Après quatre années de discussions, un accord sur les relations commercialles entre la Grande Bretagne etl'Union Européenne a enfin été trouvé ce 24 décembre. La signature de cet accord aura des conséquences sur les viticulteurs de Bourgogne. Lesquelles ?
Le dossier est ouvert depuis juin 2016. Quatre ans plus tard, ce jeudi 24 décembre, l'accord commercial entre la Grande Bretagne et l'Union Européenne a été signé. Les victiculteurs craignaient un "no deal" qui aurait eu de lourdes conséquences sur l'export de leurs vins. Le marché anglais est le plus important après le marché américain : plus de 16 millions de bouteilles exportées en 2019.
Mais aujourd'hui, les professionnels de la filière vin se disent rassurés.
Les Anglais ont fait du stock
Amaury Devillard est viticulteur sur le domaîne du Château de Chamiret, à Mercurey (Saône-et-Loire). Les exports vers l'Angleterre représentent environ 10 % de son marché. "C'est un marché important car ce sont de vrais connaisseurs. On a déjà été très impactés par la taxe Trump, puis les restaurants fermés ici et chez nos voisins."
Le viticulteur ajoute que 85 % de ses vins sont produits à destination de la restauration. Alors que ses ventes ont été fortement impactées depuis le confinement, Amaury Devillard redoutait les conséquences du Brexit. "En novembre et décembre, nos importateurs ont anticiper les mesures prises par le Brexit et ils ont fait du stock."
Pas de tarifs douaniers ni de quotas sur les exportations de vins
L'accord commercial signé entre les deux parties décrète un libre-échange, sans tarifs douaniers ni quotas sur les exportations de vins. C'était justement ces droits de douanes qui inquiètaient particulièrement la filière vin.
Dès le 1er janvier 2021, les viticulteurs de Bourgogne ainsi que tous les exportateurs de vins français vers le marché britannique devront appliquer de nouvelles formalités douanières. Un fonctionnement similaire à celui établi avec le Canada.
Une lourdeur administrative supplémentaire
"Ca va être au niveau administratif que ça va changer pour nous" confie Stéphane Briday, viticulteur à Rully (Saône-et-Loire). "Ils vont sûrement nous demander des papiers supplémentaires ou des analyses, qui ne nous sont pas demandés pour l'instant. Ce sera plus onéreux au niveau de l'administratif."
Stéphane Briday souligne le manque de visibilité. C'est toute la filière qui est dans l'expectative. Outre-manche, les professionnels restent confiants pour l'instant. "Nos importateurs anglais n'ont pas l'air inquiet. Ils ont plus ou moins eu le temps de se préparer, ça fait quatre ans que ça dure."
Pour le viticulteur de Rully, le marché anglais c'est entre 15 et 20 % de ses ventes annuelles. "Nos plus gros clients [en Angleterre], ce sont les restaurants."
Alors pour lui aussi, la principale inquiétude à l'heure actuelle reste les conséquences de la crise sanitaire avant celles du Brexit.
Le reportage de L. Malval, G. Talon et R. Nectoux
Avec : Amaury Devillard (Viticulteur et dirigeant des Domaines Devillard) et Stéphane Briday (Viticulteur et dirigeant du Domaine Michel Briday)