Tellement difficile de veiller sur sa population en période de confinement, de prendre soin des autres tout en pensant à soi. Maire d'un village jurassien ou édile de la ville phare de Franche-Comté, réélu ou pas encore parti, leur quotidien est (encore plus) compliqué depuis plusieurs jours.
Le télétravail, Florent Serette connaît. Le maire de Mignovillard (850 habitants) est, comme une grande majorité des édiles du pays, d'abord un salarié lambda, avec un patron, qui lui accorde des crédits d'heures pour diriger la commune.
En l'absence de pandémie mondiale, l'élu de 35 ans de ce village jurassien voit ses semaines, depuis 6 ans, être partagées entre 4 aller-retour hebdomadaires à Besançon pour son travail à la Direction de l'Urbanisme de la Métropole et une journée de télétravail, chez lui à Mignovillard, qu'il utilise pour aller au contact de ses administrés.
"Depuis la première annonce du Président, jeudi-soir, l'urgence a été de préparer la suite de l'enseignement des 130 enfants de l'école du village et de recenser les enfants dont un des parents travaille dans le médical pour assurer une garde dans les semaines qui viennent", explique l'élu, avant d'ajouter dans un soupir : "Après..ce n'est malheureusement pas la première crise que j'ai eue à gérer."
Sa commune a été profondément marquée, en 2017, par la disparition en Isère de la petite Maëlys, originaire de Mignovillard. Une habitude des situations tendues qui lui a été utile dimanche pour l'organisation du 1er tour des élections municipales. "J'ai passé ma journée avec mon pschitt-pschitt à la javel, à briquer les poignées de portes et les tables ! ". Il n'y avait qu'une liste, elle est reconduite. Il peut se concentrer uniquement à la gestion de la crise du Covid 19.
"C'est humain, la peur ne touche pas que les habitants des grandes villes. Les mignovillageois sont forcément inquiets, certains jusqu'à l'excès. Lundi-soir, la boulangère m'a expliqué que le papy qui lui achète chaque jour une demi-baguette en avait pris 10 entières, d'un coup !"
Florent Sérette veille à ce que ses 10 employés communaux ne soient pas en situation de danger et a alégé les créneaux horaires de présence de la secrétaire de mairie. L'hôtel de Ville faisant également bureau de poste, aux habitants de s'adapter : "si une lettre, qui devait partir le mardi, part le mercredi, ce sera comme ça. Le mot d'ordre dans jours qui viennent sera, pour nous tous, de nous tenir à carreaux !
"Je devais partir, pour l'instant, je reste, au soutien des bisontins".
S'il toussotte un peu en décrochant son téléphone portable, Jean-Louis Fousseret l'assure, il est en pleine forme.
L'élu bisontin ne briguait pas un dernier mandat. Il n'y aura pas de second tour d'ici au moins au mois de juin, il va donc rester sur le fauteuil du maire pour un "rab" encore indéterminé.
"On est en train de finaliser le PCA, le Plan de Continuité d'Activité. J'alterne des période à la mairie et des moments à la maison. Nous travaillons en audio-conférence avec mon directeur de cabinet, le premier adjoint et les services de la ville", explique celui qui aura été à la tête de Besançon depuis 2001, connaissant son lot d'événements nationaux à gérer.
Le maire suivait avec attention depuis 8 jours l'évolution de la situation en Italie et en Espagne, ses services ont commencé à travailler en amont des annonces de l'Etat. "Je suis au téléphone tous les jours avec le Préfet du Doubs, il fallait suspendre temporairement le second tour des élections, c'est chose faite. Nous sommes ainsi tous pleinement concentrés sur la gestion de cette crise sans précédent".