Y a-t-il des patients vaccinés qui font des formes graves de la maladie et sont en réanimation ? Non... à de rares exceptions près. Le constat est sans appel à l’hôpital de Mâcon.
Après une accalmie de quelques mois, de nouveaux patients arrivent dans le service de réanimation de l’hôpital de Mâcon mais leur profil a changé.
“Nous avons trois patients covid et les trois ne sont pas vaccinés”
Le docteur vient ausculter une personne entrée en réanimation. “Là, je rentre voir un patient qui a 44 ans, qui a contracté le covid et qui est dans une situation qui s’aggrave progressivement. Malheureusement il n’est pas vacciné et c’est vraiment une difficulté énorme aujourd’hui dans notre service”, explique Roland de Varax, chef du service réanimation.
Aucun patient actuellement en réanimation n’est vacciné. "Nous avons trois patients covid et les trois ne sont pas vaccinés. C’est compliqué parce que cela rend très difficile les soins des autres patients qui, légitimement, pourraient venir en réanimation pour être soignés, qui ne le peuvent pas et qui sont décalés dans le temps, du fait des patients non vaccinés, qui sont dans un état grave”, explique le docteur de Varax.
“J’étais en bonne santé, je ne fume pas et je fais du sport. Faites-vous vacciner!”
Ce patient, c’est Christophe, professeur des écoles. Non vacciné, il se croyait à l’abri. “Je n’ai pas attrapé le covid pendant un an et demi ... mais comme je travaille avec des enfants, je l’ai eu". Il n’est pas vacciné. Pour l'expliquer, il évoque “une perte de confiance envers les politiciens qui nous mentent à longueur d’année”.
Aujourd’hui hospitalisé son discours a changé : “je le regrette bien, je ne pensais pas en arriver là, en réanimation. Cela commence à aller un peu mieux mais ce n’est pas encore gagné. J’étais en bonne santé, je ne fume pas et je fais du sport. Faites-vous vacciner! ”, conclut-il.
Des soignants révoltés
Le profil des patients en réanimation a profondément évolué. “3 patients, des hommes jeunes et qui n’ont pas de comorbidité et de facteur aggravant. Deux ont 44 ans et le troisième à 69 ans. Ils n’étaient pas vaccinés et c’est le côté grave de la situation car sinon ils ne seraient certainement pas en réanimation”, précise le docteur Roland de Varax.
“Au fond de nous, on est très révolté devant l’inconscience de certaines populations françaises à ne pas se faire vacciner.”
Une prise de conscience tardive de certains de ces patients que déplore la majorité des soignants comme Aurélie Lecussan, infirmière dans le service depuis douze ans. ”Il n'y a que des personnes qui ne sont pas vaccinées, c'est un constat flagrant donc c'est vrai que pour nous c'est difficile à intégrer”.
Une population jeune qui s’est substituée aux personnes âgées des vagues précédentes.
“Les patients plus âgés… ce n’est pas la population qui vient”
Les patients plus âgés et vaccinés ne sont plus hospitalisés. “Tous les patients âgés que l’on avait à la première et deuxième vague, qui n’étaient pas vaccinés à l’époque, aujourd’hui le sont quasiment à 100 % donc ce n’est pas cette population qui vient. Cette population n’arrive pas jusqu’à la réanimation et si tant est qu’elle arrive jusque-là, au cas où la troisième vaccination n’aurait pas été faite, ils ne sont jamais dans un état grave et ils repartent très vite”, constate le chef du service réanimation de l'hôpital de Mâcon.
Un pronostic vital engagé
La risque de développer une forme grave est bien réel. “L’enseignement actuel c’est l’atteinte de sujets jeunes et à risque lorsqu’ils ne sont pas vaccinés, d’avoir des pronostics graves et même de décéder”, ajoute le docteur.
Les techniques de prise en charge des patients hospitalisés en réanimation ont évolué ce qui apporte un meilleur diagnostic. “Il y a eu des évolutions médicamenteuses et dans les techniques respiratoires. Ces deux évolutions permettent de mieux les soigner. La connaissance progressive de la maladie, du système immunitaire et des traitements qui progressivement s’améliorent, apportent un meilleur pronostic”.
Mais les chiffres concernant le covid-19 évoluent rapidement.
300 cas pour 100 000 habitants
La hausse rapide du taux d'incidence en Bourgogne Franche comté, aujourd'hui à 300 cas pour 100 000 habitants a contraint l'hôpital à rouvrir 24 lits en médecine polyvalente. 14 sont aujourd'hui occupés par des personnes jeunes sans antécédents mais non vaccinées.
Les chiffres en France
Au 2 décembre, le nombre moyen de nouvelles hospitalisations quotidiennes est de 790 nouvelles personnes (+ 32,77 % en 7 jours).
Le nombre moyen de nouvelles entrées en soins critiques quotidiennes est de 179 personnes (+46,72% en 7 jours).
Pour 100 000 habitants, 43,62 non vaccinées sont entrées en réanimation et 4,76 vaccinées au 14 novembre.