Comment parler d'abus et libérer la parole au sein d'un groupe ? La communauté de Taizé en Saône-et-Loire possède depuis plusieurs années une cellule d'écoute. Les personnes peuvent signaler les violences qu'elles ont subies. Une volonté de transparence pour apaiser un peu leur souffrance.

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17 octobre 2019, un frère de la communauté de Taizé est arrêté. Il est mis en examen pour viol et agression sexuelle sur une femme. L'été dernier, trois autres sont mis en cause pour des faits commis il y a plus de trente ans.

Pour Jasper et les autres frères de Taizé, c'est la stupéfaction. "C'est un choc parce que nous voulons que Taizé soit un lieu de confiance. Mais on ne peut pas rester juste avec ce sentiment. On ne peut pas juste être choqué et ne rien faire", indique le responsable de la communication et de la protection des personnes et membre de la communauté de Taizé depuis douze ans. "La chose qu'on a fait en juin, c'est en parler publiquement avec des jeunes qui viennent ici à Taizé, avec nos amis et aussi avec la presse. Pour nous c'est important." 

Ici, la parole des victimes est attentivement écoutée et n'est jamais mises en doute. Depuis 2010, une adresse internet permet même de signaler tout abus commis au sein de la communauté. "Le plus important, c'est que les victimes parlent. Parce que c'est souvent la parole d'une victime qui aide une autre à se sortir de ce silence affreux, ajoute Frère Jasper. Mais nous ne pouvons pas avoir cette illusion que pour la personne victime, tout est bien maintenant, elle peut continuer sa vie. Non, il y a une souffrance qui reste."
 

"Une démarche d'honnêteté"

Face à ces situations dramatiques, seule la transparence maintient la cohésion dans cette communauté spirituelle. "Si j'avais senti qu'il y avait des choses qui étaient cachées, je ne me serai pas sentie en sécurité. Et je n'aurai pas fait le choix de rester ici pour longtemps", affirme Julia Pegeot, orthophoniste et membre de la communauté de Taizé depuis quatre mois. "Je trouve que les frères ont une démarche d'honnêteté qui compte par dessus tout, de transparence qui nous a tous impressionné à chaque fois qu'on a eu l'occasion d'en parler avec eux", ajoute Martin Robillard, architecte et à Taizé depuis quatre mois.

Autre sentiment largement partagé ici, celui que personne n'est au-dessus des lois. "Il y a un risque dans la communauté religieuse, ou dans la religion en général, qu'on pense qu'on est au-delà de la justice humaine, qu'on n'a pas besoin d'elle. Et ça, c'est extrêmement dangereux", insiste Frère Jasper. Bien que son image soit abîmée, la communauté ne s'est pas encore constituée partie civile. L'enquête sur les différents abus sexuels commis ici à Taizé est toujours en cours.
 
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