Baromètre de la pauvreté : le Secours populaire de Bourgogne-Franche-Comté lance "un cri d’alerte"

Dans un contexte d’inflation, le baromètre de la pauvreté Ipsos et Secours populaire confirme une précarité accrue au sein de la population française. Une situation d’urgence dont sont aussi témoins les antennes locales à différentes échelles. La région Bourgogne-Franche-Comté et le département de la Haute-Saône voient même arriver de nouveaux profils, preuve d'une aggravation de la situation, sans toutefois avoir plus de moyens.

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Moins d'un Français sur deux déclare parvenir à mettre de l’argent de côté et près d’un sur cinq vit à découvert, chiffre en hausse de 3 points par rapport à l’année dernière. Voici les résultats du baromètre de la pauvreté de l’institut Ipsos et de l’association Secours populaire, publié ce mercredi 6 septembre, pour la 17ème année consécutive. 

“Notre région est le reflet de ce qui est publié. C'est exactement la copie”, confirme Monique Augé, présidente du conseil de région du Secours populaire Bourgogne-Franche-Comté : “Le nombre de personnes qui frappent à nos portes a augmenté de 20 à 30% en un an.” Elle précise toutefois que les inscriptions sont actuellement en cours et que la situation, dans un contexte inflationniste, pourrait évoluer rapidement, même si elle reste persuadée que la précarité “va s’aggraver”

Partout, la nécessité de se serrer la ceinture 

Même constat dans le département de la Haute-Saône, selon la secrétaire générale du Secours populaire, Dominique Dürrleman, qui fait état d’une “augmentation du nombre de personnes assez impressionnante”. En août, pourtant période de creux, l’antenne de Vesoul a accueilli 200 personnes de plus qu’en 2022 et depuis fin 2019, la demande a même doublé, atteignant un pic à 1.243 personnes au mois de mai. Elle précise également que ces demandeurs viennent de plus en plus loin et d’au moins 47 communes différentes.

“Ce qui est frappant, c'est que l’on voit des personnes qui travaillent et qui toquent à nos portes, ce qui était plus rare avant”, souligne Monique Augé, également membre du conseil d’administration nationale de l’association. Dominique Dürrleman ajoute en ce sens qu’il s’agit souvent de petits contrats, de temps partiels, de personnes dont les dossiers de demandes d’aides sont bloqués par les délais souvent longs, voire de services sociaux qui appellent à l'aide pour les personnes placées. “Depuis deux ou trois ans, c’est flagrant”, indique-t-elle.

Des témoins du terrain

Outre l’alimentaire, la précarité touche aujourd’hui tous les secteurs de la vie quotidienne, notamment l’énergie, la santé ou les loisirs. “Les personnes nous énumèrent l’ensemble des difficultés : “je n’arrive pas à faire trois repas, je n’ai pas payé la facture d'électricité, j’ai la rentrée scolaire”, décrit Monique Augé. 

Autant de retours qui vont dans le sens des chiffres du baromètre : parmi les 996 personnes représentant un échantillon représentatif de la population et interrogées en juin dernier, 45% peinent à payer certains actes médicaux, 45% des dépenses d’énergies et 43% pour consommer des fruits et légumes frais. Le tout avec une augmentation globale de 4 à 6 points en un an. Près d’un Français sur trois rencontre même des difficultés pour s’alimenter trois fois par jour. Chez les foyers les plus modestes, dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1.200 monte à 57%. 

5 euros par jour de reste à vivre

Un autre chiffre à mettre en avant est la façon dont les gens estiment le revenu en dessous duquel une personne vivant seule peut être considérée comme pauvre en France. Ce seuil de pauvreté subjectif moyen se situe cette année à 1.377 euros net par mois, soit 114 euros de plus qu’en 2022. “Nous, on a des gens qui sont dans le négatif ou qui quand on fait le reste à vivre ont moins de 5 euros par jour et par personne. On a énormément de gens dans cette situation”, réagit Dominique Dürrleman, à la fédération depuis 2008. 

Pour le Secours populaire, faire face à cette demande croissante se complexifie, d’autant que l’association a des difficultés pour trouver des locaux et que les dons financiers ont tendance à baisser du fait de l'inflation, même chez les donateurs de longue date. “On se demande ce que l’on va pouvoir inventer de nouveau comme initiative pour pouvoir aider les familles”, ironise Dominique Dürrleman, qui indique toutefois que personne ne sera refusé : “On partagera ce qu’on a, on donnera moins, mais c’est tout”, explique-t-elle. 

Un soutien fort demandé

“C’est insupportable qu’il y ait des personnes qui souffrent comme elles souffrent, qui n’arrivent pas à nourrir des familles, assène quant à elle Monique Augé : “Il faut que les pouvoirs publics répondent à nos sollicitations. À situation exceptionnelle, il doit y avoir des mesures exceptionnelles. Ils ont su le faire lors de la crise covid.” Depuis plusieurs mois, le Secours populaire alerte sur la précarité globale qui s’accroît, allant jusqu’à demander une réunion avec la Première ministre, Élisabeth Borne, ainsi que le président de la République, Emmanuel Macron. 

Un appel à l’aide aux secteurs public et privé a d’ores et déjà été lancé, mais l’association en Bourgogne-Franche-Comté reste pour le moment en attente. “C’est de leur responsabilité”, défend Dominique Dürrleman, notamment après la publication du baromètre qui vient “conforter nos alertes”, appui Monique Augé avant de conclure : “Il y a urgence et l’urgence, c'est maintenant, on est là dans un cri du cœur, un cri d’alerte. Nous demandons une réponse en septembre.”

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