C’est un coup dur pour les guides indépendants de Bourgogne Franche-Comté. La saison touristique, à peine commencée, est déjà compromise. Ils ont donc décidé de lancer des visites confinées sur internet pour redécouvrir le patrimoine le plus proche de nous !
Des visites participatives, à nous de les coller !
Nous avons tous des objets anciens, parfois énigmatiques ou que nos enfants ne connaissent pas. C’est donc l’occasion de faire une chasse au trésor dans nos maisons et si nous avons des lacunes, nous pouvons faire appel aux guides pour nous raconter des histoires. Même chose si un monument ou un détail architectural dans notre rue nous interpellent. Il suffit d’envoyer une photo pour soumettre une énigme.
Pour l’instant, plusieurs thèmes sont prévus, comme la cuisine, le jardin, le grenier ou l’armoire. Il y aura aussi des vidéos sur la Bourgogne-Franche-Comté à Paris, histoire d’être un peu chauvin et de rappeler le rôle de notre région au fil de l’histoire, partout en France !
Des visites confinées de la cave au grenier !
Faute de pouvoir travailler en extérieur, plusieurs membres du collectif des guides indépendants ont décidé d’enregistrer des visites virtuelles postées 3 fois par semaine sur internet pour nous faire voyager à partir d’anecdotes ou d’objets.
Fred Augelon en a ainsi profité pour nous faire replonger dans notre collection de DVD pour retrouver le film « Cyrano de Bergerac » du réalisateur auxerrois Jean-Paul Rappeneau, avec Gérard Depardieu. C’est l’occasion de nous rappeler « qu’en plein cœur de Dijon, une des rues les plus pittoresques, la rue de la Chouette a été choisie parc que c’était un lieu où l’on avait peu d’éléments anachroniques à cacher pour reconstituer un décor du XVIIème siècle». Des cartes postales virtuelles illustrées d’images des endroits évoqués.
Véronique Mangold a enregistré dans son jardin un hommage à nos compagnons et confidents, nos chiens ! Sa place dans nos vies n’a pas du tout été la même au fil de l’histoire. « En témoignent des expressions comme ne pas mettre un chien dehors, être traité comme un chien, être malade comme un chien. Nous pouvons en voir dans nos musées des représentations très différentes. A l’Hotel-Dieu de Beaune, il y a même une jarre d’huile de petit chien censé avoir des vertus thérapeutiques ».
Alexia Papin profite des apéros virtuels pour aller chercher un tire-bouchon dans sa cuisine pour nous rappeler l’histoire de cet objet et du bouchon en liège que nous devons aux anglais ! « L’âge d’or, c’est à partir du XIXème siècle, avec 300 brevets de tire-bouchons déposés. Vous en avez certainement dans vos tiroirs des modèles comme le sommelier, le limonadier ou celui à crémaillère surnommé le Charles-de-Gaulle ! ».
Charlotte Fromont s’est intéressée au jeunes mamans en se penchant sur la saga du biberon Robert, « du nom de l’industriel dijonnais à l’origine du biberon à soupape au XIXème siècle ».
« L’année est foutue »
Pour les guides conférenciers aussi, l’activité a été stoppée brutalement alors que le nombre de réservations était en forte hausse, notamment grâce à l’oenotourisme.« Début mars, on a tous effectué beaucoup de visites, alors que d’habitude l’afflux de touristes commence à partir de Pâques » détaille Charlotte Fromont, spécialiste des circuits vitivinicoles.
Comme les aides de l’état sont prévues pour compenser les pertes par rapport à 2019, les guides n’auront droit à rien, puisque l’an dernier ils avaient beaucoup moins travaillé.
Les perspectives pour la suite inquiètent la trentaine de membre du collectif des guides indépendants. « Nous recevons des annulations pour juin et juillet. Nous espérons un redémarrage, mais pas avant septembre et avec une clientèle locale. Les Américains ne viendront pas. Nos collègues de Provence nous l’ont confirmé. Les croisières avec escale dans leur région sont toutes supprimées jusqu’à fin 2020. Avec la précarisation, accentuée ces dernières années et cette crise, nous sommes nombreux, au moins 40%, à craindre de rester sur le carreau et à penser à trouver une autre voie professionnelle. J’avoue que j’y réfléchis aussi » confie Charlotte Fromont, après une trentaine d’années passées sur la route des grands crus, de Vézelay à Cluny.