En raison de la crise sanitaire et de l'interdiction de se rassembler, de nombreux mariages sont reportés. Blues, stress, inquiétude... les futurs mariés et leurs prestataires vivent mal la situation.
Le blues et le stress des mariés
Le 30 mai prochain devait être le plus beau de leur vie ! En ce week-end de la Pentecôte, Morgane Bézine et Romain Galissot devaient se marier à Perrigny, près d'Auxerre, dans le village où a grandi la mariée. Une réception qui devait réunir 135 convives. Mais les tourtereaux, pharmacienne et interne en pharmacie donc bien au fait des enjeux de santé publique, ont dû se résoudre à reporter la cérémonie d'un an.
« Au début, quand j'en parlais, j'en avais presque les larmes aux yeux. On prépare l'événement depuis un an. Quand on a reçu le coup de fil de la mairie nous disant que ce ne serait pas possible, on s'en doutait un peu mais c'était un peu dur à accepter sur le moment. Ensuite, on a relativisé. On s'est dit qu'on ne voulait faire prendre aucun risque à nos invités et à nos grands-parents notamment et que le mariage serait encore plus beau quand enfin il arrivera », explique Morgane.
Il faut dire que ce couple a eu de la chance : tous les prestataires ont donné leur accord pour un report du mariage lors du week-end de la Pentecôte 2021. « Ils ont tous été adorables, nous aurons notre journée comme nous la rêvons, dans frais supplémentaires. Ça nous a enlevé un sacré stress ! C'est à partir de là qu'on a pu prendre du recul », sourit la future mariée, qui regrette simplement de ne pas avoir pu se marier à la mairie le Jour J avec les parents et les témoins. Il faudra refaire graver les alliances, un moindre mal !
Un casse-tête pour les prestataires
Cette crise du coronavirus impacte fortement le secteur du mariage, alors que la saison commençait. Stéphane Gendrin gère le domaine des granges, entre Joigny et Auxerre, dans l'Yonne. 95% de son chiffre d'affaires provient des mariages. « Je propose une solution à tous mes mariés, sans surcoût. Je ne veux pas rajouter de l'angoisse à l'angoisse. Ils en ont déjà bien assez comme cela. », explique ce loueur de salle de réception.
Problème, son domaine est réservé en moyenne un an et demi à l'avance. Parfois sur la haute saison de juin et juillet, les futurs mariés prennent les devants en versant un chèque d'acompte deux ans et demi avant la date retenue. « La solution ? C'est mes premiers mariés de la saison, ceux du 28 mars, qui me l'ont soufflée : se marier en 2021 aux beaux jours... mais en semaine. », détaille Stéphane Gendrin. Voilà qui n'est pas banal ! « Au début, ça les heurte un peu. Ils me disent que leurs invités ne pourront pas se libérer. Mais, au final, tout le monde ou presque finit par comprendre qu'on devra tous faire des efforts, poser des congés par exemple, car je ne peux pas pénaliser les mariés de 2021 qui ont réservé de longue date. Je fais beaucoup de psychologie au téléphone.», poursuit-il. Stéphane Gendrin affirme que parfois des couples, qui devaient se marier ailleurs, l'appellent en pleurs, sans plan de secours.
Les photographes de mariage sont également dans l’œil du cyclone. Toujours dans l'Yonne, Cyrill Linard avait son carnet de bal bien rempli pour 2020. « Sur juin, j'étais complet. J'avais quatre mariages. Cela représentait 7000 euros. La perte est facile à évaluer, je vais faire zéro. », se désole le photographe. Lui aussi, mise sur la solidarité avec ses clients : « Le mariage en semaine en 2021 est une bonne solution. Cela permettra aux mariés de rassembler leurs proches dans de bonnes conditions et aux prestataires de se tirer d'affaire. »
Perte de chiffre d'affaires
Autre profession durement touchée, les traiteurs ! « Ça nous fout en l'air 2020 mais aussi 2021car, avec les reports de mariages, on va être obligé de refuser du travail l'an prochain. En clair, je compte une année de perte de chiffre d'affaires. Nous survivons pour l'instant grâce aux acomptes », résume Gaëtan Quillin. Ce traiteur entamait sa première année à son compte à Auxerre. Il a déjà décalé à 2021 neuf des quinze mariages qu'il devait assurer, même parfois ceux prévus en août. « Les gens ne veulent prendre aucun risque, ce que je comprends tout à fait. J'ai vraiment de la peine pour mes clients. C'est un tel enjeu, un mariage ! », ajoute-t-il.
Côté boutiques et créateurs de robes de mariés, la vie n'est pas rose non plus ! Brigitte Poupon tient un magasin qui a pignon sur rue à Dijon depuis 32 ans. A cette époque de l'année, l'échoppe ne désemplit pas. Il y a non seulement les essayages des futures mariées mais aussi les convives des cérémonies qui recherchent la robe de cocktail ou le complet veston. « Ce qui est perdu est perdu, Ce ne sera pas rattrapable », prédit cette cheffe d'entreprise qui emploie six salariés.
Mais une lueur d'espoir pointe à l'horizon avec une possible réouverture le 11 mai prochain. Mais dans quelles conditions ? « Si je dois limiter le nombre d’accompagnatrices lors des essayages de robes de mariée ou si je dois faire patienter mes clientes sur le trottoir dix minutes, en leur faisant coucou par la vitrine, car il y a déjà du monde à l'intérieur, cela va manquer de charme et d'accueil », s'inquiète Brigitte Poupon.