10e jour du procès Adoma : 15 ans de réclusion criminelle pour les deux incendiaires

Mercredi 18 décembre 2013, l'avocat général avait requis 20 ans de prison pour les incendiaires du foyer. Le verdict est tombé à 18h45 : ce sera 15 ans. La cour a demandé une peine de sûreté des 2/3 et une obligation de suivi socio-judiciaire pour les 2 cousins. La défense envisage de faire appel.

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9h15 : l'audience est ouverte

Pascal Labonne-Collin commence son réquisitoire :

"Deux semaines de débats, 10h30 de plaidoiries des parties civiles, c'est à la hauteur du désastre", s'exclame l'avocat général.


"Je représente dans ce dossier, dans ce procès, la société toute entière (...) les victimes de ce drame font entièrement partie de celle-ci", poursuit-il.

Je ne dirais pas comme votre grand-mère que vous êtes deux abrutis, car c'est insultant, mais aussi, parce que cela est de nature à vous dédouaner!

 

"Vous êtes responsables de vos actes. Vous êtes deux hommes et vous reconnaître en tant qu'homme c'est pouvoir vous juger coupable de vos actes."


Pascal Labonne-Collin énonce ensuite les noms et les âges des sept hommes décédés dans l'incendie. Il souhaite ainsi marquer les esprits des deux accusés une dernière fois. 

Le témoignage de ces victimes ne vous a même pas arraché une larme, s'écrit-t-il.





"Vous n'avez aucun égard envers elles parce que vous ne dites pas la vérité alors que ces victimes l'attendent depuis trois ans. Trois ans qu'elles attentent le pourquoi (...)", insiste l'avocat général.


L'avocat général démontre que les deux accusés auraient pu empêcher le chaos. Il rappelle à Rémi Kukulinski et à Nicolas Dos Reis, qu'en voyant la poubelle flamber, ils auraient pu la retirer du local. "Vous avez préféré, à ce moment là, aller cacher vos briquets dans un buisson (...) parce qu'il ne fallait pas qu'on vous prenne avec ça dans la poche!"

Il n'y a que vous et votre petite personne qui vous intéressent Messieurs, enchérit l'avocat général.

 

"Votre mobile Monsieur Kukulinski : c'est le plaisir, la transgression! Voilà pourquoi ces personnes sont mortes (...)" s'indigne Pascal Labonne-Collin.

"Monsieur Dos Reis je vous regarde depuis deux semaines. Vous êtes vide (...) la seule chose qui vous intéresse dans ce procès, c'est qu'elle sera l'addition!"

Après une heure de réquisitions l'avocat général requiert 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre des deux accusés.


Il demande également une peine de sûreté des deux tiers et un suivi socio-judiciaire de 10 ans.
 

10h30 : Me Olivia Colomes, avocate de Nicolas Dos Reis commence à plaider

Maître Olivia Colomes, avocate de Nicolas Dos Reis, commence sa plaidoirie en citant Pascal : "Si j'avais le coeur aussi pauvre que l'esprit je serais bien heureux."

Mais voilà, Nicolas Dos Reis n'a pas le coeur pauvre, affirme t-elle. 


"Ce jeune homme n'a pas le bagage, le vocabulaire nécessaire pour exprimer ses sentiments aux victimes.
Nicolas voudrait donner aux victimes ce qu'elles attendent, mais il n'en a pas les moyens (...)", 
ajoute Me Colomes.

"Avaient-ils conscience qu'en mettant le feu à cette poubelle ils allaient tuer? Bien sur que non!" 


L'avocate de Nicolas Dos Reis explique alors, que selon elle, ces deux jeunes, âgés de 18 et 19 ans, n'avaient pas les connaissances requises pour imaginer de telles conséquences. 

Ils n'avaient pas l'intention de tuer, affirme Olivia Colomes.


L'avocate poursuit en reprenant les propos utilisés par l'un de ses confrères hier : "Je ne dirais pas que ce sont des imbéciles mais plutôt des inconscients", précise t-elle.

