A Besançon, des psychologues proposent leur aide bénévole à celles et ceux qui sont en "première ligne" de la lutte contre le coronavirus Covid-19. Personnels soignants bien sûr, mais aussi sapeurs-pompiers, policiers, travailleurs sociaux, caissières ou livreurs.
Gilles Rolland est psychologue clinicien et psychothérapeute, à Besançon. Avec sa collègue Catherine Maurice, il a décidé de proposer son aide bénévole à toutes les personnes qui travaillent "en première ligne" contre l'épidémie de coronavirus Covid-19.
Sont concernées toutes les professions particulièrement exposées : personnels soignants, sapeurs-pompiers, policiers, travailleurs sociaux, caissières ou livreurs.
Il s'agit de leur permettre de surmonter leurs difficultés actuelles. De limiter aussi le traumatisme qui pourrait advenir une fois la crise passée.
Une proposition d'écoute bénévole, au téléphone, qui tient de l'évidence pour GIlles Rolland :
Pour moi c’est important qu’il n’y ait pas de différenciation dans les personnes de cette première ligne qu’on évoque quotidiennement. On ne pouvait pas continuer comme avant avec des consultations traditionnelles.
Parmi les patients du cabinet de psychologie, trois personnes sont atteintes par le covid-19. Elles ne sont pas hospitalisées, ne le seront peut-être pas. Selon Gilles Rolland, elles semblent prêtes à ce qui pourrait leur arriver :
Ce n'est pas une forme de survie qui se met en place, mais une forme de préparation, des questions : à qui dois-je parler ? Comment ne pas trop inquiéter mes proches ?
"La préoccupation est plus dure, plus compacte"
Les conséquences psychologiques de la pandémie et du confinement sont de plus en plus présentes :
Je sens un changement de la forme de l’inquiétude. La première semaine, ça se manifestait par une forme d’inconscience, "ça ne m’arrivera pas, c’est pas grave". Aujourd’hui, cette préoccupation est plus dure, plus compacte,
explique Gilles Rolland. Comme si les gens "baissaient un peu la tête, en se disant mettons notre impatience de côté et vivons le jour après le jour"
Les patients habituels davantage inquiets
Parmi les patients habituels du psychologue, l'aggravation des symptômes et des difficultés est palpable. Elle touche d'autant plus ceux dont les proches, parents ou enfants, sont loin, hospitalisés ou malades :
Il faut aussi avoir une pensée pour toutes les personnes qui ont déjà perdu des proches, nous aurons sans doute plus tard un gros travail pour accompagner les survivants
Conseils pour mieux supporter le confinement
Selon le psychologue, la parole est tout particulièrement importante pendant cette période d'épidémie et de confinement :
Il faut aborder ces questions avec son compagnon, sa compagne, ses grands enfants, sans focaliser là dessus, il faut aussi conserver un cadre quotidien un peu rythmé ou même changer de vêtements à certains moments de la journée !
Quant au flux continu d'informations, il est important de le canaliser : "Ecouter une chaîne d’information continue toute la journée est particulièrement anxyogène en ce moment, il faut laisser respirer son esprit, se désintoxiquer."
Et après le confinement ?
Il est encore trop tôt pour penser aux conséquences psychologiques de cette période de crise, une fois qu'elle sera terminée. Mais tous les psychologues et médecins redoutent déjà les jours et les semaines de l'après l'épidémie. Parce que dès maintenant, les signes précurseurs sont là :
On ne peut pas parler de syndrome post-traumatique mais il va y avoir un effet de traîne, des cauchemars récurrents, des moments d’anxiété, d’angoisse, des crises de panique. Je crains que les retombés soient longues à disparaître,
précise Gilles Rolland.
Le cabinet de psychologie de Besançon qui propose une écoute bénévole est joignable au 06 64 36 47 70 ou au 06 50 01 72 63