Le procès en appel des surirradiations de l'hôpital d'Epinal, s’ouvre à Paris ce mercredi 12 novembre dans l’après-midi. Il s’agit du plus grave accident de radiothérapie recensé en France avec près de 450 victimes.
Qui comparait ?
Deux anciens médecins de l'hôpital d'Epinal et un radiophysicien, condamnés à 18 mois de prison ferme en première instance, en janvier 2013, pour homicides et blessures involontaires. Ils comparaîtront à partir de ce mercredi 12 novembre, dans l’après-midi devant le tribunal de Paris. Le procès devrait durer jusqu'au 12 décembre, à raison de trois après-midi par semaine.- Le radiophysicien : Il s'agit de Joshua Anah. Il avait été condamné à trois ans de prison dont 18 mois ferme et 10.000 euros d'amende pour homicides et blessures involontaires et soustraction de preuve. Le tribunal avait par ailleurs prononcé à son encontre une interdiction professionnelle de cinq ans.
- Les deux médecins radiothérapeutes : Jean-François Sztermer et Michel Aubertel, avaient eux été condamnés à quatre ans de prison dont 18 mois ferme et 20.000 euros d'amende chacun pour homicides et blessures involontaires, ainsi que non-assistance à personne en danger. Ils ont été interdits définitivement d'exercer.
Ils ne sont pas concernés par ce nouveau procès, le parquet n'ayant pas fait appel de ces relaxes. Il avait par contre formé un "appel incident" à ceux des trois condamnés, ce qui permet éventuellement d'alourdir leurs peines.
Retour sur les faits ?
Entre 2001 et 2006, ce sont près de 450 patients traités pour des cancers de la prostate qui avaient été victimes de surdoses de radiation lors de deux dysfonctionnements distincts. Douze en sont décédés et les autres souffrent de graves séquelles du système urinaire et anal.
Les victimes
Environ 70 parties civiles sont attendues pour le premier jour de ce procès qui sera retransmis en direct et en totalité dans une salle du tribunal d'Epinal.Philippe Stäbler, président de l'Association des victimes, qui regroupe 212 membres, se dit "fin prêt pour la bagarre". Il "n'attend rien des prévenus", car, dit-il, "on n'a rien eu de leur part en première instance, à part une compassion de façade, alors je ne vois pas pourquoi ça changerait en appel".
Pour les victimes, c'est toujours une épreuve de témoigner
"Les condamnations en première instance nous ont globalement satisfaits. J'espère qu'elles seront au moins confirmées, s'ils écopent de plus, tant mieux. Je suis confiant". Mais il souligne aussi que "le temps passe et (...) certains sont fatigués. Les santés de tout un chacun se dégradent. Plusieurs voulaient venir à Paris pour ce deuxième procès, beaucoup ne pourront pas".
Outre ces problèmes physiques, Jean-Claude Larcier, 67 ans, surirradié, souligne que "pour les victimes, c'est toujours une épreuve de témoigner. Ce qui est le plus difficile, c'est d'entendre les prévenus dire qu'ils passent leurs journées à sauver des vies". Lui aussi en est persuadé: "les médecins ne reconnaîtront jamais".
Il n'y a pas de traitement pour les conséquences de nos surirradiations
"L'indemnisation des préjudices corporels a été longue, mais aujourd'hui, tous les dossiers ont été traités. En revanche, en ce qui concerne le préjudice moral et le préjudice d'anxiété, l'action est toujours en cours et beaucoup plus compliquée", nuance-t-il.
Et "il n'y a pas de traitement pour les conséquences de nos surirradiations". Seule consolation pour M. Larcier, "notre accident a considérablement amélioré les procédures de sécurité en radiothérapie". Car même s'il ne garantirait pas "que ça ne pourrait pas se reproduire (...) la bonne nouvelle, c'est que depuis les accidents d'Epinal, le nombre de radiophysiciens a quasiment doublé, en passant de 300 à plus de 500".
L'une de nos équipes a rencontré l'une des victimes, qui vit en Haut-Saône / Maxime Villirillo et Philippe Arbez.
L'une de nos équipes a rencontré l'une des victimes, qui vit en Haut-Saône. / Maxime Villirillo et Philippe Arbez.
Revoir le récit du procès de 2013
Récit d'Yves Quemener.