Coronavirus Covid-19 : les exportations de vins de Bourgogne menacées

Des salons annulés, des restaurants fermés dans certains pays et des commandes qui commencent à fléchir. Pour les professionnels du vin en Bourgogne, l’épidémie de Coronavirus Covid-19 pourrait coûter cher.

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"Notre directeur commercial à Hong-Kong ne bouge plus de chez lui." Laurent Delaunay est le président du Groupe Badet à Nuits-Saint-Georges, spécialisé dans la commercialisation des vins à l’international. Il constate la chute d'une partie de son activité. "En Asie, depuis le début de l’épidémie, les affaires ont été complètement stoppées, explique-t-il. En Chine, les restaurants, les magasins sont fermés. L’activité est au point mort. Beaucoup de nos interlocuteurs se sont mis en chômage technique." Le chef d'entreprise réalise normalement près de 20 % de son chiffre d’affaire en Asie. Résultat, pour lui, aucune commande en Asie depuis 3 semaines.
 

Annulations en série

Pour le marché européen, la situation est à peine plus optimiste. Ces dernières semaines, tous les grands salons consacrés au vins ont été annulés, à commencer par le plus importants d’entre eux, le salon Prowein à Düsseldorf en Allemagne. C’est là que se donnent rendez-vous les professionnels du secteur et que se négocient les contrats. En Bourgogne, "Les Grands jours de Bourgogne" prévus du 9 au 13 mars ont également été annulés. En 2018, plus de 2000 professionnels du vin étaient venus rencontrer un millier de viticulteurs et négociants bourguignons.

"Ces grands salons sont stratégiques", analyse Jérôme Baudoin, rédacteur en chef de la Revue des vins de France. "C’est durant ce premier semestre que les grands acteurs de la filière font leur marché pour l’année à venir. Les grandes maisons de Bourgogne pourront trouver des alternatives. Ils peuvent prendre l’avion pour aller rencontrer leurs importateurs, mais cela donne un coup de frein." "Ce sont des opportunités qui sont perdues de présenter nos vins, nos nouveaux millésimes, de préparer nos futures commandes", ajoute Laurent Delaunay.

"On voit depuis une quinzaine de jours un ralentissement des commandes en France" - Laurent Delaunay


Pour les plus petits acteurs, prendre un jet privé pour une commande n'est pas si simple. Le report des salons des vignerons indépendants pourrait aussi être préjudiciable. Ceux de Paris et Bordeaux, prévus dans les prochains jours ont été reportés en juin. "A Paris en 3 jours, ce sont plusieurs milliers de visiteurs qui viennent", détaille Jérôme Baudoin. "Pour un vigneron indépendant, ne pas avoir ce genre de salon, cela peut être problématique en terme de chiffre d’affaire".

"On voit depuis une quinzaine de jours un ralentissement des commandes du marché traditionnel en France, les cavistes et la restauration notamment. Mais cela ne touche pas encore la grande distribution" complète Laurent Delaunay. "Le ralentissement est assez fort, 25 à 30 % de baisse en février par rapport à l'année précédente", estime-t-il même s'il est difficile de dire si le coronavirus est la seule raison de cette baisse.  
 

La Bourgogne, pas la plus touchée

"La chance qu’a la Bourgogne, c‘est que ses vins connaissent un grand succès", nuance le rédacteur en chef de La Revue des Vins de France.  "En ce moment, le Bourgogne, ça se vend tout seul. L’impact sera moins dur que pour une maison du Languedoc ou de Bordeaux pour lesquelles les vins ont plus de mal à se vendre."

Ce qui n’est pas expédié aujourd’hui le sera demain ! - François Labbé


Du côté du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) , on se veut également plutôt optimiste. "Il y a un ralentissement de la propagation [du covid-19] en Chine et en Corée. Ce qui n’est pas expédié aujourd’hui le sera demain !", veut croire le président du BIVB, François Labbé.
 

Brexit, taxe et désormais Covid-19

S'il est encore tôt pour chiffrer le coût de l’épidémie,  "l’impact va se mesurer d’ici 4 à 6 mois, au moment des livraisons", explique Jérôme Baudoin.

Reste que l’épidémie de Coronavirus arrive alors que la conjoncture internationale est déjà très défavorable pour les exportations de vins de Bourgogne. Brexit, Taxe Trump et maintenant coronavirus. "Cela ajoute à l’incertitude globale. Je n’ai jamais connu une telle accumulation de nuage noir au dessus de notre métier", conclut Laurent Delaunay.
 
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