Coronavirus : "Marcel, j'ai peur !", l'émouvante lettre d'un jeune horloger de Besançon à son arrière grand-père

Julien Humbert-Droz a repris les rênes de l'entreprise familiale. Il a peur de ne pas arriver à faire face lorsque l'orage sera passé. Devant l'épidémie de covid-19, il a voulu absolument préserver la santé de ses salariés. Mais comme beaucoup d'entrepreneurs, il se demande ce que sera demain.

"Marcel, j’ai peur. Il y a plus de 64 ans, tu as créé cette magnifique société d’horlogerie"


Ce sont les premières lignes que Julien a voulu adresser à son arrière-grand-père horloger et dont il a hérité la passion. Vendredi 27 mars, il a publié sur Facebook une lettre à Marcel. Il n'est plus de ce monde Marcel, mais son image imprègne encore chacun des salariés de cette petite entreprise familiale qui perdure depuis quatre générations. Une manière pour lui de poser sur une feuille blanche ses craintes, ses angoisses comme un exutoire à un avenir qu'il sait incertain. L'urgence, aujourd'hui, est de sauver des vies, mais il sait que demain, c'est l'économie qu'il faudra sauver aussi. Comme des centaines de petites entreprises en Franche-Comté, il est très inquiet pour lui et ses employés. Mais il garde foi en un avenir meilleur, car il faudra se relever et continuer de faire vivre l'œuvre de Marcel, son arrière-grand-père, son modèle : "À toi notre fondateur, j’ai peur, mais je ne lâcherai jamais. Julien, ton arrière petit fils".

 

 

"Comme tu le vois depuis là-haut,nous n’avons plus personne dans nos locaux à part deux de tes descendants.
Marcel j’ai peur car je veux que cette belle entreprise fonctionne mais je n’ait aujourd’hui aucune réponse pour mes horlogers qui sont au chômage technique.
Marcel j’ai peur car j’ai préféré leur santé au chiffre d'affaire, mais j’ai quand même les charges à payer.
Marcel j’ai peur car je vois les industriels autour de moi dans le même cas"
.
 

Une entreprise d'horlogerie transmise de père en fils

Humbert-Droz, c'est un nom, une référence de l'horlogerie bisontine. Après Marcel, c'est Jean qui a repris l'entreprise. À 83 ans, il est toujours chaque matin à son bureau pour réparer les montres et les mouvements les plus prestigieux. Cette entreprise qui a su garder un esprit paternaliste dans le sens premier du terme a ensuite été reprise par Frédéric, le petit-fils et enfin Julien qui s'occupe plus particulièrement de la création des nouveaux modèles. 
 


Comme chacun des quinze salariés, Marcel que nous avions suivi en reportage pour sa 70e année au travail, a tout de suite été confiné chez lui. Des petits problèmes de santé ces dernières années en font une personne à risque. Julien, son petit-fils, a tenu a rassurer tout le monde. Il va très bien même si ses mouvements horlogers lui manquent et il aimerait pouvoir aider Frédéric et Julien qui sont les seuls à assurer une présence à l'atelier. 
 


Julien ne baisse pas les bras et travaille seul dans l'atelier avec son père Frédéric sur la prochaine création qui verra le jour, il l'espère pour les fêtes de fin d'années. Cette montre sera un symbole pour tous les salariés. 
 
L'actualité "Économie" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Bourgogne-Franche-Comté
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité