Bourgogne : la pollution aux particules fines va se poursuivre jusqu'au jeudi 20 mars

Les conditions météo anticycloniques couplées à des températures basses favorisent la pollution aux particules fines. Avec le beau temps qui s'installe sur la région, la Bourgogne est de nouveau touchée. Il est demandé aux automobilistes de ralentir.

Quelles sont les recommandations formulées par la préfecture? 

Dans l'agglomération dijonnaise et la moitié nord du département de l’Yonne incluant les agglomérations de Sens et Auxerre, les concentrations en particules dépassent désormais le niveau d’alerte fixé à 80 µg/m3. Pour limiter les émissions dues aux transports, les préfectures recommandent donc de :

• Privilégier les déplacements à pied, à vélo, en transport en commun et le co-voiturage
• Réduire la vitesse de 130 km/h à 110 km/h et de 90km/h à 70 km/h sur les autoroutes pénétrantes et la rocade, pour tous les types de véhicules (hors véhicules de secours et forces de l’ordre). Cette vitesse s’impose aux conducteurs dès lors qu’elle figure sur les panneaux à messages variables installés sur la rocade et sur les autoroute
• Réduisez et reportez les activités physiques et sportives intenses, en plein air ou en intérieur jusqu’à la fin de l’épisode

Cet épisode de pollution atmosphérique devrait se poursuivre jusqu'au jeudi 20 mars 2014.

Reportage de Michel Gillot et Christophe Gaillard avec :

• Jean-Marc Sarrazin ,Réseau Atmosf'air Bourgogne
• Sébastien Humbert, directeur de cabinet du préfet de Côte-d'Or
• Commandant Jean-Michel Bocquin, Sécurité Routière

Toute la Bourgogne est-elle concernée ?

Cet épisode de pollution aux particules affecte le nord-est de la France depuis plusieurs jours. Le seuil d’information et de recommandation a déjà été franchi sur l’agglomération dijonnaise la semaine dernière.

• Lundi 10 mars et mardi 11 mars, les concentrations en particules fines sont restées élevées tout particulièrement sur le nord de la Bourgogne où le seuil d’information et de recommandation a été franchi sur l’agglomération de Sens. 
• Mercredi 12 mars, les concentrations en particules fines étaient toujours présentes sur le nord, mais elles ont augmenté au sud de la région. 
• Jeudi 13 mars, les concentrations en particules fines ont été plus élevées que prévues sur la plaine de Saône, dépassant même le seuil d’Alerte sur le Dijonnais et la ville du Creusot .
• Vendredi 14 et samedi 15 mars, les concentrations augmentent progressivement sur le centre de la région. Ainsi, le seuil d’information et de recommandation devrait y être dépassé.
• Après une baisse attendue pour dimanche 16 mars, les particules devraient être élevées jusqu’au jeudi 20 mars.

D’où viennent ces particules fines ?

Les pollutions aux PM10, poussières de compositions diverses, sont fréquentes en hiver, avec l'augmentation des émissions liées au chauffage, principalement le chauffage à bois et au fioul. Ces pollutions sont aussi favorisées par un phénomène dit d'"inversion de température". En situation normale, l'air chaud contenant les polluants tend à s'élever naturellement. Mais ,quand le sol refroidit fortement pendant la nuit en hiver, les polluants se trouvent piégés sous un effet de "couvercle" d'air chaud. Enfin, ces particules sont aussi générées par l'industrie et le transport (diesel).

L’augmentation des particules fines entraîne plusieurs mesures : les feux de cheminée sont interdits, il est recommandé de "reporter les activités physiques et sportives intenses, en plein air ou en intérieur", et d'éviter les promenades pour les enfants de moins de 6 ans.

Le seuil d'information est déclenché à partir d'une concentration de PM10 (particules au diamètre inférieur à 10 microns) de 50 microgrammes de particules par m3 d'air. Le niveau d'alerte est déclenché à partir d'une concentration de 80 microgrammes de particules par m3 d'air.



Reportage de Michel Gillot, Christophe Gaillard et Romain Liboz avec :

• Professeur Yves Cottin, chef du service cardiologie CHU de Dijon
• Professeur Maurice Giroud, chef du service neurologie CHU de Dijon

Quels sont les dangers des particules fines ?

La qualité de l'air s'est globalement améliorée depuis 30 ans en France avec des baisses importantes de polluants comme le dioxyde de soufre ou le mercure. Mais, elle stagne depuis une dizaine d'année pour le dioxyde d'azote, l'ozone et les particules.

L'enjeu est sanitaire et financier. Les particules peuvent provoquer de l'asthme, des allergies, des maladies respiratoires ou cardiovasculaires. Les plus fines d'entre elles (moins de 2,5 microns) pénètrent dans les ramifications les plus profondes des voies respiratoires et le sang. Les particules fines ont été classées "cancérogènes certains" par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Par ailleurs, la France, comme 13 autres pays, est soumise à un contentieux européen : elle risque des amendes pouvant atteindre au moins 100 millions d'euros la première année, pour dépassement des valeurs limites en particules dans quinze agglomérations.

Ecologie sans frontière (ESF), Respire et le Rassemblement pour la Planète portent plainte contre X pour mise en danger d'autrui. L'avocat d'ESF déposera officiellement la plainte entre les mains du procureur de la République mardi 11 mars 2014.