Les élèves de terminale vont obtenir leurs notes du baccalauréat, ce mardi 7 juillet. A cause de la crise du coronavirus Covid-19, seules les moyennes des deux premiers trimestres comptent pour le résultat final. Une année "décevante" pour beaucoup de lycéens.

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Passer les grilles de l'établissement en courant, se frayer un chemin dans une foule opaque parmi les cris de soulagement ou les pleurs, approcher le tableau, chercher son nom dans la liste, puis découvrir le résultat. Cette année, tout a changé. Compte tenu de la crise sanitaire liée au coronavirus, les épreuves écrites du baccalauréat 2020 ont été annulées et remplacées par un contrôle continu.

Les élèves en terminale ne sont plus allés à leur établissement depuis le début du confinement, mi-mars. Pour ce baccalauréat 2020, les 740 584 bacheliers ont été évalués sur "la base de la moyenne des moyennes du premier et du deuxième trimestre", note le ministère de l'Education nationale. Il ne devrait donc pas y avoir de surprise pour les élèves. Comme c'est le cas pour Annaelle, élève en terminale littéraire au lycée Les Augustins, à Pontarlier, dans le Doubs.

Un choc

Annaelle n'a pas chômé pendant ses deux premiers trimestres. Avec 15 de moyenne générale, elle devrait avoir la mention "Bien". Ce mardi 7 juillet, elle sera fixée pour de bon. Son lycée lui a demandé de venir à 10 heures pour lui annoncer ses résultats : "Ils veulent que l'on soit présent pour nous donner notre diplôme, nécessaire à l'inscription pour les études supérieures."

C'est une année particulière qu'a connu l'élève de 17 ans. A son entrée en terminale, jamais elle ne se serait doutée connaître une telle année : "Dès septembre, je m'étais préparée au maximum pour le bac. Nos professeurs nous avaient bien fait comprendre que c'était l'objectif final. On travaillait dans cette optique et on ne pouvait pas s'imaginer ce qui allait suivre."
 Même son de cloche pour Emma, une terminale en sciences économiques et sociales (ES) au lycée Jacques Duhamel, à Dole, dans le Jura : "Dès que je suis entrée au lycée, c'est à dire depuis 3 ans, il y avait cet objectif. Cela a été un choc de se dire que tout était annulé."

"Des discussions qui ont manqué"

Au moment du confinement, Annaelle se souvient de son saut dans l'inconnu : "Plein d'élèves étaient contents qu'il y ait des 'vacances supplémentaires'. D'autres étaient plus inquiets sur l'arrêt des cours. Ils ne savaient pas trop comment ils allaient préparer le bac. Moi, je suis autonome, je sais faire les choses toute seule. J'ai donc continué à bien travailler. Mais ce n'était pas la même chose", regrette cette lycéenne en filière littéraire avant de s'expliquer :
 

"Certains cours demandent de l’interaction. En philosophie, on apprend en échangeant entre nous. Ce sont des discussions. Ces moments ont manqué lors du confinement et du télétravail."

Annaelle, élève au lycée Les Augustins, à Pontarlier


Pendant deux mois, elle a révisé à travers l'écran de son ordinateur. Soit avec des fiches distribuées aux heures de cours, soit avec des cours en visioconférence : "Mais ce n'était pas pareil qu'au lycée. On ne pouvait pas vraiment se voir avec mes amis."

Pour Emma, les deux mois sont passés vite. Dès le début de la crise, la jeune lycéenne s'est engagée dans un établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de la ville. De 8 heures à 17 heures, elle était chargée de laver le linge :
 

"La crise m'a beaucoup touchée. Je n'ai pas vraiment hésité à me rendre utile. Et, je suis arrivée à allier ce travail-là avec mes obligations du lycée. Le vendredi, c'était ma journée de devoirs. J'y passais toute la journée."

Emma, élève au lycée Jacques Duhamel, à Dole

Une année si particulière

Le 3 avril dernier, le couperet était tombé : le ministère de l'Education nationale avait acté l'annulation des épreuves écrites"J'ai été déçue. J'avais bien révisé avec mes copains. Nous avions fait en sorte de ne pas accuser de retard malgré le confinement. C'était notre but et nos efforts ont été, en quelques sortes, inutiles". Ce mardi 7 juillet, Annaelle ne devrait pas avoir de mauvaises surprises :
 

"J'ai bien travaillé. Mais d'autres ont voulu faire les malins. Ils ont eu des notes en dessous de la moyenne aux bacs blancs. Ils disaient que ce n'était pas grave et que ce ne serait pas la même chose le jour du vrai bac. Ils en riaient presque. Mais ils ont eu la mauvaise surprise du coronavirus."

Annaelle, élève en terminale au lycée Les Augustins, à Pontarlier



Pour Emma, une petite interrogation subsiste. Aura-t-elle son bac avec mention ? "J'ai environ 12 de moyenne et on obtient la mention 'Assez Bien' à partir de 12. Je pense que ça devrait le faire. Mais il peut y avoir une surprise. Nous ne connaissons pas nos coefficients et nous avons une note d'assiduité qui nous a été donnée selon notre sérieux pendant les deux mois de confinement."

Même avec un bac dans la poche, Emma regrette que sa dernière année se finisse ainsi : "C'est censé être un peu spécial. Le bac est un vrai tournant. Là, la fin de notre vie de lycéens est un peu précipitée."
 
L'année prochaine, elle devrait intégrer une école de commerce à Dijon. Quant à Annaelle, elle devrait débuter un DUT Métiers du multimédia et de l'Internet (MMI) sans avoir passé un concours écrit : "Ca m'a enlevé une bonne dose de stress. Mais je sais que j'aurai d'autres épreuves écrites par la suite. C'est juste dommage de ne pas avoir connu cette tradition."
 

Des inquiétudes pour la suite ?

Les deux élèves savent où elles vont aller à la fin de l'été. Mais pour beaucoup, le contexte de coronavirus est une source d'inquiétude supplémentaire. Selon un sondage de l'association "Article 1", 54% des lycéens ont déclaré avoir peur d'être désavantagés par rapport aux étudiants des années précédentes.
 
Jean-Pierre Pinto, proviseur du lycée Nodier, à Dole, accorde que les élèves de cette année auraient "peut-être un peu moins de connaissance" que ceux des années précédentes : "Mais ils ont quand même été très assidus pendant ces deux mois. Et, le confinement leur a permis de gagner en autonomie, de valoriser l'entre-aide et d'améliorer leurs compétences techniques."

Dans son établissement, seuls deux élèves sur 800 ont été en situation de décrochage scolaire. "Tout le monde a très bien travaillé. Mais, il manque quand même quelque chose. Il n'y a pas eu ce symbole qu'était le bac. Je n'avais pas connu ça depuis le début de ma carrière, il y a 18 ans. Je crois que la dernière fois que le bac a été annulé, c'était en 1968... L'année de ma naissance", lâche-t-il un brin d'amertume dans sa voix.
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