La Bourgogne a accueilli plusieurs dizaines de migrants du Calais

Ce lundi 24 octobre a démarré une opération de grande ampleur destinée » à démanteler le plus grand « bidonville » de France, la jungle de Calais.

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Quelles sont les communes bourguignonnes qui accueillent des migrants ?

Dès le 1er jour, 3 communes ont été sollicitées :

Chardonnay en Saône-et-Loire. 22 migrants doivent être installés dans la soirée au centre d’accueil et d’orientation (CAO) du château de Montlaville à Chardonnay aujourd'hui. Le site accueille déjà une 10aine de réfugiés arrivés cet été. Un travailleur social supplémentaire est arrivé ces jours-ci pour travailler avec une travailleuse sociale présente elle depuis cet été à l'ouverture du centre.
Les 1ers réfugiés sont arrivés vers 17h, des hommes de 20 à 30 ans, d'origine soudanaise. Les jeunes hommes ont été dirigés à l'intérieur du CAO, où les attendaient, disposés sur des tables, draps et nécessaires à toilette.
Et c'est en Saône et Loire que les premières arrivées de migrants de Calais se sont faites en Bourgogne : à Chardonnay, où deux groupes de demandeurs d'asiles ont pris leurs quartier au château de Montlaville. Reportage de Fanny Borius, Anthony Borlot et Pascal Rondi avec Brigitte Maître de "Médecins du monde", Joëlle Chevaux, habitante de Chardonnay et Marlène Germain, directrice de cabinet du préfet de Saône-et-Loire ©France 3 Bourgogne


Digoin en Saône-et-Loire. 25 réfugiés seront accueillis ce lundi soir au CADA (Centre d’accueil de demandeurs d’asile) où vivent déjà 187 personnes.  Le CADA est une structure privée, gérée par ADOMA (ex-SONACOTRA) et financé directement par l’Etat. Le maire de Digoin, dans un communiqué a précisé que ce site « a une longue expérience des demandeurs d’asile » mais il regrette d’avoir été « mis « devant le fait accompli » et aurait souhaité une réunion de préparation.
Réaction de Fabien Genet, maire de Digoin (LR), au micro de Damien Boutillet et Romy Ho-a-Chuck ©France 3 Bourgogne

Villeblevin dans l’Yonne. Le bus est parti dans l’après-midi. Ses passagers seront accueillis en début de soirée au centre aéré « les Tilleuls » appartenant à la mairie du 12ème arrondissement de Paris. Dans cette commune, une réunion d’information avait été organisée vendredi dernier à destination des habitants. Une réunion houleuse au cours de laquelle le préfet avait dû rappeler que les réfugiés « ne sont pas des barbares » mais qu’ils fuient la Barbarie. Dans un communiqué, l’équipe municipale de Villeblevin a regretté toutefois n’avoir pas été informé plus tôt. Le site des Tilleuls accueillait les activités périscolaires ; elles doivent désormais être effectuées dans les salles de classe.
Les migrants envoyés dans l'Yonne, sont arrivés très tard hier soir à Villeblevin. Leur car s'était trompé de route... Une trentaine d'habitants massés autour de la colonie de vacances les ont accueilli chaleureseument. Reportage de Caroline Jouret, Damien Rabeisen et Eric Vial avec : - Muriel Guelpa, présidente association " Chaudron Arc-en-ciel" - Suzanne Acuti, habitante de Villeblevin - Béatrice Marquet, habitante de Villeblevin ©France 3 Bourgogne

Réaction de Jean Stefunko, adjoint au maire de Villeblevin (SE) au micro de Caroline Jouret et Damien Rabeisen. ©France 3 Bourgogne

Y aura-t-il d’autres communes concernées en Bourgogne ?


