Pas facile de devenir propriétaire en 2023 ! Le secteur de l’immobilier traverse depuis plus d’un an une crise sur fond d’inflation, d’augmentation des taux d’emprunt, des coûts de construction importants et un foncier toujours plus cher. Et en Bourgogne, les propriétaires, les particuliers et les agences en font les frais.
Acquérir un logement, c'était le rêve de Stéphanie. Cette contrôleuse de qualité veut devenir propriétaire pour constituer un patrimoine pour ses enfants. Mais Stéphanie doit encore patienter. La banque lui a refusé son prêt de 85.000 euros, faute d’apport.
"Je suis forcément déçue, je ne pourrais rien laisser à mes enfants et ça pour moi c’était quelque chose de très important. Là, je paye des loyers et c’est perdu, alors que quand on est propriétaire, on a quelque chose à nous. Ce que je mets dans le loyer, je pourrais le mettre dans un crédit", regrette-t-elle.
Une baisse de 15% du nombre de transactions
Et Stéphanie n’est pas la seule. De plus en plus de Français ne sont plus en mesure d’acheter un bien. La faute à des taux d’intérêt très élevés, passant de 1 à 4% en un an et demi. "Cela signifie que si on emprunte 100 000 euros aujourd’hui, ça va coûter 45 000 euros, alors qu’il y a 18 mois ça aurait coûté 10 000 euros", explique Benoit Arrachart, consultant immobilier. "Une mensualité pour 100 000 euros, ça va être 600 euros alors qu’on était à 450 euros il y a 18 mois."
Conséquence : les ventes ont chuté. "À Dijon, on constate une baisse de 15% du nombre de transactions. On est dans une période d'inflation où le budget des clients est modifié. 15% de baisse, c’est pas mal mais on était sur trois années record du nombre de transactions au niveau national, on va retomber sur les standards d’avant Covid."
Aujourd’hui, on ne fait plus de vente aux prix sans négociation. Et l’acquéreur propose un prix parfois 10% en dessous de ce qui était prévu.
Benoît ArrachartConsultant immobilier
Aujourd'hui, les agences doivent adapter leur façon de travailler. "On essaye d’orienter les acquéreurs vers des courtiers pour qu’ils puissent définir des enveloppes correctement et après on propose des produits qui correspondent à leur enveloppe budgétaire. Avant, si on mettait une maison en vente, on pouvait avoir 20 visites en une semaine. Là, on va être sur cinq visites", poursuit Benoit Arrachart.
"On a bataillé pour avoir un prêt"
Après un an à pousser les portes de plusieurs banques, Annie a finalement obtenu son prêt. Il lui manquait 60.000 euros pour acheter la maison de ses parents. "On a beaucoup bataillé pour l'avoir. On a dû faire intervenir une courtière, ce sont des frais en plus mais c’était la seule solution."
Un retard qui a d'importantes conséquences financières. "On n’a pas eu la maison dans les conditions qu’on voulait. On voulait louer la maison derrière. On a perdu trois mois de loyer", assure-t-elle.
La location avec option d'achat : le compromis ?
Les propriétaires subissent aussi de plein fouet cette crise immobilière. Depuis un an, Thierry Ravel n’arrive pas à vendre cette villa burgonde de 260m², construite dans les années 90. "On rencontre des difficultés à la vendre compte tenu de la conjoncture économique. Elle a été mise sur le marché mi-mai, et les visites sont assez rares. On se pose des questions."
Soit on remet la maison dans les cartons et on la ressort dans un an en espérant un rebondissement du marché, soit on dégringole le prix mais ce n'est pas notre objectif compte tenu de tous les investissements sur cette maison.
Thierry RavelPropriétaire
Alors pour trouver un potentiel futur acheteur, Thierry a fait appel à une société qui propose la location avec option d’achat. Elle s’engage à lui trouver un locataire. Ce dernier a trois ans pour obtenir un crédit, lever l’option d’achat et devenir propriétaire. "Le bien ne va pas rester seul sans vie, ne va pas se dégrader. On ne peut pas se permettre de la laisser à l’abandon, ce serait dommage. Le prix est figé aujourd’hui et je sais qu’il sera payé à terme. Ça m'évite de voir une dégradation du prix, une baisse conséquente. Et compte-tenu des travaux, je ne peux pas me le permettre."
Le leasing immobilier parait donc comme une alternative pour accéder à la propriété. Mais il reste assez marginal, seuls 5 à 10% des dossiers sont acceptés.