Bernard Hudelot, surnommé le "pape des Hautes-Côtes de Nuits", a laissé en héritage des vins d'exception. Ce Bourguignon avait anticipé le réchauffement climatique, en choisissant d’exploiter des vignes situées en altitude dont personne ne voulait.
Bernard Hudelot, le défenseur des Hautes-Côtes de Nuits
A l’heure où s’ouvre la 4e édition du festival Street Art on the Roc à Villars-Fontaine, en Côte-d’Or, nombreux sont ceux qui ont une pensée pour Bernard Hudelot, mort le 10 août 2019.#VillarsFontaine hommage de la confrérie #SaintDenis à Bernard Hudelot #Bourgogne #LaKarriere #LeBanBourguignon Un peu de folie bourguignonne, ça fait du bien ! pic.twitter.com/OCFVncrX6A
— Alain Houpert (@alainhoupert) August 16, 2019
Ce Bourguignon au caractère bien trempé faisait partie de ceux qui ont porté ce projet un peu fou : transformer en lieu artistique une ancienne carrière de pierre de Comblanchien, située à 3 km de Nuits-Saint-Georges et 20 km de Beaune.
C’est ainsi que tous les ans, lors du festival Street Art, on peut voir des artistes, installés sur des nacelles à plusieurs mètres de hauteur, créer des fresques monumentales sur les parois de ce qu’on appelle désormais La Karrière. Le public peut aussi assister à des spectacles son et lumière, écouter des concerts, participer à des dégustations, etc.
Bernard Hudelot, qui était né à Villars-Fontaine en 1942, multipliait les projets pour mettre son village à l’honneur. "Il avait une mission à remplir. Pour lui, la Karrière, la confrérie étaient des éléments importants qui participaient au développement du territoire", dit Pierre Lignier, maire de Villars-Fontaine.
En altitude, on a moins de problèmes liés au stress de la vigne
Bernard Hudelot restera surtout dans les mémoires pour ses talents de vigneron et de vinificateur.Après avoir exercé diverses activités, dont celle de prof de mathématiques, il décide de revenir dans son village natal à 26 ans.
Avec son frère Henry, dans les années 1970 il décide de réhabiliter des vignes à l'abandon. A contre-courant de ce qui se faisait, Bernard Hudelot va replanter dans les Hautes-Côtes de Nuits, à 400 mètres d’altitude, là où le climat est plus froid.
Or, à l’époque, "quand les conditions climatiques étaient plus froides, plus difficiles, les grands crus étaient situés dans les zones les plus abritées, en altitude basse", expliquait-il dans un reportage sur France 3 Bourgogne. C’est ainsi que la production des grands vins rouges avait été déplacée dans la Côte de Nuits, 100 mètres plus bas.
Mais depuis, les années qui ont passé ont donné raison à celui qui apparaît comme un prophète.
"Avant, il était vu comme un fou", rappelle Mathieu Piecourt, directeur commercial du Domaine de Montmain. "Mais, de plus en plus, notamment chez les jeunes générations, il est vu comme quelqu'un qui avait prédit ce qui allait se passer."
En effet, "aujourd'hui on le voit bien, le réchauffement climatique a lieu et on se rend compte qu’en altitude, on a moins de problèmes liés au stress de la vigne. Il a eu une vision, c'était de parier sur des vignes dont personne ne voulait."
#Bourgogne RiP #BernardHudelot, #Vigneron hors norme #visionnaire #wine https://t.co/Z4v1HPQq4p
— YolandeCoentMargerit (@yolandecoent) August 13, 2019
Bernard Hudelot, qui avait suivi des études de biologie et d’œnologie et donné des cours de génie œnologique à l’université de Dijon, participait aussi à de nombreux projets. Notamment celui des "Vignobles de l’impossible": des vignes plantées à Tahiti, au Gabon, en Birmanie, en Chine... Un Bourguignon passionné et atypique, qui ne laissait personne indifférent.