La vaccination contre la Covid-19 commence dans les Ehpad en France, depuis le 27 décembre. En Bourgogne, un établissement pour personnes âgées est pour l'instant concerné. Pour les familles comme pour les résidents, la question de se faire vacciner se pose.
Les vaccinations en Ehpad débutent en France, depuis le 27 décembre. C'est le cas dans l'Ehpad de Champmaillot à Dijon, qui compte 250 résidents. Dès le premier jour, trois personnes ont reçu le traitement dans cet établissement pour personnes âgées. Elles sont parmi les premières à être protégées contre le Coronavirus, dans la région. A l'heure du début des vaccinations, pour les familles et les résidents, la question se pose d'accepter ou non ce traitement.
Le vaccin ne me fait pas peur, il peut nous protéger. C'est mieux pour ma famille : j'ai plus peur pour eux. Il y a déjà un des enfants qui est mort du Coronavirus. Il n'en faudrait pas un deuxième.
"J'ai perdu mon frère de 70 ans des suites du Covid-19, il y a quinze jours. Si je pouvais me faire vacciner, je me ferais vacciner aussi", explique Joëlle Mauvais. Pour cette dijonnaise, faire vacciner sa mère qui réside en Ehpad, c'est une nécessité. Elle est catégorique : "Ma mère est tout à fait d'accord pour se faire vacciner. De toute façon, ça fait quelques années qu'elle se fait vacciner contre la grippe".
La mère de Joëlle Mauvais vit dans cet Ehpad, depuis le printemps dernier. C'est justement à ce moment-là que la première vague de Covid-19 éclate en France. Dès lors, Simonne Goni ne se pose pas de question. La résidente de 97 ans tient à ce qu'on la vaccine : "Le vaccin ne me fait pas peur, il peut nous protéger. C'est mieux pour ma famille : j'ai plus peur pour eux. Il y a déjà un des enfants qui est mort du Coronavirus. Il n'en faudrait pas un deuxième" argumente la femme.
Quelques chambres plus loin, la famille Miressou est du même avis. Frédéric rend visite à sa mère de 90 ans, à l'occasion des fêtes de fin d'année. Il est accompagné de sa fille. Tous les deux pensent que la vaccination est une solution pour pouvoir visiter leur proche, comme avant.
"Ma mère ne comprend pas ce qui se passe actuellement : elle est embétée par ce masque et le fait de ne pas pouvoir se promener dehors avec nous. Quand elle sera vaccinée, elle pourra sortir de nouveau de l'hôpital : on va pouvoir de nouveau se promener avec elle et la ramener chez elle, dans sa maison. Elle pourra faire ce qu'elle aime : cuisiner son omelette aux champignons, refaire du piano", note Frédéric.
La fille de Frédéric, quant à elle, est en revanche plus mesurée : "Étant donné qu'il n'a pas été testé sur les personnes de plus de 65 ans, on ne sait pas trop ce que ça va donner à long terme. Mais il a été certifié et autorisé : je pense que c'est une solution pour nous soulager, et un risque en moins pour ma grand-mère".
Certains sont réservés, quand d'autres sont fermement opposés au vaccin. C'est le cas pour quelques résidents de l'Ehpad, à l'image de Jacqueline. Ses enfants sont d'accord pour qu'elle reçoive le traitement, mais la résidente de 88 ans campe sur sa position : "J'en ai parlé avec mes enfants : moi je n'étais pas pour cette vaccination, et eux n'étaient pas de mon avis. Les enfants se font vacciner, alors il faut que je le fasse. Mais ces vaccins-là, on ne sait pas ce qu'il y a dedans", se désole Jacqueline.
Consentement préalable et obligatoire
La vaccination est conditionnée à l'accord des résidents eux-mêmes, puis des familles. Cette procédure est stricte et encadrée, de l'avis du médecin de l'Ehpad. "Nous demandons en premier lieu l'avis du résident lui-même, et ensuite nous contactions les familles. Depuis la fin de la semaine dernière, nous les recontactons de nouveau, pour nous assurer qu'elles sont bien d'accord pour la vaccination, après leur avoir expliqué les contradictions et leur avoir exposé les effets indésirables", détaille Laurence Vaillard.
A la suite du recueil du consentement, les résidents volontaires sont reçus une dernière fois en consultation de "pré-vaccination". C'est l'occasion de faire les dernières vérifications, avant que les patients ne reçoivent le traitement.
Tous les résidents ne vont pas se faire vacciner : "70 réponses positives" ont été reçues par Laurence Vaillard, médecin de l'Ehpad de Champmaillot. "Cela peut paraître peu, mais en fait, nous avons des résidents qui viennent d'avoir le Covid-19. Ceux-là n'entrent pas dans le champ de la vaccination en première phase : nous n'avons alors pas contacté les familles pour parler de la vaccination", justifie la médecin.
Au final, 27 personnes reçoivent réellement le vaccin, d'après Laurence Vaillard : "Une première moitié le 29 décembre, et l'autre moitié le 30 décembre". Aussitôt la question des résidents atteints du Covid-19 réglée, la médecin de l'établissement doit aussi composer avec les familles et les résidents opposés à la vaccination.
Pour leur répondre, Laurence Vaillard mise sur le dialogue : "Je pense qu'on préfère attendre qu'on ait plus de recul, et d'avoir vacciné nos 27 premiers résidents pour parler aux familles aussi. Peut-être que ce qui leur parle le plus, c'est l'expérience : nous comptons vraiment sur cette phase de vaccination pour qu'elles apprécient eux-mêmes la façon dont ça se passe, qu'elles voient tout le suivi des événements indésirables et le peu d'effets indésirables qu'on peut avoir".
L'équipe de l'Ehpad compte contacter les autres résidents et familles, au début de la prochaine campagne de vaccination. Elles doivent se tenir début janvier, après une livraison supplémentaire de vaccins.