Au troisième jour de son procès en appel devant les assises de Dijon, Jean-Pierre Mura a du s'expliquer sur des aveux, confirmés par plusieurs témoins, lors d'une soirée à Chenôve en 1991. Si l'accusé nie toujours, sa version est apparue peu crédible face aux nombreux témoignages concordants.
C'est un élément central dans le procès de Jean-Pierre Mura. Un soir de 1991, il s'est rendu au domicile de Michel Bartolo, l'ex-petit ami de Christelle, et se serait livré à des aveux du meurtre de Christelle Maillery, proposant même de l'argent à Michel Bartolo. Ce soir-là, Jean-Pierre Mura était en larmes, et aurait fait cette confession dans un état anormal (probablement sous l'effet de l'alcool). Ces aveux sont apparus dans le dossier en 2003, quand le détective privé Eric Bellahouel, à la demande de l'association Christelle, a repris l'enquête. Rapidement, Michel Bartolo lui a parlé de ce moment.
"J'ai vu que Michel Bartolo avait été le petit ami de la victime, je l'ai donc rencontré" explique l'enquêteur, devenu hypnothérapeute. "Je lui demande s'il se souvient de telle ou telle chose qui pourrait aider à relancer le dossier. Il me dit d'emblée qu'il a quelque chose sur le cœur, mais qu'il ne sait pas si c'est vrai. Il me parle de Jean-Pierre Mura, qu'un jour à Chenôve, Jean-Pierre Mura lui a dit au qu'il avait tué Christelle Maillery" poursuit Eric Bellahouel. Michel Bartolo n'avait pas pris au sérieux ces aveux à l'époque, étant donné que Jean-Pierre Mura était considéré comme dépressif. En 2003, contacté par l'enquêteur privé, Bartolo s'était décidé à témoigner, mais il est décédé avant de pouvoir le faire, en 2004.
De vieux aveux, contestés par Mura
Ce lundi 20 juin 2016, devant la cour d'assises de Dijon, deux témoins ont confirmé ces aveux à la barre. Eric Benzoni, qui a accompagné Jean-Pierre Mura ce soir-là, et Corinne Joly, la compagne de Michel Bartolo. Même si certains détails varient avec le temps et les mémoires qui flanchent, tous les deux ont gardé en mémoire le fond de ses aveux, et les larmes de Mura. Le contexte de la soirée est plus flou. Mura a-t-il avoué dès son arrivée, sur le pallier ? Ou plus tard, dans le salon ? Mystère.
Affaire Maillery : Me Didier Seban, avocat de la partie civile, sur les aveux supposés de Jean-Pierre #Mura en 1990 pic.twitter.com/nIgkiyDBiY
— Théo Souman (@TheoSouman) 20 juin 2016
Ce qui est sûr, c'est que Jean-Pierre Mura lui, nie les faits : "je ne sais pas ce qu'il a compris, Michel... Il a cru que je m'accusais, il m'a forcé à m'accuser du meurtre. Moi j'ai eu peur qu'il me tue, et je suis parti en pleurant dans l'ascenseur !" Me Bittard, l'avocate de Jean-Pierre Mura, soutient que ces aveux ne peuvent être prouvés avec certitude. Sur ce point crucial, c'est donc paroles contre paroles, sur une soirée arrosée vieille de 25 ans.
Les experts ont rappelé leurs constats
Dans la matinée, plusieurs experts sont revenus sur leurs différents rapports, sur les traces ADN relevés sur les bijoux de Christelle, sur les couteaux saisis chez Jean-Pierre Mura et leur comparaison avec celui retrouvé dans un buisson proche des lieux du crime en février 1987. Demain, le procès se poursuivra par les auditions de nombreux témoins : des experts médicaux, des amis et le frère de Jean-Pierre Mura. Leurs témoignages permettront sans doute à la cour d'en apprendre davantage sur la psychologie et les troubles de l'accusé.