Danielle Bouvret, cofondatrice avec son mari Jean-René, de la célèbre compagnie de marionnettes "Les Manches à Balais" est décédée à l'âge de 80 ans en début de semaine. Cette artiste a participé à l'essor de l'art de la marionnette depuis les années 70.
Une voix chantante, une allure gaie et un verbe généreux. Danielle Bouvret était une artiste née sans être pour autant une enfant de la balle. Elle a du même batailler pour s'émanciper de son milieu familial peu enclin aux arts. Danseuse et pianiste, elle avait même une formation de professeur de sport. Mais le tourbillon libertaire des années 70 a balayé cette embryon de carrière. Danielle rêvait de théâtre, de chant, de toutes les formes d'expression artistique. Et c'est au cours d'un stage de théâtre que la jeune femme rencontre Jean-René, l'amour de sa vie.
Des marionnettes imaginées de A à Z
Ensemble, ils vont alors se lancer dans l'aventure artistique. En 1973, Danielle et Jean-René fondent la compagnie des Manches à Balais. En autodidactes, "ils n'avaient pas le choix, précise Antonin Bouvret, l'un de leurs trois enfants, il n'y avait pas d'école de marionnettes à l'époque !"
Pendant plus de 40 ans, ces artistes ont imaginé, fabriqué puis donné vie à plus de 600 marionnettes. Un travail fabuleux qui accompagne toute une époque. Partout, dans le monde, le thêatre de marionnettes se renouvelle. La compagnie des Manches à Balais participe à cette effervescence artistique. Les spectacles tournent au Canada, en Israël, en Ukraine, en Pologne... Le couple explore toutes les techniques de création des marionettes, les spectacles sont rythmés par des chants et des musiques. Danielle joue ausi du trombone et de l'accordéon ! Parmi les créations les plus connues, on se souviendra des "Petites histoires au coin des rues" et des adaptations des Jeux de Massacre de Tomi Ungerer.
A Besançon, le couple est aussi connu du Grand public pour avoir redonner vie à la tradition de la crèche comtoise.
Une tradition du quartier Battant qui met en scène des personnages comme le Barbizier mais aussi des personnalités bien réelles. L'ironie et l'humour sont au rendez-vous à chaque nouvelle pièce.
La crèche comtoise, une institution bisontine
En 2016, la troupe ferme les portes de son atelier installé dans une ancienne école de Besançon. L'occasion d'une vente exceptionnelle qui dura deux jours.Les artistes avaient au préalable donné au musée comtois de la Citadelle près de 500 pièces de leur collection. L’ancien conservateur du musée Lionel François expliquait à cette occasion l’importance de conserver de telles oeuvres :
Aujourd’hui on ne se rend pas bien compte de tout l’intérêt de cette collection contemporaine, mais dans un demi-siècle, elle aura autant d’importance que pour nous ces collections du 19ème siècle qui nous en apprennent beaucoup sur le mode de vie, le mode de pensée sutout populaire de la population locale car ces marionnettes sont pour adultes et qui transmettaient l’état d’esprit du moment, l’actualité du moment.
Une salle entière du musée Comtois est désormais consacrée à la présentation de cette collection exceptionnelle.
Danielle Bouvret sera enterrée dans l'intimité familiale en raison des restrictions sanitaires liées à la crise du Coronavirus.