Attentat du Bataclan : la famille de Cédric Gomet porte plainte avec d'autres familles de victimes

Pourquoi des militaires présents près du Bataclan à Paris le soir du 13 novembre 2015 n'ont-ils pas eu le droit d'intervenir ? Dénonçant l'absence de réponse "précise" depuis les attentats, une trentaine de victimes et familles ont décidé de porter plainte. 

Cette plainte "est quelque chose de nécessaire", a affirmé à l'AFP Sébastien Gomet, frère de Cédric, originaire de Foucherans dans le Jura. Agé de 38 ans, architecte à Lyon et frère de Cédric qui a été tué au Bataclan, Sébastien Gomet précise qu' "il fallait à un moment donné être un déclencheur et nous avons accepté de tenir ce rôle". Dans ce reportage de France Télévisions, Sébastien Gomet explique les raisons pour lesquelles il a décidé, avec sa famille, de porter plainte.  


Cet aspect de la sanglante soirée pendant laquelle un commando jihadiste a tué 130 personnes à Paris et Saint-Denis - dont 90 dans la salle de concert du Bataclan - indigne depuis près de trois ans victimes et familles de victimes.
En l'absence de réponse satisfaisante, une trentaine de victimes ou proches de victimes de l'attentat du Bataclan ont décidé de déposer plainte contre X vendredi à Paris pour "non-assistance à personne en péril", ont annoncé leurs trois avocats, Jean Sannier, Océane Bimbeau et Samia Maktouf.

Cette démarche vise à faire ouvrir une enquête pour "établir les responsabilités des décisions qui ont été prises" et pour que "l'Etat clarifie les missions de l'opération Sentinelle" menée par les militaires, a précisé à l'AFP Me Bimbeau.
"La force Sentinelle a été créée après les attentats de l'Hyper Cacher et Charlie Hebdo (en janvier 2015) et, moins d'un an après, elle se retrouve dans son rôle de protection des populations civiles en cas de menace terroriste et on nous explique que c'était normal de ne pas intervenir. Il faut qu'on nous explique à quoi sert cette force", a-t-elle poursuivi.

 Le soir du 13 novembre, alors que trois jihadistes prennent en otage les spectateurs au Bataclan, huit militaires du 1er régiment de chasseurs de Thierville (Meuse) de l'opération Sentinelle s'étaient retrouvés parmi les premières forces de sécurité sur place, aux côtés de policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) du Val-de-Marne.

Equipés de fusils d'assaut Famas leur permettant davantage de répondre aux kalachnikov des preneurs d'otages que les policiers uniquement dotés d'armes de poing, les militaires n'ont jamais obtenu l'autorisation d'intervenir dans la salle où plusieurs centaines de personnes étaient prises au piège.

C'est un commissaire de police et son chauffeur qui ont pénétré à l'intérieur, abattant l'un des jihadistes, avant l'intervention, plus de deux heures plus tard, des forces d'élite de la police, Raid et BRI.

- "Légitime" -

Devant une commission d'enquête parlementaire sur les attentats du 13 novembre, les pires jamais commis en France, un officier de la BAC du Val-de-Marne a raconté
avoir demandé l'autorisation de les faire intervenir.
"Il a expliqué avoir reçu pour réponse de la Préfecture de police de Paris: +Négatif, vous n'engagez pas les militaires, on n'est pas en zone de guerre+. L'un des militaires
lui aurait également indiqué qu'il ne pourrait engager le feu, faute d'avoir reçu un ordre en ce sens", explique le rapport de cette commission.

Respectant les règles militaires, les soldats avaient également refusé de prêter leurs fusils d'assaut aux policiers.

En audition devant la commission parlementaire, le ministre de la Défense de l'époque, Jean-Yves Le Drian, avait rappelé que les unités de Sentinelle dépendaient de l'autorité du Préfet de police.

"On leur a interdit une intervention physique, c'est-à-dire de rentrer (dans le Bataclan), mais aussi le prêt de matériel médical de premiers secours à des policiers", ajoute Samia Maktouf, estimant qu'"on n'aurait peut-être pas empêché la mort de 90 personnes mais au moins évité des hémorragies qui ont donné la mort".

Les avocats pointent aussi la responsabilité du gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Le Ray, qui lors de son audition avait déclaré qu'il "est impensable de mettre des soldats en danger dans l'espoir hypothétique de sauver d'autres personnes".

"Sa réponse a été aussi froide et violente qu'inacceptable", déplorent-ils dans leur communiqué. "C'est inaudible, et moralement criminel", a ajouté Océane Bimbeau:
"On sait que ce sont dans les dix premières minutes qu'il y a eu le plus grand nombre de victimes".

Pour l'association de victimes Life for Paris, qui n'a pas pris part "pour l'instant" à la plainte, la question de la non-intervention des militaires est "tout à fait légitime", a déclaré à l'AFP son président Arthur Dénouveaux. Malgré les demandes répétées des victimes, le sujet n'a pas été inclus dans "l'enquête principale",
déplore-t-il.
Une nouvelle réunion entre les juges d'instruction en charge de l'enquête du 13-Novembre et les centaines de parties civiles est prévue le 12 juillet à Paris.

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