Depuis 7 heures ce matin, 90% des 141 salariés de l'usine RKS, située à Avallon dans l'Yonne, sont en grève. Ils protestent contre la fermeture du site envisagée par la direction fin 2022.
Le couperet est tombé pour les 141 salariés du site RKS à Avallon. Ce matin, lors d'un comité social et économique extraordinaire, la direction du site SKF Avallon a présenté aux partenaires sociaux puis aux salariés un projet de réorganisation au terme duquel la production des couronnes d’orientation serait transférée du site d’Avallon à celui de Saint-Cyr-sur-Loire, en Indre-et-Loire. Ce qui signifie l’arrêt totale de l'activité à Avallon fin 2022 et une fermeture définitive du site début 2023.
Selon Frédéric Bouilly, directeur du site d'Avallon, 63 postes devraient être créés localement sur le site de Saint-Cyr-Sur-Loire dans le cadre de ce transfert. "L'ensemble des personnes qui seraient volontaires pour aller rejoindre ce site là seraient prioritaires. La direction souhaite accompagner l'ensemble du personnel en discussion avec les élus et et représentants pour réflechir et trouver les meilleures solutions pour leur permettre de rebondir."
La direction a engagé en parallèle une recherche de repreneur. "S'il n'y a pas de repreneur d'identifié, on arrêterait nos activités fin 2022 et le site fermerait définitivement à la fin du premier trimestre 2023."
De là à dire que ce serait une fermeture totale, non, on ne s’y attendait pas.
Les représentants du personnel s'attendaient à une mauvaise nouvelle mais pas à une fermeture définitive du site comme nous l'a confirmée par téléphone, Christophe Ferreira, délégué syndical FO. "On s’attendait à ce qu’il y ait des annonces concernant des réductions de coûts ou de postes. De là à dire que ce serait une fermeture totale, non, on ne s’y attendait pas."
Une entreprise en difficulté depuis 2016
Le site SKF Slewing Bearings d’Avallon est une filiale du groupe suédois SKF, un groupe industriel qui a plus d’un siècle d’existence et qui emploie 45 678 salariés sur 103 sites de production répartis dans 24 pays.En France, SKF possède plusieurs usines. Celle de l’Yonne est spécialisée dans la production de roulements d'orientation, c'est-à-dire d’éléments qui assurent des mouvements de rotation sur les tunneliers ou les excavatrices par exemple. La production du site d’Avallon est destinée principalement à l’exportation sur le marché asiatique.
Cela fait plusieurs années que l'usine icaunaise doit faire face à des difficultés. "Dès 2016, notre nouvel expert comptable du CSE a tiré la sonnette d'alarme sur la vétusté des machines,", explique Christopher Ferreira. "On ne peut pas faire face à la concurrence car on a des machines pourries. Au lieu de faire une pièce en une heure, on la fait en huit heures. A aucun moment, on ne pouvait être compétitif. Ils nous ont maintenu en vie parce que jusqu’à aujourd’hui, il n’y avait pas le site de Saint-Cyr en place mais maintenant il l’est."
Suite à cette annonce, les salariés se disent aujourd'hui écoeurés. "Ils sont dégoutés. On s’est tous retroussés les manches. On a fait des heures supplémentaires. On travaille quarante heures et demi par semaine. On travaille le samedi matin et même le dimanche. On a mis en place des équipes pour les week-end. Ce n’est même pas légal ce que l'on fait. Malgré tout ça, il n’y a pas de résultats. Tout cela n‘a servi à rien", déplore Christopher Ferreira.
On nous a menti depuis plusieurs années.
Pour le maire d'Avallon, Jean-Yves Caullet, "cette décision est directement lié à une stratégie de regroupement de toutes les activités d'Avallon vers le site de Saint-Cyr-sur-Loire. Cette stratégie ne vient pas de sortir. Cela fait plusieurs années que cela dure."
Pour l'ex-député, les choses sont claires, la direction n'a jamais dévoilé sa stratégie pour l'avenir du site. "On nous a menti depuis plusieurs années parce que nous savons maintenant que les activités d'Avallon vont être transférées sur un site où l'on investit depuis des années pour les acceuillir".
Le préavis de grève est illimité. "On ne discute même pas de la reprise pour le moment". Les délégués du personnel se sont concertés cet après-midi et réfléchissent à la suite. Une réunion avec la direction était prévue en fin d'après-midi.