Coronavirus Covid-19: "On n’a pas le vaccin mais le remède, c’est la solidarité", Emmaüs France lance un appel aux dons

Comment les communautés et les amis d'Emmaüs vivent-t-ils la crise en Bourgogne Franche-Comté ? Les acteurs de ce mouvement créé par l’Abbé Pierre il y a 70 ans ont un souhait : que les ventes reprennent vite !.

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Annick Berthier raconte avec fierté le maillage du territoire de Bourgogne Franche-Comté, dont elle est la déléguée régionale. Les communautés d’Emmaüs accueillent compagnons, compagnes et même familles, les hébergent, et ont pour objectif leur réinsertion sociale par le travail.

Les comités des amis d’Emmaüs n’hébergent personne, mais participent au financement du mouvement en revendant meubles, vaisselles et vêtements récupérés auprès des particuliers et dans les déchetteries.

Des communautés existent dans les villes de Besançon, Montbéliard, Vesoul, Dijon,  Planay, Pontigny et Étang-sur-Arroux. Des communautés des amis sont implantées à Ornans, Pontarlier, Morteau, Le Russey, Saint-Claude, ainsi qu’à Paray le Monial et Chalon-sur-Saône.
 

Certaines communautés Emmaüs sont dans une situation financière difficile 


Avec le confinement, toutes les ventes qui font vivre Emmaüs se sont arrêtées. Brutalement. Actuellement, 43 communautés sur les 289 au niveau national sont en situation financière très difficile.
Vesoul est le centre le plus en difficulté de la région. D’ailleurs, un responsable itinérant, comprenez provisoire, est arrivé à Vesoul début mars pour justement assainir les finances de ce centre qui comprend trois sites, cinq salariés et 28 compagnons.
 
« On n’avait déjà aucune marge de manœuvre. On a besoin de 40.000 euros par mois pour fonctionner » avoue Kujtim Metushi. «  Emmaüs France nous a déjà donné pour un mois de fonctionnement. Nous avons aussi bénéficié de la solidarité interne car Montbéliard nous a donné également 20.000 € pour nous sortir la tête de l’eau" ajoute-t-il.

À Besançon, Luc Chambrey fait le constat : « Ici, on a 30 compagnons, il faut déjà nourrir tout le monde".  Annick Berthier, qui est également vice présidente nationale, explique : « Nous sommes une entreprise comme les autres avec des loyers ou des remboursements de prêts chaque mois, sans oublier la masse salariale. Heureusement notre appel aux dons a été entendu. »

Luc Chambrey dti apprécier les dons en cette période de confinement : «  Les gens sont généreux. Non seulement on n’a pas l’habitude de demander, mais en plus l’Abbé Pierre est une personnalité connue et appréciée des Français. Cela nous aide beaucoup. » Il avoue que, financièrement, il pourra tenir encore quelques semaines, mais pas beaucoup plus".

Même discours pour Christelle Prodhon qui s’occupe des centres dijonnais : « Il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps ». À Dijon, le grand centre de la région, sont accueillies 160  personnes, dont des familles, avec un encadrement de 30 salariés.


Occuper tout le monde, déjà 


« Moi, je dois absolument faire quelque chose ! » : la demande de travailler est venue de l’un des compagnons. Christelle Proudhon, pourtant, reconnaît que dans les communautés Emmaüs dijonnaises, les conditions de confinement sont optimales : « On a un très grand terrain, on fait du bricolage, du jardinage, on plante des fleurs… »

Même objectif pour Luc Chambray : occuper les compagnons du secteur de Besançon. Ils ont donc tout nettoyé et rangé de fond en comble les locaux. Autre vision de grand nettoyage de printemps, à Vesoul Kujtim Metushi affirme : « Tout est au carré ! ».
 

Draps, tissus, jouets... des actions d’entraide


De nombreuses actions ont été réalisées depuis le début de l’épidémie. Déjà, tout ce qui pouvait servir a été donné, notamment des draps et des vêtements pour faire des masques et des blouses.

A Morteau, une soixantaine de couturières solidaires utilise les tissus et les élastiques pour faire des masques. Un appel aux draps a été tellement bien entendu, que Emmaüs Morteau est submergé. Gerard Brisbane lance un appel pour ceux qui en auraient besoin : venez les chercher ! 

Maintenant, ce sont les élastiques qui commencent à manquer. À Chalon, Annick Berthier raconte que des collants usagés sont utilisés comme moyen de fortune.

Autre initiative, à Pontarlier, ce sont des crayons de couleur et des jouets pour les enfants qui ont été distribués aux familles les plus en difficulté.

Mais Annick Berthier cite en exemple l’action d’Emmaüs Ornans qui travaille depuis longtemps avec les Restaurants du cœur et qui a pu organiser des distributions alimentaires.

Marc Bianconi, président d’Ornans, raconte : « On distribue des paniers d’alimentation avec des produits frais à exactement 157 personnes chaque semaine. Dedans, on trouve des conserves bien sûr mais aussi des fruits et des légumes comme des asperges, des ananas ou des fromages… C’est le supermarché Atac qui nous accueille pour cette distribution.»


Une réouverture très attendue


Tous, bénévoles et responsable, disent leur inquiétude pour l’avenir. Même si les Français répondent bien à l’appel aux dons, ce n’est pas une solution pérenne, selon eux. 

Objectif : ouvrir les boutiques de vente. Bien sûr, en respectant toutes les normes de sécurité pour que les gens d’Emmaüs et le public accueilli soient protégés du coronavirus. Même si pour certains lieux, les mesures sont difficiles à mettre en place. «  Un vrai casse-tête » raconte Christelle Proudhon qui se veut optimiste : « Les déchetteries du Grand Dijon rouvriront lundi, le 27 avril.  On veut rouvrir, non, j’insiste, il faut rouvrir le 13 mai ! »
Mi-mai : c’est également la date que se sont fixés les responsables de Besançon et Vesoul. Pour Kujtim Metushi : « Il faut vendre ! ». 
Avec toujours au-dessus de leur tête, des décisions du gouvernement ou de la préfecture de leur département, qui pourraient retarder ces réouvertures tant attendues.
 

Cette crise nous apprend beaucoup sur nous-mêmes

 
Ils les attendent comme un signe d’un début de vie normale ou presque et surtout la promesse d’une autonomie financière qui fait partie de leur ADN.
Ils espèrent aussi que des leçons seront tirées de cette crise. Pour Christelle Proudhon,  « il faudra changer notre façon de consommer. »
Pour Luc Chambrey,  « cette crise nous apprend beaucoup sur nous-mêmes. L’homme n’a pas le vaccin mais il a le remède, c’est, agir ensemble, la solidarité. Je  suis optimiste sur la nature humaine car nous voyons de belles choses, de belles initiatives. Cette solitude collective remet en place les choses profondément. On confie notre vie à la responsabilité de l’autre. On fait un pari : l’autre va prendre soin de moi. »

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