Olivia Colomes conclut sa plaidoirie : 

"Une grosse bêtise a provoqué un drame, un drame que vous allez qualifier de crime.

10h50 : Maître Alexis Janier s'adresse à la Cour

 

"Pourquoi cherchons-nous dans le passé de ces personnes, non pas pour faire pitié ou tenter d'amoindrir la peine, mais tout simplement pour comprendre!"


Me Alexis Janier s'adresse de manière très vive à la Cour. "On s'aperçoit qu'en fait, la nature fait les hommes égaux mais c'est la vie qui fait la différence entre les hommes (...)" L'avocat ajoute que la personnalité de son client n'est pas étrangère à ce dossier. "Tout le monde ne met pas le feu à des poubelles", dit-il. (...)

L'avocat revient sur les versions différentes données par les deux accusés. 

On aurait tous aimé qu'ils nous disent la même chose, qu'ils nous disent ce qu'il s'est passé ce soir là, mais on ne le saura pas! 


Me Alexis Janier tente maintenant de faire comprendre aux jurés, que son client, Nicolas Dos Reis, a nié toute responsabilité dans cet incendie pendant deux ans par immaturité. "Il a fallu qu'il regarde la vérité en face du haut de ses 18 ans (...)" 

L'avocat de Nicolas Dos Reis interpelle maintenant les jurés, le président de la Cour et ses deux assesseurs, sur leur état d'esprit:

La justice les regarde avec compassion ou avec mépris aujourd'hui? L'humanité est le fil directeur de notre justice (...) 


"La justice doit leur permettre un reclassement. Le justice telle qu'elle figure dans le code pénal ne va pas forcément vous aider à fixer sa peine. Ce code ne vous donne que des indications. Il faudra donc écouter votre coeur", déclare Me Janier.

Il faut aussi avoir à l'esprit qu'au delà des deux accusés il y a d'autres paramètres et beaucoup de négligence (...) Il faudra vous en souvenir en plaçant le curseur, implore Me Janier.


11h30 l'audience est suspendue jusqu'à 13h30. Les débats reprendront avec les plaidoiries des avocats de Rémi Kukulinski.

13h30 : l'audience reprend. Les avocats de Rémi Kukulinski plaident

Maître Séverine Beuchet plaide en premier pour son client : "C'est une affaire humainement difficile que vous avez à juger aujourd'hui."

Rendre la justice ce n'est pas simplement tracer une ligne entre le bien et le mal (...)



"Pourquoi ne peut on pas admettre que SA vérité est LA vérité?" dit-elle en s'adressant aux jurés, très attentifs aux premiers mots de l'avocate.


Séverine Beuchet rappelle que son client, Rémi Kukulinski, n'a jamais changé de version en trois ans d'instruction. Elle se souvient de la terreur de Rémi, décrite par les enquêteurs à la barre, pendant sa garde à vue. "Les psychiatres ne lui ont pas donné des médicaments pour le plaisir (...) Rémi ne joue pas un jeu (...)"

Rémi est tout simplement malade des faits, déplore Me Beuchet. 

 

Votre peine n'aura de sens que si vous analysez bien tous les éléments de ce dossier, termine Me Beuchet.

14h : Me Samuel Estève entame la dernière plaidoirie 

"20 ans de réclusion criminelle c'est ce qu'on réclame pour Rémi, c'est ce que réclame l'avocat général", scande Me Estève à travers la salle.


L'avocat de Rémi Kukulinski, reprend tout d'abord les éléments du réquisitoire de l'avocat général prononcé ce matin: "Rémi est indifférent aux autres, Il est indifférent aux autres?" répète-t-il en criant. "Moi j'ai du mal à l'entendre. L'avocat général peut nier les traits de personnalité de mon client. Moi je ne suis pas là pour vous dire ça!"

Rémi est confit de douleurs et de remords. Peut-on nier cette réalité?

En montrant du doigt son client Me Estève clame : "C'est de la comédie ça?"


"Les remords le rongent, c'est pour ça qu'il a tenté de mourir plusieurs fois (...) et ça, ce serait une fuite, c'est vrai."

