Bourgogne - Franche-Comté : les guides-conférenciers veulent continuer à nous raconter des histoires

Entre culture et tourisme, souvent avec des statuts professionnels précaires, ils sont la voix des monuments et de leurs histoires. Depuis mars 2020, pas ou peu de visites en groupes, une situation financière difficile et de l'inquiétude pour leur avenir et celui de leur profession. Témoignages.

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Guides, conférenciers, accompagnateurs de tourisme, ils sont selon leurs associations professionnelles entre 3.500 et 4.500 en France.

Charlotte, Alexandre ou Christelle sont guides-conférenciers « un métier de passion » selon Charlotte Glain-Fromont, Présidente de l’association de ces professionnels en Bourgogne – Franche-Comté.

Tous disent leur attachement à leur profession et… la difficulté de continuer depuis le premier confinement. 

Ils ne se lamentent pas, juste disent leurs inquiétudes face à un avenir très incertain. A cheval entre culture et tourisme, d’ailleurs, ils dépendent des deux ministères « Comme plus rien ne fonctionne, ni hôtels-restaurant, ni lieux, pour nous qui sommes en bout de chaîne, tout s’est arrêté… Nous faisons le lien entre lieux et cultures, cultures avec un S ! » raconte Charlotte Glain-Fromont.

Des statuts professionnels multiples

Déjà, un mot de leur statut ou plutôt leurs statuts. Charlotte exerce ce métier en libéral, après avoir longtemps travaillé pour l’office de tourisme de Dijon : « Je travaille pour des agences de tourisme qui ont besoin de quelqu’un de confiance pour les groupes. Je suis prestataire de service. » 

Christelle Camuset a ce qu’elle appelle « un statut mixte » : « Je suis libérale en micro-entreprise, plus salariée payée à la vacation plus sous contrat CDD d’usage, à la mission, un peu comme des saisonnier. »

Alexandre Cailler s’estime, lui, privilégié : « Je suis l’un des rares guides qui s’en sort. » Il vient d’être embauché par les deux musées de Besançon, celui des Beaux-Arts et du Temps. De plus, il est chargé de l’entretien technique de l’horloge astronomique : « C’est manuel. Je dois la remonter tous les jours. Pour cette tâche, je suis rémunéré par les Monuments Historiques. » Il a aussi conservé son entreprise avec laquelle il poursuit ses visites habituelles, principalement le centre-ville de Besançon…

Une année 2020 brisée en plein élan pour Alexandre, le Bisontin

Alexandre Cailler avoue avoir perdu au moins la moitié de ses revenus sur l’année 2020 : « On a vu Besançon devenir une ville touristique depuis 2018. L’année 2020 commençait si bien. Selon les prévisions, deux fois mieux que l’année précédente ! Puis, en mars, tout s’est arrêté, brutalement, plus de visites, plus de groupes… Mais l’été dernier, on a assisté à un tourisme local. On a vu venir des visiteurs de Franche-Comté, de Bourgogne, d’Alsace…Ce que je fais en ce moment ? Je prépare l’été justement, les parcours en ville avec l’office de tourisme. Je fais beaucoup de visites, même à la demande. Même avec deux personnes, c’est parti. Je ne vais pas me plaindre : je me promène et je raconte des histoires ! »

Et son temps partiel, 80 % aux musées bisontins, lui permet de vivre…il avoue travailler beaucoup car il prépare en vidéo les visites virtuelles. Il faut s'adapter !

... Christelle, la Haut-Saônoise

Christelle Camuset, qui habite en Haute-Saône, près de Gray, perçoit le fonds de solidarité : « Je ne me plains pas, ce fonds m’aide. Certains collègues ne touchent absolument rien. » Et même si elle n’assure pas de visites, elle travaille : « Avec Destination 70, l’agence de tourisme du département, je prépare mon été. Je devrais faire des visites si… Oui, ce qui est difficile, c’est le manque de visibilité. Pour le moment, je n’ai aucune réservation. En général, je prends un groupe germanophone et je les emmène sur plusieurs jours à Besançon, Dole ou Dijon… avec Destination 70, je vais surtout dans des lieux de Haute-Saône pas trop connus, pas trop visités… »

Elle, elle s’inquiète de l’avenir de sa profession : « Je crains que beaucoup de guides-conférenciers vont se reconvertir. Ce serait vraiment dommage. »

Et Charlotte, la Bourguignonne

Elle ne sillonne donc plus la Côte d’Or, Dijon, Auxerre, Avallon ou Vézelay. Elle adore son métier : « Je raconte l’histoire, la vie quotidienne des gens. Ma spécialité, c’est la gastronomie, les vins et l’art de vivre à la bourguignonne. Et j’ai une période de prédilection : le Moyen-Age ! »

Guides, conférenciers, accompagnateurs de tourisme, ils sont selon leurs associations professionnelles entre 3.500 et 4.500 en France.

Charlotte Glain-Fromont, guide-conférencière

Elle aime organiser des visites originales : « oui, qui sortent des sentiers battus. J’ai proposé une Saint Valentin, à Dijon, pour des couples, uniquement pour des couples… c’était des histoires d’alcôve, romantiques ou beaucoup moins ! On a bien ri ! »

Elle travaille également en ce moment, même si elle n’a pas de groupes envoyés par les agences de tourisme. Elle aussi, elle prépare l’été en espérant que... Elle nous promet même « Une visite à Dijon et à Beaune, je garde la thématique secrète mais on va beaucoup rire… »

Une raison supplémentaire pour souhaiter très fort que la vie reprenne comme avant !

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