L’application Sésame est testée depuis mars en Bourgogne. Le principe : en scannant un QR Code sur la devanture d’une église, vous obtenez un mot de passe éphémère qui vous permet d’entrer au sein de l’édifice. Un dispositif pour assurer la protection des biens au sein des lieux de culte.
C’est un geste qui devient de plus en plus fréquent dans notre quotidien. Au restaurant pour regarder la carte des plats, pour se connecter à un réseau WIFI ou bien pour ouvrir un site internet sur son navigateur. Mais désormais, scanner un QR Code va pouvoir vous servir à entrer dans un… lieu de culte.
En Bourgogne-Franche-Comté, dix édifices testent l’application Sésame. Tel Ali Baba face à sa précieuse grotte, lorsque vous trouvez porte close devant une église, il vous suffit de prendre en image les fameux motifs noirs et blancs. Un code éphémère vous est envoyé. Il faut ensuite le composer sur le digicode de l’église pour débloquer le verrou et enfin entrer. Au préalable, l’application vous aura tout de même demandé votre carte d’identité.
80 à 150 objets volés chaque année dans les églises
Une manière de rendre accessible les lieux de culte aux touristes tout en garantissant la sécurité des biens qu’on y trouve à l’intérieur. Car chaque année en France, ce sont entre 80 et 150 objets qui sont dérobés dans les églises selon le ministère de la Culture. Des biens qui terminent souvent sur le marché de l’art. Et les édifices ruraux sont souvent les plus touchés, car plus isolés.
"Les portes sont assez fragiles, on peut les ouvrir avec un coup d’épaule, ce qui ne sera pas le cas avec Sésame puisqu’il y aura une serrure qui résiste à 300 kg", explique Jean-Christophe Bonnard, délégué régional de la Fondation du Patrimoine qui a lancé le dispositif.
C’est important car on voit qu’il y a une tendance à l’accélération de ces vols. C’est un vrai souci
Jean-Christophe Bonnard, délégué régional de la Fondation du Patrimoine
Le système est testé dans notre région depuis mars dernier. L’église de Bligny-lès-Beaune (Côte-d’Or) fait partie des cobayes. Ces dernières années, Michaël Garraud, le prêtre de l'édifice avait tenté de laisser ouvertes les portes. Mais il avait constaté des dégradations et des vols. "Il y a parfois des personnes mal intentionnées. Il y a toujours un risque. On n’a pas le choix… il faut faire preuve de créativité. Là, on sait qu’il y a un système qui permet d’identifier les personnes", salue-t-il.
Un dispositif adapté aux visiteurs d'église ?
"Le but, c’est de faire découvrir le patrimoine local aux gens de passage. On est dans une région où les gens se déplacent pour découvrir le patrimoine. Et c’est toujours dommage de trouver une église fermée", ajoute Michaël Garraud.
L'application présente aussi un intérêt touristique puisqu'une fois à l'intérieur de l'église, on retrouve sur la plateforme des photos et informations historiques.
Le père Yves Frot de la paroisse de Beaune gère les lieux de culte de 29 communes. L’application Sésame va être testée sur l'un d'entre eux dès la semaine prochaine, à Bouze-les-Beaune. Le curé attend d’en voir les effets, notamment sur le nombre de visiteurs. "Je suppose qu’il y aura un bilan comptable des personnes qui vont venir. S’il y a cinq personnes dans l’année… S’il y en a une centaine, ça vaut la peine !".
Mais le prêtre se demande si le dispositif est adapté au public qui cherche à visiter les édifices religieux. "Ça complique un peu les choses. Quand on est en vacances, on n’a pas envie de s’embêter. On a envie d’entrer et de regarder", tempère-t-il.
La phase de test devrait s’étendre à 30 églises et édifices religieux bourguignons d’ici les prochaines semaines. D’autres régions comme l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Normandie ou la Bretagne sont intéressées par le dispositif.