Le démantèlement de la jungle de Calais est prévu sur 3 jours. 5 à 6.000 personnes vivent dans ce camp à quelques dizaines de km de la Grande-Bretagne. D’autres départs de bus sont donc prévus. D’autres communes bourguignonnes pourraient être sollicitées. Elles en seront prévenues au dernier moment. Plusieurs sites, en Côte-d’Or, sont pressentis :
  • A Athée près d’Auxonne où un centre a déjà accueilli une 30aine de migrants l’an dernier
  • A Chevigny-Saint-Sauveur près de Dijon. 12 places seraient réservé dans les bâtiments de l’AFPA
  • A Dijon. Le maire François Rebsamen a rappelé qu’il s’était engagé à recevoir environ 85 personnes. Mais aucun lieu n’a été précisé.
En Côte d'Or, les cars en provenance de Calais ne sont pas encore annoncés mais des centres d'accueil et d'orientation ont été identifés par la préfecture. Reportage de Tiphaine Pfeiffer, Gabriel Talon et Carlos Zappala avec des images de Calais ce matin, une intervention de Christiane Barret, préfète de région et de Côte d'or, des images du CAO d'Athée, de l'AFPA de Chevigny-Saint-Sauveur et une interview de François Rebsamen, maire de Dijon (PS). ©France 3 Bourgogne


Combien de temps resteront-ils dans ces structures et pour faire quoi ?


Quelques semaines, quelques mois… il n’y a pas de règle.
D’abord, les réfugiés vont pouvoir se poser, se reposer et consulter un médecin parce que lorsqu’on a vécu plusieurs mois dans la « jungle », on n’est pas forcément en bonne santé. Lors de ce séjour, ils vont réfléchir à leur projet migratoire et engager les démarches pour leur demande d’asile aidés par des associations locales. L’Etat, pour chaque migrant entrant en CAO, donne 25 euros par jour environ. Ce qui permet de l’héberger, de le nourrir et de l’aider à faire sa demande d’asile.

Comment se déroule ce démantèlement de la jungle de Calais ?


Les réfugiés étaient appelés à se présenter ce matin devant un hangar, en quatre files : mineurs, adultes seuls, familles et personnes vulnérables. Deux destinations leur étaient proposées. Les bus, une fois remplie, sont partis dans un des 280 centres d’accueil français.
L’objectif de l’opération est de démanteler totalement, le camp, la « jungle » de Calais. Pour cela, tous les migrants de Calais doivent trouver une place en Centre d'Accueil et d'Orientation dans les trois jours qui viennent. Jeudi 27 octobre, selon la Préfecture, ne resteront de façon provisoire que les mineurs (un peu plus de mille) hébergés dans les containers du CAP (Centre d'Accueil Provisoire). Le camp de tentes et baraquements sera détruit et tous les migrants devront partir. Les moyens mis en oeuvre (150 bus, 2000 personnes dont 1250 policiers...) sont énormes.

Comment s’est déroulée l’opération à Calais ?

Les équipes de France 3 Nord-Pas-de-Calais ont été très mobilisées et proposent de revoir en quelques images ou quelques témoignages de faire le point sur cet événement :

Que va-t-il se passer avec ceux qui ne veulent pas partir ?


