Depuis lundi 16 mars 2020, l'école a lieu à la maison partout en France. Une grande nouveauté pour les 275 000 écoliers, collégiens et lycéens de Bourgogne ! Face à cette situation inédite, les enseignants et les chefs d'établissement se montrent rassurants.
Inventivité et difficultés techniques
Dans la conférence de presse tenue par les autorités ce mardi 17 mars, Nathalie Albert-Moretti a tenu à saluer le travail des enseignants. "Je voudrais les remercier pour leur grande inventivité et réactivité. Ils se sont mobilisés très vite pour rivaliser d'imagination et pour mettre en place des modalités distancielles d'enseignement", a ainsi déclaré la rectrice de l'Académie de Dijon.
Le rectorat reconnaît des dysfonctionnements et arrêts temporaires d'ECLAT, l'environnement numérique de travail de BFC, face à l'afflux de connexions. Le pic aurait lieu entre 9h et 11h. "Nous travaillons avec notre fournisseur, la société Kosmos, sur une utilisation en mode dégradé de la plateforme. Il y aurait peut-être moins de fonctionnalités mais les élèves pourraient se connecter et y trouver l'essentiel. C'est l'affaire de quelques jours.", précise-t-on au Rectorat.
Rassurer les élèves et leurs parents !
D'ailleurs, la communauté éducative se veut rassurante en cas de difficultés de connexion. "J'ai écrit aux élèves et à leurs parents dès hier dans ECLAT pour les tranquilliser. Je leur ai dit : "si vous ne parvenez pas à vous connecter, cela n'est pas une question de codes erronés mais de trafic sur la plateforme. N'insistez pas, vous le ferez à un autre moment.", explique Patrick Geantot, principal du collège Clos-de-Pouilly à Dijon, qui a reçu également aujourd'hui quelques coups de fil de parents mais aussi d'élèves soucieux.
"L'autre grosse inquiétude, c'est les notes ! J'ai donc rassuré tout le monde. Il n'y aura pas de devoir noté pendant cette période, tout au plus des auto-évaluations pour que l'élève voit ce qu'il a assimilé ou pas. Le maître-mot est la bienveillance. La priorité est de retrouver tous les enfants et tous les enseignants en bonne santé à la reprise des cours.", poursuit ce chef d'établissement.
Pour autant, les élèves doivent continuer de travailler depuis chez eux. Le ministre de l'Education nationale a été très clair : ce n'est pas des vacances ! "Ces deux derniers jours, je les ai sentis présents, stimulés et, en même temps, avec un grand besoin de réassurance.", analyse Christelle Aublin, professeure de Français au collège Paul-Fort d'Is-sur-Tille. Depuis hier, cette enseignante a mis en place une classe virtuelle sur internet où elle peut parler avec ses élèves, projeter des documents, à l'heure habituelle du cours. Très peu d'entre eux ont manqué à l'appel.
"Je leur ai conseillé de conserver le même rituel que s'ils allaient au collège : se lever, petit-déjeuner, se préparer et, au début des cours, se connecter pour collecter l'ensemble des consignes et des documents mis en ligne par leurs professeurs. Leur emploi du temps doit être bien en vue pour garder en tête le déroulé de la journée. Je leur ai aussi dit de s'aérer, de sortir régulièrement dans leur jardin ou sur leur balcon.", détaille cette enseignante.
Christelle Aublin insiste sur la notion de plaisir dans les apprentissages à sacraliser. Elle conseille aux parents de ne pas être trop sur le dos des enfants : "attention à l'effet cocotte-minute. Si les parents s'inquiètent sur le fait que leurs enfants réussissent leur année, qu'ils tentent de ne rien laisser paraître. On n'en est pas encore là ! Il faut faire confiance aux enseignants et aussi aux élèves ! Avec ce confinement, ils vont grandir, gagner en maturité et en autonomie. Et certains pourront aussi apprendre à leur propre rythme. Cela serait au moins un point positif dans toute cette crise."
L'exemple de Ninon, 11 ans
Ninon a 11 ans. Cette élève de 6e étudie au collège Paul-Fort d'Is-sur-Tille en Côte-d'Or. Mais, en ce lundi 16 mars, pas de lever matinal, pas de ramassage scolaire ! Les cours ont lieu à la maison via internet en raison de l'épidémie de Covid-19 qui a poussé les autorités à fermer les établissements scolaires. Une grande première, elle nous raconte !
8h30, deux heures de maths au programme
L'enseignante a donné rendez-vous à la classe de Ninon sur l'espace numérique de travail (ENT) du collège. Un lien a été fourni pour accéder à une classe virtuelle. Et cela marche au grand soulagement de la collégienne qui est vissée derrière un ordinateur, des écouteurs dans les oreilles ! Une dizaine d'élèves sont connectés, la caméra n'est pas activée mais le son passe parfaitement. Au programme, une leçon et des exercices sur les fractions."C'est un peu comme à l'école. Si on veut parler, on appuie sur un petit gugusse qui lève la main. Quand la prof nous donne la parole, on ouvre son micro et on pose sa question. Ce qui est marrant, c'est quand quelqu'un oublie de couper le micro. On entend les bruits de réfrigérateur ou de robinet qui coule chez les autres", sourit Ninon.
Les cours s'enchaînent
Français, anglais... les matières s'enchaînent. Certains professeurs préfèrent utiliser le cahier de texte en ligne ainsi que la messagerie pour travailler avec leurs élèves. Chaque enseignant termine son message par un petit mot gentil : "ne stressez pas", "faites au mieux", "bravo pour vos efforts".11h, Ninon saute sur le téléphone portable pour envoyer un texto à ses copines. "Plus de connexion, ça marche chez toi ?". Rassurée d'apprendre que d'autres n'arrivent plus accéder à l'ENT du collège, elle s'interroge : "y a peut-être trop de monde en même temps sur le réseau ?"
Dernière heure, la tête dans les planètes
La jeune fille s'exclame : "Ouh là, je ne savais pas qu'on devait se connecter pour ce cours-là aussi. Heureusement que je regarde !". Elle met les bouchées doubles non seulement pour la leçon mais aussi pour les exercices. Aucune inquiétude, tout est également noté dans le cahier de texte en ligne.
"J'ai trouvé ça sympa parce que c'est nouveau. Travailler avec un ordinateur, ça fait un peu adulte. Mais si ça dure longtemps, je ne sais pas si je continuerais à aimer. L'école, ça nous apprend aussi la vie sociale. Et là, on est loin de nos amis et de nos profs.", conclut Ninon.