L'exécutif a présenté mercredi 6 mai un plan de soutien pour le secteur de la culture, et le patrimoine vivant. Mais d'autres métiers d'art souhaiteraient eux aussi bénéficier d'une certaine attention, comme par exemple les métiers liés au patrimoine et à sa préservation.
"Je veux qu'on lance un grand programme de commandes publiques" a dit le Président de la République, le 6 mai.Mais il semblerait que le patrimoine soit un peu oublié, Stéphane Bern s'en est inquiété ce jeudi 7 mai devant le Sénat, plaidant pour "un new deal" du patrimoine rural, proposant aussi la réouverture des sites, et pour désigner les sites 2020 bénéficiaires du Loto du Patrimoine.
Néanmoins, Stéphane Bern a évoqué qu'il s'agissait "d'un simple malentendu". Le gouvernement présenterait dans les prochains jours des annonces spécifiques pour le secteur.
La Région, attentive au patrimoine
Si l'Etat ne montre pas pour l'instant d'intérêt pour le patrimoine, la Région Bourgogne-Franche-Comté, elle, demeure attentive.Ainsi, Guy Bédel, délégué régional bénévole à la Fondation du Patrimoine, a déclaré à France 3 Bourgogne qu'il souhaitait "relancer la machine" lui aussi : "nous sommes en partenariat avec la Région Bourgogne-Franche-Comté qui prend ces choses très au sérieux."
Ainsi, il précise que : "L'attractivité, c'est aussi de l'économie, je cherche des financements pour relancer l'activité et l'attractivité, des savoirs-faire que l'on souhaite préserver, animer et mettre en valeur.
On aide au financement de travaux de restauration auprès de propriétaires privés, comme des collectivités. On finance de l'activité pour les entreprises."
L'état des lieux des projets dans la Région
Guy Bédel a listé les projets bénéficiant de la "Mission Bern" mais pour lesquels un complément est attendu, et pour d'autres, un démarrage.- 3 projets de 2018 auraient besoin de complément de financement : La Poterie de la Montagne au château de Saint-Honoré-les-Bains, le château de Rochefort à Asnières en Montagne, laMaison de Sévigné à Bourbon Lancy
- un projet de maillage 2018 attend de connaître son financement : la Tour de l'Ancien Hôpital du Saint-Esprit à Besançon
- 3 projets de maillage 2019 (édifices protégés) attendent une décision de financement de la part du Loto du Patrimoine : Busserotte et Montenaille (21), l'Abbaye de Baume-les-Messieurs (39), Lutrin à Autun.
Guy Bédel a rappelé que les réponses liées au choix des projets emblématiques pour 2020 sont aussi toujours en attente.
Ne pas oublier les artisans d'art
Pierre-Alain Parrot, maître-verrier, créateur et restaurateur de vitraux, est dans l'attente du redémarrage des chantiers. Il a été appelé pour celui de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris (dépose des vitraux en urgence), mais tout est pour l'instant arrêté.Interrogé par France 3 Bourgogne, il nous a signalé que le travail avait repris dans son atelier en début de semaine, à la demande de ses équipes. Une reprise en effectif réduit, mais un salarié a présenté des symtômes de Covid-1, le maître-verrier a stoppé à nouveau son activité.
"Nos métiers sont très fragiles"
Première crainte, les délais
Ce qui est pour l'instant la préoccupation immédiate du chef d'entreprise, c'est la possibilité de reprendre le travail.
Pierre-Alain Parot a déclaré : "La reprise va être compliquée à cause des délais. Les chantiers d'Etat vont reprendre, mais on ne sait pas quand. On a eu une commande de restauration pour le bâtiment de la Cour d'Appel de Dijon, qui est prévue de démarrer au lendemain du déconfinement. On ne peut pas s'engager sur les délais actuellement."
Seconde crainte : les budgets
La préoccupation principale de Pierre-Alain Parrot reste :"Que vont être les subventions 2020, pour l'entretien du patrimoine bâti, classé ou inscrit, alors que l'Etat a fait des efforts considérables sur tout le reste ?"
Et de résumer la situation ainsi : "Nos métiers sont très fragiles, car nous dépendons à 99% de la commande publique. Si elle baisse, il y a une mise en danger de ce patrimoine extraordinaire."
La reprise des chantiers risque aussi d'être "compliquée", car selon lui "Le guide de préconisations de sécurité sur les chantiers, où il y a une co-activité importante, va impacter leur efficacité. Qui va supporter le surcoût de ces chantiers ?"