Manger sainement, prendre rendez-vous chez le dentiste ou l'ophtalmo... Des comportements indispensables pour rester en bonne santé, mais dont se privent les plus pauvres en raison de leur coût, et aussi car les soins médicaux ne sont pas toujours perçus comme une priorité.
Pourquoi la santé reste un sujet tabou ?
Disposer d'une mutuelle santé, avoir une alimentation saine ? Cela reste financièrement compliqué pour près de la moitié des ménages modestes. Ce sujet reste un tabou : "Les personnes qui viennent au SPF ne parlent jamais de leur santé, il y a une pudeur, et nous avons un travail à faire auprès du grand public comme auprès d'eux pour leur expliquer que l'accès aux soins dentaires ou ophtalmologiques, ce n'est pas du luxe", explique Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français (SPF). Il lance un appel face à cette "pauvreté qui gagne du terrain", comme le révèle le 10e baromètre Ipsos/Secours populaire publié mardi 6 septembre 2016.Parmi les Français les plus pauvres (ceux qui appartiennent à un ménage dont le revenu mensuel net est inférieur à 1 200 euros), la moitié a déjà renoncé ou repoussé une consultation chez le dentiste, soit un bond de 22 points par rapport à 2008, et près de 4 sur 10 un rendez-vous chez un ophtalmologiste (39%, +9 points).
Dans les foyers les plus modestes, 64% indiquent avoir eu des difficultés au moment de payer des actes médicaux mal remboursés par la Sécurité sociale.
Les personnes en situation de #pauvreté sont de plus en plus obligées de renoncer aux #soins. #SantéPourTous pic.twitter.com/c8wjxaQ9hP
— Secours populaire (@SecoursPop) 6 septembre 2016
Les inégalités en matière d'accès à la santé se sont aggravées
"Dans ses permanences d'accueil, le SPF perçoit une dégradation de l'état de santé de familles, de mères seules, de jeunes, de retraités, de beaucoup d'enfants.
Fait récent, le travail n'apporte plus forcément la garantie d'une autonomie financière : certains salariés ne sont plus à l'abri des privations et peinent également à se soigner".
Sur l'ensemble des Français interrogés, 68 % estiment que les inégalités en matière d'accès à la santé se sont aggravées au cours des dernières années.
La marraine de la campagne SPF "Pauvreté-précarité 2016" Marina Carrère d'Encausse rappelle qu'"on s'est toujours enorgueilli dans ce pays d'avoir une médecine égalitaire (...) ça reste relativement vrai pour les choses vitales, mais le reste on s'en désintéresse et c'est dramatique".
"L'accès aux soins dentaires, ce n'est pas du caprice, insiste-t-elle, les couches pour les incontinents ne sont pas prises en charge par la Sécurité sociale, il est inadmissible que, dans notre pays, on n'ait pas la même possibilité de dignité".