voulait pas qu'ils se voient.



Tous les membres de la famille étaient unanimes : "dès qu'ils étaient ensemble, ils commettaient des infractions."



Selon ce policier, les cousins sont complémentaires dans leurs actes de délinquance. Le lien qui les unit est à prendre à considération. Il pense en revanche qu'ils ont été dépassés par la propagation des flammes, qu'ils n'imaginaient pas que leur geste aurait de telles conséquences. Pour preuve, ils ont alerté les secours très vite. Leur motivation est difficile à cerner si ce n'est un certain plaisir à mettre le feu et appeler ensuite les pompiers. Enfin, il a constaté que la réglementation en matière de sécurité incendie était scrupuleusement observé. Autre conclusion, l'isolant thermique à base de polystyrène expansé posé en façade en 1987 remplissait les conditions de sécurité de son époque. Son homologue de la direction départementale de sécurité publique a abondé dans son sens sur les premières constatations au moment des faits.

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17h30 : les pompiers sont cités à la barre


Le commandant des pompiers qui était l'officier en charge des secours sur l'agglomération dijonnaise témoigne. Un premier engin est appelé initialement pour un feu de poubelle. Mais le nombre important d'appels reçus met la puce à l'oreille aux hommes du feu. Des renforts sont rapidement dépêchés pour atteindre une centaine de pompiers.

Il régnait à l'intérieur du bâtiment une panique généralisée.



La première équipe sur place découvrent une première victime qui s'est défenestrée avant même son arrivée. A l'intérieur, il règne une panique généralisée. Des résidents sont piégés dans des couloirs et des escaliers envahis de fumées hautement toxiques et sans aucune visibilité en raison de la suie. Les pompiers ont évacué les 141 personnes présentes dont les 7 décédés et ont exploré les moindres recoins de la résidence jusqu'à 5 h du matin pour être sûr de n'avoir oublié personne. Les victimes asphyxiées ont été retrouvées dans l'ascenseur, dans leurs chambres ou dans les couloirs. Les résidents qui sont restés calfeutrés chez eux ont été retrouvés en parfaite santé alors même que leur porte de logement était calcinée.

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18h30 : l'audience est suspendue. Les débats reprendront demain à 9h.


Reportage de Pauline Ringenbach et Jean-François Guilmard avec :

  • Alexis Janier, avocat de Nicolas Dos Reis
  • Samuel Estève, avocat de Rémi Kukulinski
  • Mustapha, partie civile
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