Après ses emportements de la veille, Jean-Pierre Mura a refusé de répondre aux questions ce mercredi 17 juin, au 6ème jour de son procès. Des experts ont brossé son portrait psychologique, et décrit sa schizophrénie, avant une plaidoirie poignante de la partie civile. Le verdict est attendu demain.
Ce mercredi, c'est la personnalité de l'accusé qui a été dépeinte devant la cour d'assises de Saône-et-Loire. Un portrait détaillé de Jean-Pierre Mura (familial, scolaire, professionnel, sentimental et médical) auquel l'accusé a refusé de participer. "Je n'arrive plus à penser, je trouve que j'ai déjà assez parlé comme ça", explique Jean-Pierre Mura au président de la cour. Il ne dira plus un mot de la journée, écoutant, indifférent, les divers médecins témoigner de sa psychologie, et de sa maladie.
Me Didier Seban (avocat de la partie civile) a livré son explication du silence choisi par l'accusé ce mercredi :
Schizophrène depuis 1989
Jean-Pierre Mura a été diagnostiqué schizophrène en 1989. Rien ne semble indiquer des troubles graves du comportement avant cette date. A l'époque du meurtre de Christelle Maillery (tuée de 32 coups de couteau en décembre 1986 dans une cave du Creusot), l'accusé était dans une phase latente de son trouble, sans avoir connu, encore, de "bouffée délirante et hallucinatoire", ce qui le rend responsable de ses actes devant la cour. La psychiatre qui a suivi M. Mura le décrit comme un "patient difficile, qui ne parvenait pas à stopper sa consommation d'alcool et de cannabis". Une consommation "qui rend plus fréquents les processus hallucinatoires des schizophrènes", comme l'a précisé à la cour le docteur Gérald Alloy.
Que penser alors de l'obsession de Jean-Pierre Mura pour le meurtre de la jeune Christelle Maillery ? Les médecins eux-mêmes concèdent qu'elle n'est pas forcément signe de sa culpabilité. Après un long exposé sur l'état mental de Jean-Pierre Mura, l'expert psychiatre Daniel Zagury, très expérimenté, admettait "n'avoir aucune conviction dans ce dossier". Ce qu'il pense certain, en revanche, c'est que "si Jean-Pierre Mura a commis les faits, c'était 3 ans avant le diagnostic de sa schizophrénie. On peut considérer qu'il y avait donc déjà chez lui une vulnérabilité (en 1986), et qu'il n'était pas totalement maître de lui-même...” Un élément qui comptera forcément dans le verdict de la cour.
L'émotion de la famille de Christelle après la plaidoirie de ses avocats
Vers 16 heures, les avocats de la partie civile ont entamé leur plaidoirie. Ils ont rappelé l'attente de la famille de Christelle, son combat pour relancer "une enquête bâclée dès le départ", et son désir de justice et de vérité. Puis Me Didier Seban a fait la liste des "pièces du puzzle" qui, d'après lui, "s'accumulent et finissent par former le visage de Jean-Pierre Mura". L'avocat de la partie civile s'adresse au jury : "les aveux, le couteau, la tenue, l'obsession pour le meurtre, les agressions dans la station-service, la façon dont il voit les femmes : vous avez tout ! On a interrogé tout le monde. On veut la vérité".
La famille et les proches de Christelle Maillery sont sortis très émus et éprouvés de cette 6ème journée du procès de Jean-Pierre Mura, mais sans certitude quant au verdict. Jeudi 18 juin, l'avocat général fera son réquisitoire, et Me Michel Grebot plaidera pour la défense. Ensuite le jury se retirera pour délibérer dans l'après-midi. Il devra répondre à deux questions : Jean-Pierre Mura a-t-il commis le meurtre de Christelle Maillery le 18 décembre 1986 au Creusot ? Et si oui, son discernement était-il altéré au moment des faits ?
Reportage de Pauline Ringenbach et Christophe Gaillard, avec les réactions de :
- Marie Pichon, maman de Christelle Maillery
- Me Didier Seban, avocat de la partie civile
- Marie-Rose Blétry, association "Christelle"
Suivez en direct, minute par minute, la dernière journée du procès de Jean-Pierre Mura devant la cour d'assises de Saône-et-Loire sur le site de France 3 Bourgogne, ce jeudi 18 juin 2015 à partir de 9 heures.