Le GIEC, groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, a publié son 5e rapport lundi 31 mars 2014. Les scientifiques confirment des risques de réduction de la production agricole mondiale.
Le thermomètre a gagné 1,5°C en un siècle
L'évolution du climat annoncée par les experts de l'ONU va forcer l'agriculture française à revoir ses pratiques. Cela concerne notamment le blé dont la progression des rendements est déjà entravée de 2% par décennie (1% pour celle du maïs), au moment où la demande mondiale augmente.En France, le thermomètre a gagné 1,5°C en un siècle, ce qui a conduit à avancer les dates des semis et des récoltes. Or, pour l'ensemble de l'Europe, les projections annoncent "le renforcement de fréquence et d'intensité des épisodes de sécheresse et de canicule sur une bonne partie du continent", indique Jean-François Soussana, directeur scientifique "Environnement" de l'INRA (Institut national de recherche agronomique) membre du GIEC. En 2003, la sécheresse et la canicule avaient déjà provoqué une perte des récoltes de 20 à 30%.
Des dates de vendanges avancées
"Il faudra peut-être songer à troquer le maïs pour le sorgho, à condition d'en améliorer la qualité, pour éviter de trop recourir à l'irrigation dont les besoins vont augmenter si on conserve le système actuel", prévient le directeur de l'INRA. Ce dernier parle aussi de la baisse attendue du niveau des nappes phréatiques et de l'étiage des fleuves. Ce qui n'empêche pas le risque accru d'inondations, comme cette année en Angleterre et au Pays de Galles.Les dates de vendanges ont déjà gagné 3 semaines à un mois par rapport aux dates traditionnelles. Et les chercheurs de l'INRA à Gruissan (Aude), au pied des Corbières, ont constaté que le réchauffement faisait prendre aux raisins un degré d'alcool par décennie - près de 3° en 30 ans : "D'ici la fin du siècle, précise Jean-François Soussana, certains cépages comme le pinot noir en Bourgogne ne pourront plus être produits dans cette région. Mais si on doit adapter les cépages, il va falloir modifier les cahiers des charges des appellations contrôlées". Des chercheurs en climatologie viticole, basés à l'Institut universitaire de la Vigne et du Vin Jules Guyot au sein de l'université de Bourgogne, travaillent sur ce thème depuis plusieurs années.
Des poules sans plumes
Les scientifiques s'inquiètent aussi de l'émergence de certaines maladies comme la fièvre catarrhale ovine, véhiculée par le moucheron culicoïde, qui s'est répandu en Europe depuis la Méditerranée. Ou la maladie de Lyme, transmise par les tiques.Pour les volailles, les chercheurs étudient des variétés plus tolérantes à la chaleur : par exemple, en favorisant des variétés génétiques à plumes frisées ou cou-nu (sans plumes) à l'instar des Israéliens, qui sont allés jusqu'à des poules sans plumes.
"Une étude a montré qu'à 32°C, la croissance d'un poulet de chair était réduite de 30% et la production d'oeufs de 20%", explique Anne Collin à l'INRA de Tours.
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