Depuis le début du confinement, les troubles du sommeil et les insomnies se multiplient. Il s’agit d’un phénomène commun selon les spécialistes, mais qu’il ne faut pas prendre à la légère. Des règles et des solutions simples peuvent permettre de mieux dormir.
Le Docteur Clément Guillet est médecin psychiatre spécialiste du sommeil au centre hospitalier de la Chartreuse à Dijon. Il répond à nos questions sur les problèmes de sommeil.
Pourquoi dort-on moins bien ?
La période de confinement vient perturber notre rythme de vie et donc notre sommeil. Notre horloge biologique est perturbée puisque les synchronisateurs externes (la lumière, notre activité quotidienne, ce qui rythme nos journées…) sont dérégulés. Ce sont normalement ces régulateurs qui viennent réguler notre horloge biologique et notre sommeil.On se lève plus tard. On n’a plus la même exposition à la lumière que d’habitude. On a moins d’activités qui nous fatiguent et qui font que l’on aurait besoin de sommeil plus tôt. Tout cela vient perturber le sommeil et entraine des insomnies ou des décalages du rythme veille/sommeil. Plus le confinement se prolonge, plus cet impact va être important.
Que faire en cas d’insomnie ?
L’insomnie d’angoisse est quelque chose de très fréquent habituellement. Ça l’est encore plus dans ce climat anxyogène de pandémie. Il existe certaines techniques de relaxation qui ont fait leurs preuves. La phitothérapie, l’usage de plante, est également une solution qui n’est pas addictive et qui permet de se rendormir facilement. Il existe aussi des règles alimentaires de base, des règles d’hygiène de sommeil bien connues : éviter les excitants, éviter les écrans avant le coucher, etc.Si l’insomnie se prolonge trop au cours de la nuit, il est conseillé de se lever, passer un temps hors du lit. Il faut éviter de rester trop longtemps allongé sans dormir pour que le lit ne devienne pas un endroit anxyogène. Et dès qu’il y a une nouvelle somnolence apparait, des paupières lourdes, les yeux qui piquent, on essaye de réenclencher un cycle de sommeil et de se recoucher.
Décaler ses horaires, c’est grave Docteur ?
On connait dejà cette inversion du rythme veille/sommeil notemment chez l’étudiant qui va se coucher plus tard. C’est assez classique. Le jeune est plutôt couche-tard et lêve-tard. C’est son rythme physiologique de base.Quand il n'a plus d’activités la journée pour l’obliger à se lever, il peut inverser totalement ses rythmes veille-sommeil. C’est encore plus le cas s’il prolonge ses journées en se mettant devant des écrans, en jouant, jusqu’à 2, 3 ou 4 heures du matin. Il va retarder l’endormissement, retarder le lever et donc inverser ses rythmes veille-sommeil.
Il est très important, lorsqu’il va y avoir une reprise de l’activité universitaire ou professionnelle, de préparer cela et de se remettre dans un rythme veille-sommeil qui soit compatible avec cette activité.
Je ne fais rien, pourquoi suis-je fatigué(e) ?
Quand on sort, l’activité physique va favoriser un sommeil plus profond et donc plus réparateur. Quand on est chez soi, que l’on n'a pas d’activité, le sommeil va être moins profond. Paradoxalement, les études récentes montrent que si les gens dorment plus longtemps pendant le confinement, ils ont un sommeil qui est plus haché.Il est donc conseillé de faire une activité physique minimum à domicile ou alors de profiter des rares sorties pour faire un peu de sport. Là aussi il vaut mieux prévenir pour éviter d’être dans un rythme inversé au moment du déconfinement.
Les réponses en vidéo :
Interview vidéo réalisée par Anne Berger, Tania Gomès et Cecilia Ngoc.