Coronavirus : A Mâcon, un laboratoire vétérinaire a effectué ses premières analyses de dépistage

En Saône-et-Loire, le laboratoire départemental Agrivalys 71 a effectué ses premiers tests de dépistage du coronavirus jeudi 9 avril. L'objectif est de venir en aide au Centre hospitalier de Mâcon dans une situation "particulièrement difficile".

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Cela faisait plusieurs jours que cette aide était attendue. Ce jeudi 9 avril, le laboratoire départemental Agrivalys 71 a effectué ses premières analyses sur une quarantaine de prélèvements. Issus du centre hospitalier de Mâcon, ces écouvillons ont été livrés sous haute protection. Moins de quatre heures après leur livraison, les résultats étaient déjà connus. Une aide précieuse pour le personnel soignant dans leur lutte quotidienne contre le coronavirus.

Car la décision de confier ces analyses à un laboratoire vétérinaire a été prise dans "un contexte local exceptionnel" au sein du centre hospitalier de Mâcon où plus de 80 personnes ont été testées positif au coronavirus et aux difficultés de sous-traiter cette activité à Lyon. Il y avait donc un "besoin urgent d'une solution diagnostique". Dès le 2 avril, une convention avait été conclue entre le laboratoire et le centre hospitalier. 


Une procédure sous haute surveillance


Afin de ne prendre aucun risque de contamination dans la manipulation, les 26 membres que compte le personnel du laboratoire vétérinaire sont soumis à une procédure stricte. D'abord, les prélèvements arrivent dans des caissons sécurisés par une triple protection. Vient ensuite le temps où chaque prélèvement doit être préparé puis inactivé dans une pièce confinée. Passée cette étape, les analyses peuvent être effectuées. Il peut y en avoir jusqu'à 800 par jour. Par la suite, les résultats sont connus dans un délai allant de 4h à 24h.
 


Après plusieurs demandes répétées, l'autorisation de l'ARS a été donnée jusqu'au 24 mai 2020, sous réserve de l'accord du gouvernement. Un accord qui n'a pas tardé. Après les déclarations du ministre de la Santé Olivier Véran, les décrets sont parus au journal officiel le dimanche 5 avril. Les tests sont donc possible font savoir les services de l'Etat alors que certains élus locaux avait sous-entendu le contraire. 

Courrier ARS CH Mâcon laboratoire Agrivalys


Selon ses responsables, le laboratoire Agrivalys 71 qui dépend majoritairement du conseil départemental a déjà investi 20 000 euros pour réaliser environ un millier de tests.
 

Une demande récurrente des laboratoires vétérinaires

Pour les responsables du laboratoire Agrivalys , les laboratoires vétérinaires pourraient permettre d'augmenter et d'accelérer les capacités de depistage. Le laboratoire Agrivalys se targue de pouvoir obtenir des résultats très rapides : « Lundi [30 mars] les tests ont été mis en analyse à 15h. À 18h30, la directrice m’appelait pour m’annoncer les résultats, explique Frédéric Brochot, son président. En l’espace de quatres heures, on arrive à sortir des résultats alors qu’il faut en moyenne 48h [comprenant le temps de trajet des analyses]. » Actuellement, la plupart des tests pratiqués en Saône-et-Loire sont analysés en laboratoire à Paris ou à Lyon.

Frédéric Brochot, qui est aussi vice-président du département en charge de l’agriculture estime que la structure pourrait effectuer jusqu’à 2000 analyses par jour.
 


Une méthode d’analyse semblable entre humains et animaux

Le laboratoire l’affirme : la méthode est la même que pour les analyses animales. Hélène Berther, vétérinaire-biologiste dans la structure, explique : « Pour l'instant, nous avons toujours traité des échantillons animaux mais les techniques restent les mêmes. Il s’agit de rechercher un virus dans des prélèvements, des écouvillons nasaux-pharyngés. Nous avons l’habitude de réaliser ce type d’analyse pour les animaux ».

Frédéric Brochot approuve. « Que ce soit animal ou humain, ce sont exactement les mêmes normes. C’est même souvent plus pointilleux sur les analyses animales qu’humaines. Chaque analyse a son matériel, tout est stérilisé. »

L'Etat longtemps réticent

Sollicitée le 1er avril dernier, l’Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne Franche-Comté précisait alors : "Nous avons connaissance de cette offre de service du conseil départemental, qui a été soumise au ministère. Cette proposition est en cours d’étude." 

Ces dernières semaines, les autorités sanitaires ne s'étaient en effet pas montrées très favorables à cette solution. Le 26 mars dernier, l'Etat a refusé cette même préorogrative au laboratoire départemental d'Indre-et-Loire, qui s'était porté candidat. La proposition était pourtant soutenue par les six présidents des conseils départementaux propriétaires du laboratoire. 

L'Etat semble donc avoir changé de position pour pratiquer davantage de tests de dépistage. 

 

 

Je trouverais très dommageable qu’on ne fasse pas de proximité sur ce service-là et où on a les compétences. 


En Saône-et-Loire, le laboratoire Agrivalys se dit même capable de pouvoir analyser les deux types de test qui existent actuellement : les tests PCR (Polymerase chain reaction ou réaction de polymérisation en chaîne) qui s’effectuent par un prélèvement (par un écouvillon introduit dans la narine) ou les tests sérologiques, qui se font par prise de sang. Frédéric Brochot explique : « On est autant réactif en PCR que sur la sérologie, où là on peut encore aller plus vite. On voit aujourd’hui un retour à la production française. Je trouverais très dommageable qu’on ne fasse pas de proximité sur ce service-là et où on a les compétences. »

Agrivalys n’est pas le seul laboratoire à avoir proposé son aide en France. Les vétérinaires souhaitent appliquer la devise « Une seule santé / One Health », slogan des instances sanitaires internationales. Dans un communiqué de presse du 28 mars, l’Académie vétérinaire de France (AVF) estime que les producteurs de tests pour animaux et les laboratoires vétérinaires pourraient réaliser "plusieurs centaines de milliers de tests par mois" pour apporter leur aide dans le dépistage du coronavirus. "La réalisation de tests Covid-19 à grande échelle apparaît comme indispensable pour maîtriser l'épidémie et préparer au mieux la levée du confinement. L' AVF demande instamment aux autorités sanitaires d'examiner avec la plus grande attention cette possibilité, à laquelle plusieurs pays dont les États-unis ont déjà largement recours."

L’Académie nationale de médecine favorable


Une position qu’est venue soutenir l’Académie nationale de médecine pour qui « les laboratoires vétérinaires accrédités pour le diagnostic des maladies animales sont capables de réaliser le diagnostic du Covid-19 chez l’Homme en garantissant les mêmes performances que les laboratoires de biologie médicale », estime-t-elle dans un communiqué en date du 30 mars.

Le 28 mars dernier, le gouvernement a annoncé vouloir augmenter les capacités de dépistage en France. Les tests  PCR, doivent ainsi passer de 5.000 par jour la semaine dernière à 12.000 cette semaine, puis 30.000 en avril et 50.000 en mai.


 
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