Sa responsabilité est entière mais sa culpabilité c'est autre chose Mesdames Messieurs!


Son avocat exprime la peine et la honte qu'il ressent envers son client. Me Estève affirme que Rémi Kukulinski dit la vérité. Il s'adresse directement à son client, qui le regarde directement dans les yeux :

Rémi, je te l'ai déjà dit, tu es un type bien! Et il n'y a que moi qui puisse dire ça aujourd'hui. Si ta culpabilité ne te tue pas, ce sera une première étape!

 

"Depuis cet instant fatidique, il a cette souffrance inscrite en lui (...) une souffrance qui a marqué son corps!"


Me Samuel Estève décide ensuite de lire une lettre écrite par Rémi Kukulinski à son ancien éducateur Marcel Rameau. Peut-être le seul homme ayant vraiment tendu la main un jour à Rémi Kukulinski. Voici un extrait de cette lettre lu par Me Estève : 

"Marcel, j'ai bien peur de t'annoncer que je viens de tomber dans un gouffre sans fin (...) Je souffre déjà assez comme ça et tu le sais cela ne date pas d'hier, alors comment faire maintenant pour affronter tout ça? (...) Suis-je un criminel, un malade? Je ne sais plus où j'en suis (...) Le pire dans tout ça, c'est de savoir que je suis responsable de la mort de sept personnes.
Mais il y a aussi toutes ces images de feu qui reviennent tout le temps dans ma tête. (...)
Je n'ai pas allumé ce feu, mais j'étais là et je n'ai rien fait pour l'empêcher. Je me sens tellement coupable.
Je ne sais pas si je pourrais avec ça. (...) Merci Marcel d'être là pour moi. 

Rémi."


Après avoir lu cette lettre écrite par Rémi Kukulinski alors qu'il était en détention, en 2012, son avocat ajoute : "si ça ce n'est pas la preuve des sentiments qui le rongent alors..." (...)

Juger ce n'est pas rendre les coups, la violence, ce n'est pas ça juger. Juger c'est tout autre chose. Juger c'est comprendre mais c'est aussi aimer!


"20 ans ce n'est que punitif, vengeur (...) On vous demande un couperet, parce que 20 ans, ça claque comme un couperet ! Moi je vous demande la justice, la justesse par rapport à tout ce que l'on sait de cet homme. Vous devez rendre la justice avec l'amour. Vous ne devez pas écartez Rémi. Vous devez penser aussi à ce qu'il peut devenir", proclame Me Estève.

Dites lui qu'il n'est pas foutu, conclut d'un ton sévère l'avocat de Rémi Kukulinski.

14h45 : Le président de la Cour donne une dernière fois la parole aux accusés.

Nicolas Dos Reis prend le micro:

"On a jamais voulu ce qui s'est passé (...) Je m'excuse encore auprès de tout le monde et ça ne sonne pas creux. Je n'arrive pas à dire mieux."


Ce seront les derniers mots que Nicolas Dos Reis pourra prononcer lors de ce procès.

Nicolas fait passer le micro à son cousin, Rémi, assis à un mètre de lui : 

Je n'ai rien à ajouter, murmure alors Rémi Kukulinski. 

 

15h : le président de la Cour suspend l'audience. La délibération commence. 

 À LIRE AUSSI : Procès Adoma : les réactions après le verdict

18h45 : le verdict tombe

La cour et les jurés se sont montrés plus cléments que l'avocat général. Après plus de trois heures de délibéré, le verdict de 15 ans est assorti d'une peine de sûreté des deux tiers et d'un suivi socio-judiciaire de trois ans à l'encontre de Rémi Kukulinski, 22 ans, et de son cousin Nicolas Dos Reis, 21 ans. Les avocats de la défense envisagent de faire appel de cette décision qu’ils estiment trop sévère.

 À LIRE AUSSI : Incendie du foyer Adoma : Rémi Kukulinski a été condamné à 14 ans de prison en appel

Extrait du 19/20 du mercredi 18 décembre 2013 avec Maryline Barate et Jean-François Guilmard: 
















 

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