Repos végétatif perturbé dans les vergers, croissance désordonnée pour les légumes d'hiver… La météo clémente de ces dernières semaines a chamboulé la nature. Les agriculteurs attendent donc avec impatience le retour du froid.
Pourquoi les producteurs de légumes sont-ils inquiets ?
Les fêtes de fin d'année ne sont déjà pas une période faste pour les producteurs de légumes d'hiver : poireaux, navets, chou. Cette année, c’est pire : alors que la surproduction s'annonce, les températures plus élevées ne favorisent pas le commerce."Les gens sont un peu déboussolés et les ventes ne sont pas en adéquation avec ce qu'on pourrait espérer. Aujourd'hui, il faudrait presque plus avoir de la tomate que du poireau", déclare Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France.
De plus, pour les maraîchers, les températures plus élevées favorisent la précocité de certaines productions et chamboulent le calendrier commercial. Ainsi, "les températures trop clémentes ont provoqué une pousse excessive de la salade dans le Midi". Et comme ce sont des produits qui ne sont pas stockables et ne se conservent pas éternellement, une partie de la production part au "broyeur", explique le président de Légumes de France.
"Beaucoup de production est arrivée en même temps alors qu'on aurait dû avoir un échelonnement et il risque d'y avoir des manques dans certaines cultures au mois de janvier-février, notamment pour les salades ", assure-t-il.
Quelle est l’ambiance dans les vergers ?
Dans les vergers, "pour l'instant il n'y a pas d'inquiétude" souligne pour sa part Bruno Dupont, président de l'Association interprofessionnelle des fruits et légumes frais (Interfel). "Mais, on commencerait à s'inquiéter si on n'avait pas un retour du froid dès les premiers jours de l'année, car alors on n'aurait pas la période de dormance des arbres", nuance-t-il. Les arbres fruitiers, comme les poiriers ou les cerisiers, ont en effet besoin d'une période de températures négatives d'au moins quelques semaines pour permettre l'arrêt de la montée de la sève et garantir ainsi une bonne floraison au printemps suivant.Bruno Dupont espère que le dicton "Noël au balcon, Pâques au tison", ne se vérifiera pas, "car les arbres pas reposés redémarreraient beaucoup plus tôt et ce serait catastrophique qu'il gèle quand les poiriers seront en bouton".