Alors que de plus en plus de villes annoncent leur intention de ne pas diffuser les matches de la Coupe du monde 2022 de football sur grand écran, Dijon fait elle le choix de ne pas boycotter la compétition. Elle dénonce tout de même les violations des droits humains au Qatar. La question reste en suspens à Chalon-sur-Saône.
En football, on appelle ça un contre-pied. Alors que depuis quelques jours, la liste des villes refusant de faire la promotion de la Coupe du monde, au nom d’idéaux humanitaires et environnementaux ne cesse de s’allonger, Dijon a décidé ce mercredi 5 octobre de ne pas boycotter la compétition. En cas de parcours réussi de l'équipe de France, elle diffusera les rencontres sur écran géant.
François Rebsamen, le maire de la commune, s'oppose donc à ses confrères de Paris, Lille, Marseille, Besançon ou encore Bordeaux. "C’est il y a 12 ans, au moment du choix du pays organisateur, qu’il fallait émettre les plus vives protestations", explique la mairie de la ville dans un communiqué.
Dijon dénonce tout de même les violations des droits humains au Qatar
Dijon pourrait alors diffuser la demi-finale et la finale de la compétition, en cas de qualification des hommes de Didier Deschamps. Petit détail, les rencontres ne seraient pas diffusées en plein air en raison des conditions météorologiques.
Car cette année, la compétition se tiendra du 20 novembre au 18 décembre. C’est la première fois de l’histoire de la Coupe du monde que le tournoi se tiendra à cette période de l’année. Depuis 1930, le mondial s’est toujours déroulé entre les mois de juin et de juillet. Mais en raison du climat au Qatar, les organisateurs ont décidé d’adapter le calendrier.
À quelques semaines du début de la Coupe du monde 2022 attribuée au Qatar en 2010, la démagogie fait son apparition [...] Curieusement, aucune voix ne s’est élevée en 2018, lors du Mondial en Russie, alors même que l’armée de Poutine avait annexé la Crimée.
François Rebsamen, communiqué officiel
Si elle prend le contre-pied de plusieurs autres grandes villes de France, Dijon précise tout de même que les "violations des droits humains lors de la construction des sites au Qatar sont inacceptables et déplore l'aberration écologique et climatique".
En 2018, Dijon avait déjà fait le choix de projeter les matches des Bleus en demi-finale et en finale, réunissant près de 4 500 spectateurs à chaque fois. C'était au Zenith de Dijon.
Mais en Bourgogne, les autres municipalités n’ont pas encore pris position officiellement. Fan zone ? Pas fan zone ? Petit tour de la région pour en savoir plus sur le choix d'Auxerre et de Chalon-sur-Saône.
Pas d’écran à Auxerre
Auxerre ne diffusera pas les matches, mais pas pour des raisons idéologiques. Contactée, l’équipe municipale nous indique : "ce n’est vraiment pas un sujet pour nous. On n’a pas prévu d’installer d’écran, mais il n’y a pas de boycott. Ce n’est pas une opposition, c’est juste une question pratique".
En cause, la période durant laquelle se tient le mondial. "C’est en décembre quoi, grince-t-on du côté de la mairie. Il fera froid, donc on n’a vraiment pas prévu d’organiser ça dans notre budget".
Du côté d’Auxerre, le choix de ne pas diffuser la compétition reine du football international sur écran géant est en tout cas définitif. Même en cas de bon parcours des Bleus. "De toute façon vous croyez vraiment qu’on va aller au bout avec une telle équipe ?", s’amuse-t-on du côté de la mairie.
En 2018, les Auxerrois avaient pu suivre la finale de la Coupe du monde entre la France et la Croatie au stade de l'Abbé-Deschamps.
Nevers renvoie la balle aux instances internationales
Côté Nièvre, la position de la ville de Nevers rejoint celle de Dijon. La municipalité dispose depuis cet été d’un écran géant qui permettra de diffuser à moindre frais l’évènement sportif, et d’accueillir une fan zone pouvant contenir jusqu’à 1.500 spectateurs. « Les joueurs de l’équipe de France se seront entraînés et donnés du mal. S’ils atteignent les quarts de finale, nous suivrons le reste du Mondial sur notre esplanade », explique Denis Thuriot, le maire de Nevers, pour qui l’évènement est l’occasion d’offrir un moment de joie et de cohésion sociale à ses administrés dans un monde toujours plus anxiogène.
« On ne souhaite ni être démago ni faire de la récupération, rebondit-il, et ce n’est pas aux élus de terrain de porter la responsabilité des questions déontologiques, en lieu et place des instances internationales qui désignent des lieux aussi absurdes que le Qatar ou l’Arabie Saoudite pour accueillir le Mondial de football ou encore les Jeux asiatiques d'hiver de 2029… On marche sur la tête ! ».
Chalon est encore en pleine réflexion, Mâcon n'a pas tranché
En 2018, la France vibre à la vue du parcours des hommes de Didier Deschamps en Russie et les fans zones poussent comme des champignons sur tout le territoire. La ville de Chalon-sur-Saône suit alors le mouvement en diffusant les rencontres des coéquipiers de Kylian Mbappé sur un écran géant.
Ainsi, pour la demi-finale des Bleus face à la Belgique, 5 200 personnes se rassemblent au square Chabas où la rencontre est diffusée. 4 ans plus tard, la mairie n’a pas encore tranché sur l’installation d’un écran géant. "On étudie le projet au niveau financier, idéologique et logistique", nous confie-t-on.
Selon la municipalité, des devis sont en train d’être réalisés pour jauger le coût d’un tel investissement. Ce n’est qu’après avoir discuté avec l’ensemble de ses partenaires et de ses adjoints que le maire de Chalon, Gilles Platret, tranchera.
Toujours en Saône-et-Loire, la commune de Mâcon estime qu'il est encore trop tôt pour faire un choix. La mairie avisera en fonction du parcours des Bleus. En 2018, la ville de naissance d'Antoine Griezmann avait réuni au Spot 4 500 supporters pour la finale du mondial.
Enfin Nevers, n'a de son côté pas répondu à nos sollicitations. Mais indice, la commune avait fait le choix il y a 4 ans de ne pas diffuser les matches des Bleus, aussi bien pour des questions logistiques et financières que par volonté de favoriser les bars et restaurants de la commune.
Pourquoi certaines villes boycottent-elles la Coupe du monde ?
Pour rappel, certaines villes font le choix de boycotter la compétition en raison notamment du traitement infligé aux travailleurs immigrés. Selon les chiffres officiels, trois personnes ont trouvé la mort dans le cadre de la construction des huit stades du tournoi.
Mais l’Organisation internationale du travail (OIT) avance dans un rapport le nombre de 50 décès. The Guardian compte même dans une enquête 6 500 travailleurs migrants disparus depuis 2010, année où le Qatar a été désigné organisateur de cette Coupe du monde. S’ajoute également l’aspect écologique en raison de la construction de stades climatisés pour le déroulement des rencontres.