Le changement climatique, un défi à relever pour les viticulteurs bourguignons

Même si ça n'est pas le cas cette année, la fréquence des vendanges précoces en Bourgogne  depuis trois décennies laisse peu de doute sur la réalité du changement climatique en cours. Chercheurs et vignerons s'interrogent sur les meilleurs moyens de s'adapter à cette évolution dans le futur.

Aux décennies 60 et 70, qui furent parmi les plus foides du 20 ème siècle, a succédé une période où l'on a commencé à constater et à mesurer  les effets tangibles du réchauffement climatique. Ainsi le vignoble bourguignon, situé pourtant en zone septentrionale, a enregistré depuis trente ans un avancement moyen  de 15 jours de la date de début des vendanges. Or le climat est une des quatre pièces du puzzle que constitue un terroir, avec le sol, le cépage et le travail de l'homme. En se modifiant, le climat peut-il rompre l'équilibre qui s'est peu à peu construit entre ces quatre éléments ?
Ces questions occupent depuis plusieurs années une équipe de recherches en climatologie viticole, basée à l'IUVV, l'Institut Universitaire de la Vigne et du Vin Jules Guyot, né en 1992 au sein de l'Université de Bourgogne. Un questionnement qu'elle partage avec quelques viticulteurs eux aussi intéressés au premier chef par le sujet.

Changer de cépage ? Pas une bonne idée.



On sait qu'un climat plus chaud est de nature à donner des raisins avec une teneur naturelle  en sucre plus élevée et donc un titrage alcoolique plus important. D'ores et déjà, les vignobles du sud de la France enregistrent régulièrement des 13 ou 14 degrés, mais leurs cépages, par exemple la syrah, sont adaptés à ces conditions et y expriment leur meilleur potentiel. Tel n'est pas le cas du pinot noir. Car cette augmentation de la teneur en sucre s'accompagne d'une baisse de l'acidité dont on pense (mais la question fait débat) qu'elle est un facteur important pour un bon vieillissement des vins. D'où cette question : la Bourgogne devra-t-elle adopter un jour un autre cépage ? Pour Benjamin Bois, un des chercheurs en climatologie viticole, cela serait une erreur car cela modifierait profondément la nature des vins. Selon, lui, le vignoble bourguignon dispose en son sein des ressources génétiques pour faire face à l'évolution climatique. Les pinots noirs constituent une vaste famille dont quelques "frères" ou "cousins", actuellement minoritaires mais présents dans les parcelles, pourraient fournir la réponse appropriée. On peut par exemple envisager d' aller chercher en vue de les reproduire des pieds de pinot fins, dont on constate qu'ils ont actuellement plus de mal à mûrir que les autres, mais qui seront en revanche parfaits si la température moyenne s'élève.
Par ailleurs, si les projections réalisées sur la base des traveaux du GIEC (Groupe International d'experts sur l'Evolution du Climat) montrent que les vendanges pourraient encore gagner en moyenne 5 à 6 jours de précocité d'ici le milieu du 21ème siècle, il semble que pour l'essentiel, le "plus gros est déjà fait". Avec un avancement moyen de 15 jours de la date des vendanges depuis 30 ans, le vignoble bourgiognon aurait donc déjà encaissé une bonne part du changement climatique en cours, et ce sans conséquence trop fâcheuse.



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