"Si on nous empêche de travailler, on est morts!" - L'inquiétude des producteurs de sapins de Noël du Morvan

Avec la fermeture des commerces "non-essentiels" pour cette période de reconfinement, une difficulté majeure se présente pour la saison hivernale de la vente des sapins de Noël. 

La filière des producteurs de sapins de Noël naturels est très inquiète, en ce début du mois de novembre. Habituellement, dans le Morvan, l'une des régions les plsu productrices de sapins de Noël en France, cette période donne le coup d'envoi de la taille et des expéditions de sapins. Frédéric Naudet, producteur de sapins dans le Morvan et président de l'association française du sapin de Noël naturel nous confirme ses inquiétudes.

Un marché de 6 millions de sapins

Sur l'Hexagone, ce sont 6 millions de sapins qui sont vendus chaque année. 80% proviennent de la production française. 

Frédéric Naudet est sans détour : "Depuis ce matin (lundi 2 novembre) la majeure partie des grandes chaînes de distribution ont suspendu leurs ventes de sapins de Noël. Si la mesure est confirmée, on ne fournira pas de sapins de Noël ! "

En jeu, la définition de la vente de végétaux comme un secteur "essentiel" par le gouvernement. Pour l'instant, mardi 3 novembre, ce n'est pas le cas ! Le réseau de vente de sapins s'appuie sur les grandes surfaces, les grandes surfaces de bricolage et cela représente 35% du volume des ventes des producteurs du Morvan.
La part vendue par les fleuristes ne représente quant à elle que 4% des ventes.

"Si le Premier ministre déclare que les rayons de fleuristerie et de produits végétaux ne sont pas essentiels, et qu'il interdit aux grandes surfaces de vendre ce type de produit, il ne restera plus beaucoup de commerces pour vendre du sapin de Noël" explique Frédéric Naudet.
 

"Si on ne travaille pas pendant ce mois-là, on est morts !"

Frédéric Naudet explique que, jusqu'à la semaine dernière, tout le monde pouvait vendre du sapin de Noël , "ce qui pouvait sauver notre saison." Maintenant, les producteurs sont dans l'attente de savoir si la vente de sapins va être considérée comme "produit essentiel" par le Gouvernement.

Les sylviculteurs concentrent leur chiffre d'affaires sur la vente des sapins de Noël exclusivement. Un travail de longue haleine qui se traduit par une course contre la montre à l'approche des fêtes de Noël, comme l'explique Frédéric Naudet : "On travaille, on produit, on soigne nos sapins pendant 10 ans, pour vendre nos sapins entre le 15 novembre et le 15 décembre. Si on nous empêche de travailler pendant ce mois-là, et bien on est morts !"

Le Président de l'association française du sapin de Noël redoute d'être pris de court, si la vente de sapins était autorisée à la fin théorique du confinement, le 1er décembre. Car c'est dès le début du mois de novembre que se joue la saison. "On anticipe, on prépare notre saison, on embauche du personnel, les premiers jours de novembre, on commence à couper, à emballer, à préparer, à livrer. Si le 1er décembre, on nous demande de fournir, on ne pourra pas fournir aux Français des sapins pour le 25 décembre. C'est aussi simple que cela."

Et le producteur de sapins du Morvan conclut de façon dépitée :
"Si le sapin de Noel n'est pas un produit essentiel, 6 millions de Français risquent d'acheter un sapin artificiel qui vient d'Asie du Sud-Est c'est un comble !"

Ce mardi 3 novembre, François Sauvadet, le président du conseil départemental de Côte d'Or (UDI) annonce avoir saisi le Premier ministre de la question de la distribution des sapins de Noël. Il demande également au Préfet et aux maires "de permettre aux producteurs de sapins de Noël naturels de bénéficier des circuits de commercialisation extérieurs habituels, à savoir les espaces de vente temporairement délégués par les enseignes nationales et les stands dédiés à la vente directe auprès des particuliers". "Si ces espaces de vente leur restent inaccessibles, il est à craindre que la plupart des producteurs ne s’en relèvent pas" estime l'élu.

Dans l'après-midi, la préfecture a répondu sur les réseaux sociaux appelant à acheter en jardinerie ou en centre commercial. Mais les ventes sur la voie publique sont interdites, précisent les services de l'Etat. 
 
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