Affaire Aurélia Varlet : son frère entame une grève de la faim pour obtenir la vérité sur l'enquête de l'IGPN

Giovanni Varlet annonce débute une grève de la faim ce mardi 3 septembre à l'heure où s'ouvre à Paris le "Grenelle" sur les violences conjugales. La famille de la jeune femme tuée par son conjoint dans le Doubs en 2013 estime qu'un policier et un gendarme ont protégé le meurtrier. 

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Six ans que Giovanni Varlet, son père et sa mère attendent que justice soit faite. 

Le 14 août 2013 à la Rivière Drugeon, petite commune tranquille du Haut-Doubs, Aurélia Varlet 32 ans est retrouvée morte dans l'appartement où elle était revenue chercher des affaires. Les corps sont découverts deux jours plus tard. Son compagnon l'a tué et retourné l'arme contre lui. Il n'y aura jamais de procès. 

L'affaire Varlet révèle que Didier Grosjean 53 ans avait fait l'objet de plusieurs plaintes pour violences de la part de son ancienne compagne. Des plaintes qui ont toutes été classées sans suites par les services de gendarmerie et de police. 

"Oui, j'entame une grève de la faim. J'ai aujourd'hui l'âge que ma soeur avait quand elle est morte. Nous voulons des réponses. Ce n'est pas normal de laisser les gens dans le silence, on a envie d'être en paix, d'avoir la vérité" lance le jeune homme.


Il va me tuer, me laisser dans une mare de sang et se suicider ensuite


Ce qui met en colère la famille Varlet, c'est cette enquête de l'IGPN. Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, l'a ordonnée en 2017. Selon la famille Varlet, les conclusions sont rendues depuis le mois de mars 2019. La famille n'a eu depuis aucune nouvelle. Elle a demandé la semaine dernière par la voix de son avocat Me Randall Schwerdorffer à être reçue par le ministre de l'intérieur Christophe Castaner.
 

Cette enquête vise à comprendre ce qui s'est passé dans l'affaire Varlet. La mort de la jeune femme aurait-t-elle pu être évitée ? Son frère en est persuadé. Selon Giovanni Varlet, un policier de Pontarlier a protégé Didier Grosjean. Un gendarme de Frasne a classé les plaintes. "Pourquoi ? Pourquoi les forces de l'ordre n'ont-elles pas procédé à une perquisition d'armes au domicile de Didier Grosjean ?" s'interroge le frère d'Aurélia. L'ex-compagne de Didier Grosjean avait signalé la présence d'armes détenues illégalement à son domicile. Elle avait peur, elle avait multiplié les signalements pour violences conjugales. Giovanni Varlet livre ce détail glaçant. Elle avait même écrit au Procureur : "Il va me tuer, me laisser dans une mare de sang et se suicider ensuite". C'est ce qu'il a fait, un an plus tard. La victime, c'était Aurélia. 

"On ne sait pas ce qu'il y a dans l'enquête de l'IGPN. On sait que dans notre affaire, il y eu complaisance et protection. Et on fait face à un silence radio. Il n'y a aucune réaction de l'Etat. Pendant que nous on souffre, ces gens là, le policier et le gendarme dorment tranquilles dans leurs lits. Ils n'ont pas respecté leurs fonctions. S'ils avaient fait leur boulot, ma soeur serait toujours là" regrettre Giovanni Varlet. 

En 2014, la famille et son avocat ont été reçus au ministère de la Justice. Un an plus tard, le ministère tenu alors par Christiane Taubira a reconnu qu'il y avait eu des dysfonctionnements dans cette affaire et présenté officiellement ses excuses. Mais ce sont maintenant des réponses du ministère de l'Intérieur que la famille d'Aurélia attend. Giovanni Varlet explique que le policier et le gendarme visés par l'enquête de l'IGPN ont été mutés hors du département du Doubs où s'est déroulé le drame. Selon lui, les deux hommes sont toujours en service ailleurs. "On veut des réponses complètes sur ce qui s'est passé, savoir quelles sanctions sont ou seront prises, que ces personnes soient retirées de leurs fonctions. Nous cela fait six ans qu'on souffre" conclut-il.
 
 

Une grève de la faim devant Matignon où débutera le Grenelle sur les violences faites aux femmes 


Ce mardi 3 septembre débute à Matignon le Grenelle sur violences faites aux femmes initié par la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa. Plusieurs familles de victimes dont celle d'Aurélia Varlet sont conviées au rendez-vous pour être reçues par la ministre de la Justice. "Je serai mardi à Paris, devant Matignon, avec des photos de ma soeur, des pancartes, des tee-shirts de soutien...S'il faut faire une grève de la faim pour se faire entendre, je le ferai" nous explique Giovanni Varlet. Ce Grenelle contre les violences conjugales réunira les ministres concernés, des acteurs de terrain, services publics, associations, familles de victimes.  Il s'achèvera le 25 novembre, date de la Journée contre les violences envers les femmes.
 

Patrick Varlet le père d'Alexia devrait être lui aussi présent devant Matignon pour soutenir son fils. "Après tout ce que nous avons enduré depuis six ans, il a un courage énorme, c'est notre pilier, je le félicite" déclare le père d'Aurélia qui attend lui aussi une réponse du ministère de l'intérieur, pour pouvoir enfin faire son deuil.


Je n'accepte pas l'impunité


En 2013, quand Aurélia est partie dans un dernier souffle sous l'arme de son conjoint, on ne parlait pas beaucoup des violences faites aux femmes. Les temps ont changé. D'Alexia Daval à Gray, à Julie Douib en Corse, les féminicides font réagir aujourd'hui les autorités et l'ensemble de la société. "Je n'accepte pas l'impunité. La justice s'est peut être trompée, elle a pu faillir dans cette affaire, mais ne peut pas nous laisser sans réponse" déplore le frère d'Aurélia Varlet. Le ministère de l'Intérieur reconnaitra-t-il officiellement de possibles graves erreurs de ces fonctionnaires, dans la mort de la jeune franc-comtoise ? Pour Giovanni et son père Patrick, l'attente est insoutenable. 
 
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