Le 100e Congrès des maires de France se tiendra du 21 au 23 novembre 2017 Porte de Versailles à Paris. Mais déjà, à travers le pays, des élus toutes tendances confondues critiquent la diminution des emplois aidés et la fin progressive de la taxe d'habitation. C'est également le cas en Bourgogne.
Les raisons de la colère
Ils se disent en colère ! A la veille de leur congrès national, les maires de France de tous bords politiques attaquent le gouvernement sur plusieurs mesures phares touchant à leurs finances. Les rapports entre l'Etat et les collectivités locales se sont considérablement tendus à la rentrée en raison de la diminution des emplois aidés qui sont beaucoup utilisés par ces dernières.
Autre grief, la fin progressive de de la taxe d'habitation, l'une des principales ressources des communes. Le manque à gagner pour les villes est de 8,5 milliards d'euros. Car désormais, avec cette réforme, 80% de ceux qui paient la taxe d'habitation seront exonérés, soit 18 millions de personnes. Cela représente près de 36% des recettes à la disposition des maires.
Certains sont également vent debout contre la volonté du gouvernement de réduire de 1,7 à 2 milliards d'euros les dépenses publiques consacrées au logement en 2018, en imposant notamment des baisses de loyers et des hausses de prélèvements aux offices HLM.
Les réactions en Bourgogne
La colère gronde aussi en Bourgogne. Ils sont nombreux à partager ces inquiétudes parmi les premiers magistrats de notre région et, ce, depuis déjà plusieurs semaines. Citons quelques exemples d'élus qui ont publiquement leurs interrogations sur les choix politiques d'Emmanuel Macron et son gouvernement.
Henri Valès, maire de la Charité-sur-Loire dans la Nièvre. a signé l'appel des Territoires en colère lancé par des proches d'Arnaud Montebourg. Dans ce texte, on peut lire : « comme pour les filiales des grands groupes du CAC 40, la nouvelle France d’Emmanuel Macron classe les territoires tantôt en "centres de profit" tantôt, et pour une immense majorité de l’espace français, en "centres de coûts". Face à cette vision comptable et gestionnaire (qui explique la reprise en main technocratique des collectivités locales par une « élite sachante », la baisse des crédits notamment pour les contrats aidés ou le logement social), la Gauche doit proposer une vision plus humaine et sociale à même de rassembler les deux France. »
De con côté, Thierry Falconnet, maire PS de Chenôve, a signé l'appel de Grigny sur la politique de la Ville. « Avec de nombreux maires de tous bords politiques, des responsables associatifs et des responsables d’entreprises desquels je suis solidaire, il m’a paru important de ne pas uniquement dénoncer la suppression de crédits si utiles pour les communes et les quartiers. La Politique de la Ville à Chenôve, ce sont des dizaines de projets qui font vivre notre quartier d’intérêt national. Beaucoup de choses restent à faire mais nous restons mobilisés pour recréer sur notre territoire une nouvelle urbanité. Ce texte traduit une colère républicaine et froide des élus locaux que je partage. »
Que vont faire les maires de France ?
Alors qu'Emmanuel Macron recevra 1.500 maires à l'Elysée le 22 novembre et qu'il se rendra à leur Congrès le lendemain pour clôturer les débats, André Laignel, vice-président de l'Association des maires de France et élu PS, fait planer aujourd'hui une double menace pour faire pression sur l'exécutif: celle d'une saisine du Conseil constitutionnel et celle d'un boycottage de la conférence des territoires."Si nous avons à la fois l'assèchement de notre fiscalité, 13 milliards de dépenses en moins sur les temps qui sont devant nous, et dans le même temps le blocage de nos capacités d'endettement, que reste-t-il de nos libertés ?", a-t-il lancé sur France 2.
Illustration de cette colère avec Jean-Paul Delfour le maire (SE) de Perrigny-sur-l'Ognon, en Côte-d'Or. Un reportage de Michel Gillot et Rodolphe Augier.