Plusieurs semaines après des actes de vandalisme visant des forêts de l'Yonne, les auteurs présumés de ces faits expliquent leur geste par mail. Le collectif baptisé Lechi-Dryades, resté anonyme, légitime son action et, surtout, confirme son intention de recommencer
Que s’est-il passé exactement?
Lors du weekend de Pâques, environ 5 hectares de douglas ont été détruits par des inconnus qui les ont coupés à mi-hauteur dans les forêts communales d’Avallon et de Quarré-les-Tombes. L’opération a été ensuite revendiquée par un collectif baptisé Lechi-Dryades qui veut lutter contre la « monoculture » de ce résineux à croissance rapide et qui, selon lui, détruit les sous-bois, acidifie les sols et détruit la biodiversité des forêts. L'ONF et la commune d’Avallon (dont le maire Jean-Yves Caullet, PS, est président de l’Office National des Forêts) a porté plainte. L’enquête est toujours en cours.Qui a revendiqué ces actes ?
Le collectif Lechi-Dryades a revendiqué le saccage tout de suite après les faits. Dans un échange de mails avec France 3 Bourgogne, de façon anonyme, les membres du collectif ont expliqué leur action : ils disent vouloir dénoncer de cette façon « la politique de gestion forestière actuelle qui privilégie l'industrie et le profit à très court terme, en oubliant le peuple ». Ses membres se disent « représentatifs de la société Française, et plus particulièrement de la forêt française... ». Ils ont annoncé leur intention de recommencer. Leur nom vient d’un esprit de la forêt et des arbres de la mythologie slave, le Léchi, et de trois nymphes de la mythologie grecque, les Dryades, des déesses liées aux chênes en particulier, et aux arbres en général.Le point avec S. Robert, C. Heudes, A. Tock et R.
Quelles sont les revendications du collectif Lechi-Dryades ? (Entretien intégral)
Le collectif Lechi-Dryades a accepté de répondre par mail aux questions de France 3 Bourgogne. Voici ses réponses :France 3 Bourgogne : Qui êtes-vous?
Lechi-Dryades: Nous venons de différents horizons, nous sommes représentatifs de la société française, et plus particulièrement de la forêt française qui ne ressemblera plus à ce qu'elle est aujourd'hui, si nous laissons faire les soi-disant décideurs qui favorisent l'industrie en oubliant le peuple.
F3B : Est-ce un acte politique?
L-D : C'est bien évidemment un acte politique, nous ne visons pas personnellement Jean-Yves Caullet mais ce qu'il représente
F3B : Que répondez-vous à Jean-Yves Caullet qui qualifie votre acte de stupide?
L-D : Ce qui est stupide, c'est la politique de gestion forestière actuelle qui privilégie l'industrie et le profit à très court terme, cette politique et cette ‘’casse’’ de l'Office Nationale des Forêts sont pilotées par Jean-Yves Caullet.
Pour les repreneurs de notre patrimoine forestier, il nous faut continuer d'agir pour que l'exploitation actuelle de nos forêts reste en harmonie avec les générations futures.
F3B : Pourquoi avoir visé le domaine public plutôt que le domaine privé qui détient plus de résineux?
L-D : Faux!!
Il est vrai que les forêts sont détenues par une majorité de petits propriétaires, mais les demandes de rentabilité faites à l'organisme public qu'est l'ONF (coupes rases, industrialisation de la sylviculture avec ‘’intrant chimique’’) confortent un modèle déjà dépassé dans les autres secteurs agricoles...
Ce sont les Douglas dans le Morvan, mais les chênes d'Amérique ailleurs.
La politique de l’ONF s'applique comme modèle, lui qui privilégie la monoculture alors que la forêt avec sa biodiversité a un rôle essentiel dans nos écosystèmes.
Hier l'agrochimie a pollué nos eaux et maintenant ils veulent mettre de la chimie dans les forêts, mais où est le bon sens?
F3B : Dénoncer le massacre par le massacre, n’est-ce pas contraire à la logique?
L-D : Contrairement à ce que nous avons vu dans la presse aucune tronçonneuse n'a été utilisée et nous n'avons pas tué les arbres, en coupant simplement leurs cimes nous les avons rendus inexploitables industriellement, car ils pousseront mais avec deux têtes.
F3B : Allez-vous continuez?
L-D : Nous continuerons tant que cette politique destructrice régnera.
Les intérêts que nous défendons vont au-delà de nos propres vies, rien à part l'enfermement ou la mort ne nous fera arrêter...