La solitude est éprouvante quand on ne la choisit pas. C'est le cas des veuves et des veufs. Ils se retrouvent seuls alors qu'ils avaient encore plein de projets à deux. Une épreuve que l'on peut surmonter mais pas seulement avec le temps. La parole et l'écoute sont aussi importantes.
Pour affronter cette solitude subie et ne pas se laisser submerger par la douleur, il est utile de mettre des mots sur ce qu'on éprouve. De parler et d'être écouté. C'est ce que nous ont expliqué Patricia et Huguette. Ces deux Franc-comtoises ont perdu leur mari. Elles ont parlé de cette solitude subie grâce au groupe de paroles animé par Geneviève Pirolley. La psychanalyste bisontine anime de tels groupes depuis 1999, dans les locaux de la Mutualité française à Vesoul (Haute-Saône), pour aider à faire son deuil. Un groupe qui est toujours à la recherche de bénévoles pour assurer des permanences téléphoniques (03 81 41 31 05). Une formation est assurée pour cette écoute téléphonique.
En Haute-Saône, Patricia imaginait une retraite radieuse avec son mari. Il est décédé il y a trois ans, et depuis, elle a parcouru du chemin. La solitude, c’est lorsqu’elle était bien entourée, en famille, en voyant d’autres couples, qu’elle a été le plus difficile à vivre. “J’arrive à me dire que maintenant, c’est ma vie, elle est comme ça, et il faut que je fasse avec” confie-t-elle. “Je pense que la parole, elle libère”.
Parler, mettre des mots sur la douleur et le deuil. Dans son cabinet, la psychanalyste travaille aussi à apaiser la perte d’un être cher. “Plus il y a de mots, moins il y a de larmes, parce que c’est exprimé et pas seulement ressenti” résume Geneviève Pirolley.
Certaines veuves, comme Huguette ont participé pendant de longues années au groupe de paroles “vivre son deuil en Franche-Comté”. Huguette y est venue durant 15 ans. “Madame Pirolley disait toujours, mettre des mots sur la douleur, c’est faire des petits pas, c’est vrai, il fallait déjà exprimer sa douleur” dit-elle avec le recul.
Dans un premier temps après le deuil, tout s’écroule et le chemin de reconstruction peut prendre plusieurs années pour ces veuves et veufs, malgré la présence de la famille et des proches. Des proches à qui, on ne confie pas tout, par pudeur, ou pour les protéger souvent.
Jean-René Bouvret a perdu son épouse Danielle en mai 2020 à Besançon. À la ville comme à la scène, ils formaient un merveilleux couple d’artistes marionnettistes. La douleur est encore vive. “Maintenant, qu’est-ce que je fais ? Où est-ce que j’en suis ? C’est cette question-là qu’on se pose, alors qu’auparavant, on était sur quelque chose qui se développait", précise-t-il avec émotion.
18 ans après le décès de son mari, Huguette a maîtrisé cette solitude qui lui faisait peur. En se lançant des défis, comme entretenir seule son jardin, en voyant du monde. Face au deuil, “on avance à petits pas, mais tout le monde peut s’en sortir” conclut-elle.
Comment ne pas rester enfermé dans sa solitude ? Comment aider ces veuves et ces veufs? Voici ce qu'ils nous ont confié au cours de ce tournage pour l'émission Enquêtes de Régions
Avec Jean-René Bouvret Patricia membre du groupe de paroles Vivre son deuil en Franche-Comté Geneviève Pirolley Psychanalyste Huguette Gérard tableau : Edward Hopper, Cape Cod Morning, Smithsonian American Art Museum reportage : I.Brunnarius, L.Brocard, J.Guteleben, JP Perret, F. Pernet et M.Loir