Certains réfugiés ne veulent pas partir, ils rêvent toujours d'Angleterre et Calais reste le point de passage obligé. "Ils veulent rejoindre leurs familles, leurs enfants, leurs conjoints", affirme sur Europe 1 Christian Salomé, président de l'Auberge des migrants qui avance le chiffre de 2.000 réfugiés qui seraient dans cette situation. Ceux qui refuseraient le départ vers un centre d’accueil et d’orientation s'exposent à une interpellation (au terme de l'évacuation) et à un placement en centre de rétention administrative, souvent l'antichambre d'une expulsion.
Et c'est là la plus grosse crainte de certaines associations. Ils craignent une chasse à l'homme organisée : "Ils vont se réfugier dans des maisons abandonnées, dans des usines en ruine, dans des bois, d'où le mot "jungle", ça veut dire "bois" en pachto (langue parlée en Afghanisan, ndlr)", affirme Christian Salomé. "Quand on détruit un camp, d'autres se reconstituent après quelques jours ou quelques semaines. Nous, on s'y prépare", affirme sur Franceinfo François Guennoc, porte-parole de l'Auberge des migrants. Des tentes, des couvertures de survie ont été préparées par l'association pour aider ceux qui ne voudront pas prendre les bus.
Un accueil mitigé à Chardonnay (Récit - AFP)
Craignant une "arrivée massive" de réfugiés, les habitants de Chardonnay (Saône-et-Loire) ont réservé lundi un accueil méfiant aux dix migrants tout juste débarqués de Calais dans leur paisible village viticole.
Après huit heures de route, un premier bus a déposé peu avant 17h dix jeunes hommes d'origine soudanaise, âgés de 20 à 30 ans, au Centre d'accueil et d'orientation (CAO) situé dans un ancien centre de vacances, propriété des Eclaireurs de France. Ils représentaient le premier contingent de migrants évacués du plus grand bidonville de France, surnommé "la Jungle", dont le démantèlement avait commencé aux premiers lueurs du jour.
"Now, I feel good !" ("Maintenant, je suis bien!), a lancé aux journalistes l'un de ces jeune gens, sac de sport à l'épaule et bonnet orange enfoncé sur la tête. "Je veux rester ici et y être heureux", a-t-il ajouté.
Dans le réfectoire du centre, des draps et nécessaires à toilette étaient disposés sur des tables. Une fois les dix hommes entrés dans la salle, les journalistes ont été invités à quitter les lieux.
Les 25 autres migrants qui voyageaient à bord du même autocar devaient être accueillis dans un centre d'accueil situé non loin de là à Digoin, tandis que douze autre personnes étaient attendues à Chardonnay dans la soirée, selon la directrice de cabinet du préfet de Saône-et-Loire Marlène Germain.
550 places ont été créées en Bourgogne-Franche-Comté dans 21 CAO, selon la préfecture de région.
Le CAO de Chardonnay, dont la capacité d'hébergement est de 50 personnes, accueille des réfugiés depuis le 11 juillet.

- "Disproportionné pour un village" -

A leur descente du bus, des riverains observent à distance la scène. Une femme s'est plaint quelques minutes auparavant, au cours d'un échange avec des membres d'un collectif d'aide aux migrants, de vols de raisins sur ses parcelles. "Ce n'est pas normal de saccager le travail des autres. Ils doivent s'adapter à notre mode de vie", fustige la quadragénaire.
Plus tôt dans l'après-midi, le maire du village Paul Perre avait rappelé qu'il avait "fait valoir depuis juillet que (l'accueil de 50 personnes) c'était  disproportionné pour un village comme Chardonnay" qui compte moins de 200 habitants. "Si on avait accueilli deux ou trois familles, ça aurait été perçu autrement", a-t-il ajouté.
Le village, connu pour avoir donné son nom au cépage utilisé pour produire du vin blanc en Bourgogne, ne dispose pas de commerce. Tandis qu'elle promène son chien, une Charneuronne (une habitante de Chardonnay), Joëlle Chevaux, explose de colère : "Cette arrivée massive de migrants, c'est inadapté !". "Je n'ai rien contre les migrants mais j'en ai contre les services de l'Etat", poursuit-elle.
Un autre habitant, Patrick Poncet, professeur de mathématiques de profession, déplore d'avoir "été pris de court" à l'annonce de l'arrivée de réfugiés dans le village, qu'il a apprise "par les journaux". L'homme s'inquiète du "désoeuvrement" de ces jeunes hommes dans le village. "On ne leur apporte rien d'autre que le gîte et le couvert, il n'y a rien ici. Ils auraient été mieux à Chalon, en ville", estime l'enseignant. Médecin pour l'ONG "Médecins du monde" et membre du collectif d'aide aux migrants, Brigitte Maître souligne de son côté que des bénévoles dispensent "tous les jours" à Chardonnay des cours de français aux réfugiés, qui apprennent avec "enthousiasme". 
"Aujourd'hui est un jour un peu spécial avec l'arrivée de nouveaux migrants. On est là pour qu'ils se sentent bien accueillis", dit le médecin, qui lance à la
cantonade des "bienvenue" aux nouveaux arrivants. Pour Mme Maître, il s'agit de "jeunes qui ont tout abandonné, tout lâché pour trouver asile" en France.
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