La tragédie de Racine a inspiré la metteuse en scène Célie Pauthe. Le texte sera joué au Centre Dramatique National de Besançon, dès le 24 janvier, à 20h. Interview.
Au Centre Dramatique National de Besançon, Célie Pauthe alterne répétitions et tasses de thé. Il ne reste que quelques jours pour peaufiner éclairage, décor, et performance scénique. Pour la première fois, la metteuse en scène a choisi d'adapter un classique et de s'attaquer aux alexandrins. "Ce qui est extraordinaire avec la tragédie, c'est qu'on voit nos propres aveuglements dans les personnages. Même si on n'est pas empereur romain, même si on n'est pas reine de Judée".
Entre Célie Pauthe et Racine, Marguerite Duras fait office d'entremetteuse. La romancière a voué un culte à la pièce, jusqu'à en puiser l'inspiration pour un film-poème intitulé "Césarée", en 1979.
Bérénice et Titus, c'est un amour scandaleux avec, en toile de fond, un contexte géopolitique houleux. Cet amour impossible a également séduit Mélodie Richard, jeune comédienne avec qui la metteuse a tissé de réels liens d'amitié. Elle figurait déjà dans la pièce de Duras mise en scène par Célie Pauthe, la Maladie de la mort.
► Écoutez Célie Pauthe, metteuse en scène et Mélodie Richard, comédienne :
Infos pratiques :
Représentations du 24 janvier au 2 février. Durée 2h30. Tarifs : entre 20 euros plein tarif et 6 euros pour les - de 12 ans. Plus d'infos.
Bérénice - Texte de Jean Racine
« Titus, qui aimait passionnément Bérénice, et qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis de l’épouser, la renvoya de Rome, malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire ». À partir de ce bref épisode de l’histoire romaine, et se donnant comme défi de « faire quelque chose de rien », Racine compose une oeuvre-manifeste, tragédie de la séparation et de l’amour radical.La simplicité y fait la force de l’action scénique, et l’épure des vers devient une respiration intime, un souffle vital transmuant la douleur en beauté. Célie Pauthe a redécouvert Bérénice à travers un court-métrage réalisé par Marguerite Duras en 1979, Césarée. Dans ce film-poème, qui sera présent dans le spectacle, l’auteure-cinéaste imagine l’après séparation, le retour de Bérénice à Césarée, sa ville natale de Judée, dont elle était reine et qu’elle quitta pour suivre Titus, le colonisateur, destructeur du temple de Jérusalem. Comme Médée, Bérénice trahit par amour, et comme elle, elle sera abandonnée. Perdant Titus, Bérénice perd tout. Pour Racine, l’enfant de Port-Royal, élevé au lait de la radicalité janséniste, comme pour Duras, l’amour est un pari qui engage corps et âme, et qui ne peut se vivre qu’en s’abandonnant intégralement à l’autre, au risque de s’y perdre, de s’y dissoudre, de s’y détruire. L’amour est tout sauf une terre de négociation et de compromis. Mais en est-il un autre qui mérite d’être vécu ?