Depuis le lundi 16 mars 2020, les écoles, collèges, lycées et universités français sont fermés. Mais les cours ne s'arrêtent pas pour autant, puisque les élèves ont accès aux cours en ligne. Après une semaine d'école à la maison, quel premier bilan peut-on tirer ?
Entre les jeux, l'appel du lit ou les autres tentations qui peuvent exister à la maison, les élèves ont du faire un peu de place pour leurs cahiers et ordinateurs. Comme les plus grands, ils ont été invités à se mettre au télétravail. Ou plus précisément aux cours sur internet.
D'abord, le temps de la découverte
Pour les professeurs comme pour les élèves, les premiers jours de la semaine dernière ont été ceux de la découverte. « Les plateformes existaient déjà, mais les collègues n’avaient pas l’habitude de s’en servir » explique le secrétaire régional de l’UNSA Éducation, Bruno Gueho.
En premier lieu, ce sont les enseignants qui ont dû se familiariser avec les outils avant de pouvoir satisfaire les élèves. Certains étaient déjà sur le pont dès le lundi, pour d’autres en revanche la mise en route aura duré plusieurs jours. Nina Palacio, du syndicat SNUipp-FSU développe :« Les enseignants ont dû récolter tous les contacts de parents qu’ils n’avaient pas et cela a parfois pris plusieurs jours ».
Un certain temps a donc été necessaire pour s’approprier les différents outils pédagogiques en ligne. Et pour que les outils s’approprient à leurs utilisateurs.
En effet, quelques problèmes informatiques sont venus déranger les premiers jours de travail. Les plateformes n'étaient pas préparées à recevoir autant de monde et des bugs sont venus paralyser les cours.
"Le nombre très important de connexion a entrainé des dysfonctionnements. Ils sont en cours d'être résolus. Les collectivités ont aidé financièrement la société prestataire de l'ENT (NDLR: environnement numérique de travail) "ECLAT BFC" afin de résoudre les problèmes de surcharge du réseau, en travaillant sur une optimisation de l'interface." informe le rectorat.
Privilégier les révisions des acquis plutôt que l'apprentissage
« Ce n’est pas l’école, les parents ne sont pas des enseignants et ils prennent conscience de la difficulté du métier, de la patience que cela demande. » prévient Nina Palacio. Les programmes envoyés et les devoirs demandés sont avant toute chose, une manière de maintenir un lien avec l'école. Ils relèvent de la révision des acquis plutôt que de l'apprentissage. « On ne leur apprend pas des choses nouvelles, il ne peut pas y avoir de construction collective du savoir comme nous le faisons en classe » poursuit l'enseignante.
Des dictées envoyées par message vocal, à des vidéos en passant des tchats façon jeu-vidéo, chaque enseignant est libre d'utiliser le support qu'il préfère. Et les ressources pédagogiques ne manquent pas entre Ma classe à la maison, Lumni.fr la plateforme de l'audiovisuel public ou encore Educ'ARTE proposé par la chaîne éponyme.
Parmi eux, certains se creusent déjà la tête pour se montrer toujours plus créatifs et sortir des standards de l'enseignement en salle de classe. Pour les plus jeunes, ils proposent également s'instruire autrement que par l'école en participant aux tâches quotidiennes, s’essayer à des expériences scientifique, faire un peu de cuisine. « J’imagine que la situation et les outils peuvebt évoluer, mais il faut que ça reste de l’ordre des révisions et que le temps restant soit consacré aux arts ou aux sciences par exemple. » continue l'enseignante.
La crainte de voir les inégalités se "creuser"
Pour Nina comme pour beaucoup d'autres enseignants et syndicats, la principale crainte est de voir les inégalités se creuser entre les élèves. Que cela soit lié aux conditions de vie ou à l’incapacité des parents à venir en aide à leurs enfants, tous n'ont pas la chance d'avoir accès à l'école à la maison. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles, les professeurs préférent privilégier la révision des acquis plutôt que l'apprentissage.
" Si on fait croire que l’école continue on risque de creuser les inégalités entre les élèves. Certains vont en souffrir et la reprise va être encore plus difficile." s'inquiète t-elle. Son confrère renchérit :
" Le grand souci, ce sont les élèves éloignés de l’école. Les directeurs d'école doivent lister ces élèves pour mettre en place des dispositifs qui leur permettent de prendre connaissance des tâches demandées ".
En ce sens, des aides se mettent progressivement en place. Il est notamment prévu que les familles dépourvues de connexion internet puissent avoir accès aux cours via des versions papiers. Pour celles ne bénéficiant pas de matériel informatique, elles peuvent, une fois par semaine, venir dans l'établissement scolaire pour récupérer les documents de travail nécessaires à la continuité pédagogique de leur(s) enfant(s).
Si la mise en route fut quelque peu longue, il semblerait que le train se mette en marche. Et gare à ne laisser personne à quai.