Les championnats de football professionnels vont-ils reprendre cette saison ? C'est la question que beaucoup se posent. Du côté du FC Sochaux-Montbéliard, de l'AJ Auxerre et du Dijon FCO, le discours est le même : la santé des joueurs passe avant tout et la confiance en l'avenir demeure. Détails.
Alors que la pandémie liée au coronavirus a entraîné depuis le mois de mars l’arrêt total des compétitions de football nationales et européennes, la piste d’une éventuelle reprise des championnats français se fait de plus en plus pressante, ces derniers jours. Il faut dire que d'importantes sommes d'argent sont en jeu, notamment concernant les droits TV. Canal+ et BeIn, diffuseurs des compétitions, ont tous les deux suspendu le versement des droits TV, qui représentent plusieurs millions d'euros de manne financière pour les clubs.
Du côté de certaines instances, la nouvelle provoque des inquiétudes et des crispations. "Il faut reprendre les championnats, quitte à jouer des matchs en juillet et en août", estimait Bernard Caiazzo, président du syndicat des clubs de ligue 1, sur France Inter, il y a un mois. Du côté de l'UNFP, syndicat de joueurs de football professionnels, on prévient que dans les conditions actuelles, sans assurance d’un plan de reprise viable à tous les niveaux (santé pour les acteurs, économique, calendrier, etc.), "'il ne serait pas raisonnable d’envisager une reprise" (lire le communiqué).
"Les impératifs économiques ne décideront pas pour nous"
En Bourgogne-Franche-Comté, les clubs de football professionnels évoluant en Ligue 2 ou en Ligue 1 sont à peu près tous sur la même ligne : la santé des joueurs et des personnels passe avant l'aspect financier, même si tous subiront évidemment les conséquences économiques de cette crise sanitaire.
Baptiste Malherbe, directeur général de l'AJ Auxerre, le confirme : "La situation sanitaire ainsi que la santé de tout le monde prédominent. Ce sont les conditions sanitaires qui vont décider pour nous. C'est forcément difficile financièrement, comme beaucoup d'entreprises en France. Nous disposons d'une gestion financière qui nous permet de tenir quelques mois. On fait tout pour tenir, mais les impératifs économiques ne décideront pas pour nous. Ce sont les données sanitaires."
Du côté du FC Sochaux-Montbéliard, Samuel Laurent, directeur général, l'annonce clairement : "Je suis totalement opposé à une reprise des championnats, pour une raison simple : je me fie aux médecins et à la situation sanitaire actuelle. La Ligue pousse pour qu'on joue tous les trois jours, à huis clos, les 10 derniers matchs qu'il reste. Le basket arrête, le volley arrête... La Fédération arrête les matchs amateurs. Pourquoi la LFP continuerait ? Ce n'est qu'une question d'argent" lance-t-il.
Un risque de blessures accru
Ce dernier s'inquiète d'abord pour la santé physique et mentale des joueurs, après neuf semaines d'arrêt total de la compétition et des entrainements collectifs. "Nous serons sur neuf semaines de coupure. Et psychologiquement c'est dur aussi, ils sont chez eux, bloqués, avec des équipements restreints. Ce sont des athlètes de haut niveau, qui vivent avec le collectif et le sport intensif. Là, on est sur quelque chose d'inédit. Certains sont un peu déprimés. Ils sont moins bien entraînés fatalement, en bien moindre condition physique, et c'est le cas pour les joueurs de tous les clubs" nous précise Samuel Laurent, qui craint les multiples blessures et les pertes de puissance importantes. Dans ce cas, les clubs seraient, selon lui, bien plus perdants car cela metterait en péril la vente des joueurs, permettant notamment aux clubs professionnels d'atteindre l'équilibre financier à l'issue d'une saison.
Cette crise sanitaire peut elle couler financièrement le FCSM ? Samuel Laurent se veut rassurant. "Nous, on ne va pas tomber en faillite à cause de ça. Cet aspect financier si important pour les droits TV risque de se retrouner sur les clubs les plus fragiles, notamment ceux qui n'ont pas la chance d'avoir un actionnaire impliqué. Ce qui n'est pas notre cas. On va perdre de l'argent, ça c'est clair mais on reste, dans ces conditions, contre une reprise des compétitions" conclut-il.
Au DFCO, on reste confiant
A Dijon, seul club de Bourgogne-Franche-Comté à évoluer en Ligue 1, on refuse de mettre la charue avant les boeufs, malgré la pression financière. "La priorité c'est de se sortir de ce virus. Par équité sportive, je préférerais qu'on finisse le championnat c'est sûr. Maintenant ce ne sont pas les clubs qui décident c'est le covid-19. Il ne faut pas aller plus vite que la musique" nous a expliqué Olivier Delcourt, président du DFCO. Lui aussi craint pour la santé de ses joueurs s'il faut disputer une rencontre tous les trois jours pour rattraper le retard en Ligue 1 et ainsi terminer la saison.
De plus, les conditions de la reprise, si reprise il y a, risquent d'être bien décevantes. "Même si le championnat reprenait, on nous obligerait à jouer des matchs à huis clos et ça ne me fait pas du tout rêver sans public. De plus, un match tous les trois jours... C'est juste qu'au bout de deux matchs, on aura des blessés, et après trois encore plus, et après quatre encore plus... Tous les joueurs ont perdu de la masse musculaire. Il ne faut pas faire n'importe quoi" précise-t-il. Et d'ajouter :"Aujourd'hui, ça me parait compliqué. D'ici fin avril début mai, on en saura plus."
Le Dijon FCO devrait lui aussi pouvoir se relever financièrement de cette épreuve, grâce à des comptes au vert depuis plusieurs années, selon son président : "On fait toujours attention. On ne dépense jamais l'argent qu'on a pas. Je reste confiant et heureusement pour le club, les supporters et les salariés, il n'y a pas ce souci financier qui plane au dessus de nos têtes."