Placé en alerte renforcée sécheresse depuis le 22 juillet, plus de la moitié du département subit des restrictions d'eau. Particuliers, entreprises, collectivités et agriculteurs s'adaptent. Pour préserver l'eau, des contrôles, menés par la police de l'environnement, ont commencé cette semaine. Reportage dans le Tonnerrois et le Chablisien.
Dans la petite commune de Tronchoy, à quelques kilomètres de Tonnerre, Jacques est agriculteur depuis 40 ans. En quelques semaines, il a vu ses champs se fissurer de partout : "Je n'avais jamais vu de telles failles et crevasses dans mes champs, aussi tôt dans l'été. Regardez ici, la crevasse est profonde d'au moins 25 centimètres". Après des moissons précoces cette année, avec une perte estimée des rendements d'environ 30 %, l'agriculteur craint pour les semis à l'automne : "Avec cette sécheresse et une terre dans cet état, ça va être compliqué de planter et d'obtenir des récoltes de qualité".
En attendant, Jacques espère qu'il pleuvra "au moins à la rentrée", car seulement huit millimètres de cumuls de pluie sont tombés pendant le mois de juillet.
Nous reprenons la route vers Tonnerre, pour faire une halte à la fosse Dionne, principale attraction touristique de la ville. À notre arrivée, de nombreux touristes sont là pour immortaliser un phénomène aussi surprenant qu'inédit : "la fosse Dionne est à sec", lance Michel, de passage dans la région.
C'est la deuxième fois que je viens ici, mais je n'aurais jamais pensé voir aussi peu d'eau. D'habitude, c'est bouillonnant, et l'eau rejaillit de la source, mais là, c'est un crève-coeur
Michel, un touriste de passage à Tonnerre
D'autant que la fosse Dionne, source dite vauclusienne, est habituellement alimentée par les eaux de pluie qui s'infiltrent avant de rejaillir. Aujourd'hui, elle est à sec, tout comme les cours d'eau de tout l'est du département de l'Yonne. Depuis vendredi dernier, quatre bassins sont en alerte renforcée sécheresse : le Serein, la Vanne, l'Armançon amont et aval, et le Cousin. Autant de secteurs autour desquels la préfecture de l'Yonne a décidé d'imposer des restrictions d'eau. Interdiction formelle d'arroser en journée, après 12 heures.
"Il faut expliquer pourquoi on contrôle l'eau. Quand on a des récalcitrants, on sanctionne"
Pour s'assurer que tous les acteurs respectent bien l'arrêté préfectoral, la police de l'environnement effectue des contrôles. Ce mercredi 27 juillet, dans le Chablisien, accompagné de la directrice de cabinet du préfet de l'Yonne, Guillaume Saingery de l'ONF cherche les indices. "La pelouse est bien jaunie. il n'y a aucune trace de dispositif d'arrosage. Visiblement ici, la collectivité respecte les restrictions d'eau".
Pour le deuxième contrôle, nous nous rendons dans la petite commune d'Hauterive, où se concentrent quelques champs de maïs. Des cultures qui ont besoin d'eau en ce moment. 10 heures 55, l'arrosage fonctionne. "C'est bien autorisé jusqu'à 12h, donc l'agriculteur respecte bien l'arrêté. S'il continue après 12h, il sera sanctionné", explique Guillaume Saingery.
Cet épisode de sécheresse intense devrait se poursuivre tout l'été dans l'Yonne, si bien que certains de ces secteurs déjà durement touchés pourraient même "passer en alerte crise, le seuil maximal", confie Marion Aoustin-Roth, directrice de cabinet du préfet de l'Yonne. Le plus souvent, l'arrêté est respecté "car aujourd'hui, tout le monde a conscience qu'il faut économiser l'eau. Il faut expliquer pourquoi on contrôle l'eau. Mais quand on a des récalcitrants, on sanctionne". Avant d'assurer que ces contrôles inopinés se poursuivront tout l'été, jusqu'à ce que l'épisode de sécheresse disparaisse ; certainement pas avant septembre ou octobre.