Jusqu'à présent toujours calme, Jean-Pierre Mura a montré un autre visage, ce mardi 16 juin, devant la cour d'assises de Saône-et-Loire. Celui qui est accusé du meurtre de la jeune Christelle Maillery, au Creusot en décembre 1986, a insulté un témoin, puis l'avocat de la partie civile.
Sur le fond, rien ne bouge. L'accusé Jean-Pierre Mura (47 ans) nie avoir commis le meurtre de Christelle Maillery, tuée de 32 coups de couteau le 18 décembre 1986 dans une cave du quartier de la Charmille, au Creusot. Mais sur la forme, alors que l'homme restait calme dans son box, s'exprimant jusqu'à présent sur le même ton posé en toutes circonstances, Jean-Pierre Mura a perdu ses nerfs à deux reprises, au cinquième jour de son procès aux assises de Saône-et-Loire.
Résumé de la journée, avec le reportage de Pauline Ringenbach et Christophe Gaillard. Interviews de :
- Me Didier Seban, avocat de la partie civile
- Me Michel Grebot, avocat de la défense
L'accusé insulte son ex-belle-soeur, puis l'avocat de la partie civile
D'abord, lorsque l'ex-compagne de son frère Joseph, Christine Gault, lui demande s'il la reconnaît, il répond par l'insulte : "T'es une merde ! Je t'emm... Va te faire f... !" Le président intervient, et Jean-Pierre Mura se braque "je ne répondrai plus à aucune question". Puis, plus tard, aux questions de Me Didier Seban, avocat de la partie civile, sur la relation de l'accusé avec sa mère, Mura rétorque de nouveau : "je vous emmerde".
Deux moments d'emportement de l'accusé que son avocat, Me Michel Grebot, ne tolère pas sur la forme, mais comprend sur le fond :
Malgré ces deux moments de tension, le procès s'est poursuivi par les auditions de l'ex-belle-soeur, puis de l'ex-compagne de l'accusé. La première a révélé à la barre avoir un fils schizophrène, "qui ressemble beaucoup à Jean-Pierre". Christine Gault a également expliqué avoir été très proche de la mère de Jean-Pierre Mura, qui aurait souhaité lui révéler un secret sur des faits "très graves", avant de décéder d'un cancer en 2008.
En revanche, l'ex-compagne de l'accusé, Nathalie Bideault, a déclaré à la cour son intime conviction de l'innocence de M. Mura. Selon elle, avant son départ pour la Suisse à la fin des années 1980 et le début de "sa maladie", "Jean-Pierre Mura était un garçon timide, discret et très serviable".
Deux agressions à la station-service de Montchanin
Ce mardi 16 juin, l'audience a également permis d'aborder les deux agressions de l'accusé à la station-service de Montchanin, en 1998 puis en 2010. A chaque fois, Jean-Pierre Mura déclare "avoir entendu des voix qui l'insultaient dans sa tête". En 2010, il avait menacé la caissière de cette station-service avec un couteau. "J'ai essayé de le calmer", a témoigné à la barre Brigitte Chavot, "mais j'ai senti qu'il était prêt à s'en prendre à moi physiquement. Il avait les yeux perdus". C'est suite à cette agression que Jean-Pierre Mura a été hospitalisé d'office, ce qui explique qu'il n'ait pas été jugé pour ces faits. Pour sa défense, l'accusé a déclaré qu'à cette époque il buvait beaucoup d'alcool, et que "ça l'avait rendu fou".
Concernant les faits anciens, le meurtre de Christelle, l'accusé nie toujours en bloc. Jean-Pierre Mura avait concédé s'être rendu dans la cave où le crime a été commis, pour voir s'il y avait des traces de sang. Il y avait uriné, à l'emplacement exact du corps de la victime. Le juge avait organisé un transport de Jean-Pierre Mura sur les lieux, dont la vidéo a été diffusée lors de l'audience.
Jean-Pierre Mura, diagnostiqué schizophrène, a montré un double visage, pour la première fois de son procès, s'emportant à deux reprises. L'audience reprendra mercredi 17 juin, à 9 heures.
Un procès à suivre en direct sur le site de France 3 Bourgogne.