Agriculture : pour les pionniers des AMAP le temps de la transmission arrive

Cela fait 15 ans que Jean-Marc et Christiane Nurdin ,maraîchers en Côte-d'Or, produisent pour des AMAP (association pour le maintien d'une agriculture paysanne). Une expérience qui a passionné ces pionniers de l'agriculture bio. Aujourd'hui, ils souhaitent transmettre le flambeau aux plus jeunes.


Fin 2019, nous arrêtons les AMAP mais nous continuons à vendre nos légumes sur le marché. Compte tenu de notre âge, il a fallu choisir.

Pour Christiane et Jean-Marc Nurdin, maraîchers bio depuis presque 40 ans, une page va se tourner à la fin de l’année. Un parcours professionnel qui s'est articulé autour de convictions fortes et de choix : le bio, les AMAP, les circuits courts, la vente directe et la transmission de leurs valeurs.

Pour quelques mois encore, ils continuent à fournir leurs cinq AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), soit 160 paniers par semaine. Mais d’autres vont leur succéder et un nouveau chapitre de l’histoire des AMAP va commencer.
 

♦ Le choix du bio


Pour Jean-Marc Nurdin, devenir maraîcher a été un véritable choix personnel. Dans les années 1980, ce fils de maraîcher trouvait que l’agriculture chimique posait problème. Il souhaitait tester autre chose.

S'il n’y avait pas eu le bio et la vente directe, qui est l’essence même du bio, je n’aurais pas fait ce métier. Jean-Marc Nurdin

Il s’installe en 1981 à Labergement-lès-Auxonne et sa femme Christiane le rejoint quelques années plus tard pour travailler avec lui. Ils vendent directement leur production sur les marchés de la région.


♦ Le choix des AMAP


Ils découvrent les associations pour le maintien d'une agriculture paysanne en 2005, grâce à une de leurs clientes du marché. Ils rejoignent alors leur première AMAP, les jardins de Virgile, à Dijon.
En France, la première AMAP a vu le jour à Ollioules dans le Var, en pleine crise de la vache folle, en 2001. L'association s'est inspirée d'un concept qui a vu le jour au Japon, dans les années 1960, en réaction à l’agriculture intensive et chimique : les Teiki

Depuis sa création, ce mouvement ne cesse de se développer et de se structurer. Le MIRAMAP (mouvement inter-régional des AMAP) estime à 2 000 le nombre d’AMAP en France dont une centaine recensées en Bourgogne-Franche-Comté.
 
Une charte, adoptée en 2003, pose les valeurs du mouvement et reste le document de référence.

 

♦ Qu’est-ce qu’une AMAP ?


Une Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne (AMAP) est un partenariat entre un groupe de consommateurs (des amapiens) et une ferme (un paysan), basé sur un système de distribution de "paniers" composés de produits de la ferme.

Ce contrat solidaire est basé sur un engagement financier des consommateurs. Ils payent à l’avance une part de la production sur une période définie (en général une saison).

Les AMAP assurent aux consommateurs des aliments frais, de saison, écologiquement sains, souvent biologiques, à un prix équitable.
Pour les paysans, c’est un moyen de s’assurer une trésorerie, couvrir les frais de production et dégager un revenu décent de leur travail.
Mais ce contrat n’est pas qu’économique. L’AMAP donne aussi la possibilité de participer à la vie d’une exploitation. C’est un véritable lien de solidarité entre les producteurs et les consommateurs. Car, même si les prix restent fixes, les paniers ne sont jamais les mêmes, ils dépendent des saisons et des aléas climatiques.

Ce qui fait dire à Jean-Marc Nurdin : Globalement les amapiens sont de véritables militants. Ils acceptent des contraintes fortes, car c’est particulier de ne pas choisir ce que tu achètes.

 

♦ Le choix du circuit court et de la vente directe


La stabilité financière procurée par l’AMAP a permis à Jean-Marc et Christiane Nurdin de laisser certains marchés plus éloignés, dès 2005. Ils ont pu alors concentrer leur activité sur un périmètre plus restreint, entre l’AMAP et le marché à Dijon et leur exploitation à Labergement-lès-Auxonne. Un véritable circuit court et de la vente directe qui rejoignent la philosophie des AMAP.

Actuellement, les cinq AMAP qu'ils fournissent ont des tailles et des structures différentes. L’AMAP "historique" est la plus importante. Elle compte 75 paniers et fédère autour de la distribution de légumes une dizaine de producteurs (œufs, miel, pain…). La plus petite regroupe 9 adhérents dans une entreprise dijonnaise.
Pour cette exploitation maraîchère de 7 hectares cela représente au total 160 paniers qu’il faut alimenter chaque semaine, en plus du marché. Des activités que le couple de maraîchers a trouvé complémentaires, ce qui leur allait bien.

Travailler avec une AMAP n’a pas qu’une finalité économique, c’est aussi un choix humain et éthique.

Avec les AMAP nous avons fait de belles rencontres. Cela nous a permis de nous faire des amis, alors que vivre à la campagne aurait tendance à isoler. Jean-Marc Nurdin

Mais tout cela n’est pas sans contrainte pour le maraîcher. Cela oblige à beaucoup produire, régulièrement, diversifier les légumes pour éviter les paniers monotones, aller les livrer.
 

♦ L'heure de la transmission


Avec le temps, pour Jean-Marc et Christiane Nurdin, représentants de la première génération des AMAP, le travail est devenu plus difficile. Ils ont dû choisir entre le marché et les AMAP.

Même s'ils sont très attachés à la richesse humaine que leur a apportée cette expérience, ils veulent alléger leur charge de travail et retrouver de la liberté. Une souplesse que leur permettent les marchés.

La contrainte de production va être diminuée, car ce qui n’est pas produit ne sera pas vendu.  S’ils veulent partir un week-end, ils le pourront. Alors qu'actuellement Jean-Marc participe à la distribution d’une des AMAP tous les samedis matin. 
Pour lui cela va de soi, car "c’est comme un truc de famille".
Et comme avec une famille, on ne s’arrête pas sans s’inquiéter de la suite.
Pour Jean-Marc, il était donc évident de mettre en relation les amapiens avec de nouveaux producteurs, pour que cette aventure puisse continuer.

Bien sur, il ne s’agit pas d’un transfert marchand et ce sont les AMAP qui au bout du compte vont choisir leur producteur. Mais c’est quand même bien une véritable transmission, morale et militante, vers de jeunes maraîchers qui reprennent le flambeau de leurs aînés.
 

 
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