Bourgogne : où en est le niveau des réserves d'eau ?

Après un été et un début d'automne 2019 marqués par la sécheresse, les pluies de la fin d'année ont permis d'apporter de l'eau aux sols, aux lacs et aux nappes phréatiques. En Bourgogne, la situation revient doucement à la normale.

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Il a plu cet automne en Bourgogne, et ces précipitations étaient attendues après une période de sécheresse qui s'est étirée du début de l'été jusqu'au mois d'octobre. Dès novembre, l’Yonne, la Nièvre et la Saône-et-Loire se sont retrouvées en situation nettement bénéficiaire, alors que la Côte d’Or était plus dans les normales de saison.

Mais les premières pluies n'ont pas contribué tout de suite à recharger les réserves : la végétation et les sols, extrêmement secs, ont d'abord capté l'eau. Ce n'est qu'après quelques semaines que les niveaux ont commencé à remonter.

Le début d'hiver est pour le moment humide et favorable à la reconstitution des stocks. Mais il faudra encore du temps et des précipitations répétées pour remplir de nouveau les réserves, notamment certaines nappes phréatiques affectées par la succession des épisodes de sécheresse ces dernières années.


Les nappes phréatiques


Au premier janvier, les nappes phréatiques dans la région sont revenues à un niveau "moyen à modérément haut", selon Manuel Parizot, directeur régional du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), chargé de leur suivi.

En Bourgogne, le BRGM surveille près de 80 points de forage. Sur une trentaine d'entre eux, les données sont recueillies depuis plus de 20 ans et permettent d'avoir un historique fiable. Au mois d'octobre, ces points affichaient des niveaux "bas" voire "très bas".
 


"Les pluies des dernières semaines ont bien fait remonter les niveaux, au-dessus de ce qu'on avait en 2019 et en 2017 notamment, et à peu près équivalents à ceux de 2018, précise Manuel Parizot. Le déficit que nous avions à la sortie de l'été a été rattrapé en partie."

La situation pourrait encore s'améliorer si les précipitations devaient se poursuivre cet hiver. Mais les données enregistrées en ce début 2020, proches de la moyenne de ces 20 à 30 dernières années, devrait déjà retarder l'apparition de niveaux très bas par rapport à 2019.
 

Les retenues artificielles

Le lac de Pannecière

Dans la Nièvre, le lac de Pannecière stocke actuellement 43 millions de mètres cubes d'eau, sur les 80 millions de sa capacité, soit un remplissage de 54%. "C'est un remplissage conforme aux objectifs de saison", précise Odile Rhodes, directrice du barrage. 


"En novembre, nous avions un sous-stockage de 5 millions de mètres cubes. Mais en décembre, il y a eu deux épisodes de crues successifs en amont à cause de cumuls de pluies. Nous avons pu remplir, dépasser un peu les prévisions pour écrêter les crues, et depuis nous sommes revenus aux objectifs."

Janvier s'annonce encore humide et devrait permettre au lac de poursuivre sa remontée. L'ouvrage a en effet deux rôles : protéger le bassin aval et notamment Paris des crues période hivernale, et soutenir le débit de l'Yonne et de la Seine l'été. Le niveau devrait donc continuer à monter jusqu'au 15 juin environ.


Les retenues gérées par Voies navigables de France (VNF)

"Nous sommes aujourd'hui à près de 56% de remplissage, contre autour de 20 à 30% à la même période l'an dernier", expose Jean Guillermin, Responsable du service Exploitation, maintenance, environnement et hydraulique.

"Ce n'est pas si mal vu la situation d'où l'on revient, avec une saison 2019 très compliquée, qui s'est traduite par des fermetures de canaux à l'été. On retrouve des niveaux qu'on a habituellement à cette période de l'année."
 


Les retenues de l'Yonne alimentant le canal de Briare (Saint-Fargeau, Moutiers, lac du Bourdon) sont les plus en retard, avec seulement 44% de remplissage, en raison d'une sécheresse plus intense et plus prolongée en 2019.

Celles du canal du Centre (Montceau-les-Mines, Le Creusot) atteignent 60% de leur capacité.

Les retenues du canal de Bourgogne (Grosbois, Panthier, Pont-et-Massène...) pointent à 64%, sauf Chazilly qui atteint 15%, en cours de vidange pour des travaux de confortement.

"Nous sommes un peu rassurés, développe Jean Guillermin, mais il faut encore qu'il pleuve. C'est vraiment maintenant et jusqu'à fin mars que les précipitations sont efficaces, alors qu'il n'y a pas encore d'évapo-transpiration, que la végétation est en sommeil et les sols bien humidifiés."


Les barrages gérés par EDF

En Bourgogne, les barrages gérés par EDF (Chaumeçon, Crescent) poursuivent leur remplissage de saison. En décembre, Chaumeçon était encore entre 40 et 60% de sa capacité quand le Crescent atteignait déjà entre 60 et 80%. Pas assez pourtant pour se comparer aux autres ouvrages hydro-électriques, qui eux atteignent cet hiver un niveau de remplissage "quasi historique", comme l'a indiqué lundi un dirigeant d'EDF.

"On a commencé avec une année sèche au début [en 2019] et depuis trois mois on a des apports importants, sous forme de neige dans les barrages d'altitude, mais aussi il y a eu beaucoup d'eau sur les barrages de moyenne altitude," a indiqué à la presse Marc Ribière, à la tête de la direction
"Optimisation amont-aval et trading" d'EDF, lors d'un point sur la situation hivernale, la saison des pics de consommation électrique en Europe.
 
Selon lui, "on a quasiment pour la saison un niveau de stock historique, environ 20% au-dessus de la moyenne pour un mois de janvier", soit "une forte opportunité (...) pour faire face à des vagues de froid pouvant arriver tardivement".
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