Coronavirus Covid-19 : des masques pour les soignants… fournis par Decathlon

La direction du magasin Decathlon Dijon Quetigny vient de faire un don de masques de sport au CHU de Dijon. Une initiative prise par l'enseigne dans toute la France.

Masques de plongée, lunettes de protection et ponchos. Ces produits de sport viennent d’être offerts par Decathlon afin de protéger le personnel soignant et les patients dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19.

Tout a commencé en Italie, pays européen le plus rapidement touché par l’épidémie, autour de l’hôpital de Gardone Vol Trompia, près de Brescia (nord du pays). 500 masques avaient été offerts par la branche italienne de Decathlon. Des soignants ont collaboré avec une entreprise basée à Brecia, Isinnova, pour les adapter au monde médical.
 

Sebastien Mirek, médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Dijon, qui fait partie de la SFAR (Société française d’anesthésie et de réanimation), explique la genèse du projet : "On s’est posé la question de comment mieux protéger les soignants et quel dispositif utiliser pour les patients. On a échangé avec les collègues réanimateurs en Italie, notamment ceux de Bergame et c’est là qu’on a fait le lien avec le dispositif de masques snorkeling. Ils nous ont envoyé leur dispositif pour qu’on puisse travailler dessus." Le praticien s’est ensuite rapproché d'ingénieurs biomédicaux.

Des masques « pour voir et respirer dans l’eau comme sur terre »

Ce sont notamment des masques de snorkeling - exploration subaquatique avec masque et tuba - « Easybreath » (« respiration facile » en français) qui ont été donnés. Vendus 25 euros sur le site, ce produit commercialisé depuis 2014 recouvre intégralement le visage. Son slogan, "Voir et respirer dans l’eau comme sur terre !", ne pourrait pas mieux s'appliquer à la période. 

Sur le site, impossible désormais de les commander car la vente a été bloquée par la marque. La branche française a décidé depuis lundi 30 mars de réserver ses 30 000 masques en stock au personnel soignant. Une adaptation est néanmoins nécessaire pour pouvoir être porté par les soignants.
 
 

On a échangé avec l’expérience des ingénieurs italiens et l’expertise des ingénieurs biomédicaux.
 

Des masques à adapter

Non utilisables en l’état, il a fallu apporter des adaptations. Sebastien Mirek travaille donc actuellement avec des imprimeurs 3D qui sont en train d’imprimer les pièces nécessaires. Un laboratoire de l’université de Bourgogne travaille notamment sur le projet. "Pour les soignants, il faut adapter un filtre que l’on met à la sortie du tuba et il faut un adaptateur pour cela. Pour le patient, c’est le même dispositif : il faut adapter le masque au respirateur. On a échangé avec l’expérience des ingénieurs italiens et l’expertise des ingénieurs biomédicaux."

Ces masques arrangés sur mesure devraient être répartis entre les blocs opératoires et le service de réanimation d’ici la semaine prochaine, voire dès ce week-end.

Une longueur d’avance

C’est donc les Italiens qui ont servi de modèle et qui permettent à la France d’anticiper. "Eux n’ont pas eu le choix. Ils se sont retrouvés avec un afflux de patients et plus de matériel du tout. Il ont dû s’adapter rapidement. Nous, à l’inverse, depuis le départ on utilise le retour d’expérience de terrain des confrères. On a encore des respirateurs, des masques et si le nombre de patients continue d’augmenter, on aura une longueur d’espace", estime le réanimateur.

Avec des respirateurs, des soignants et des personnes volontaires, le médecin pense en avoir pour longtemps. "On est toujours mieux préparé dans l’anticipation. Je crois beaucoup à l’intelligence collective et là c’est un bel élan de solidarité collective."

Des lunettes de VTT et des ponchos

Parmi les autres produits donnés, des lunettes de VTT, des lunettes de natation et des ponchos qui serviront de blouse s’ils sont validés. Du matériel qui permettrait de se protéger des projections.

Sebastien Mirek se veut reconnaissant envers le directeur du magasin, Nicolas Pedron. "Tous les actes de solidarité nous apportent du courage et de la force : les applaudissement, les dessins, les petits mots sur les réseaux sociaux, dans la presse. […] On a besoin de tout le monde. On a eu des actions de dons, de repas, de restaurateurs. On passe notre vie à l’hôpital donc ce sont des intentions qui nous touchent", dit-il avant de se préparer à un nouveau week-end de garde, encore un. Il n’en a pas vu un passer depuis un mois...